Paris : 107 M€ de budget pour exclure les voitures du quartier de la Tour Eiffel

Annoncé en mai 2019 par la mairie de Paris, le projet de transformation du quartier de la Tour Eiffel, Trocadéro et quai Branly inclus, va devenir réalité dans quelques mois sachant que les travaux devraient débuter à la mi-2022. Anne Hidalgo et ses équipes ont ainsi pour objectif de préparer les Jeux Olympiques Paris 2024 tout en interdisant la circulation des voitures dans la zone citée auparavant. Au total, le budget de ce vaste programme de végétalisation est de 107 M€ et aucune solution alternative n’est proposée pour assurer la mobilité des Franciliens et des Parisiens qui se déplacent en voiture, bien au contraire.

Le projet de végétalisation du secteur de la Tour Eiffel et du Trocadéro (15ème, 16ème et 7ème arrondissements de Paris) est entré, depuis quelques jours, dans une nouvelle phase dite “obligatoire” de consultation en ligne sachant que cette étape s’achèvera le 17 novembre. Une fois les travaux réalisés pour les JO Paris 2024, le pont d’Iéna sera interdit à la circulation, ceci sauf pour les cyclistes, les véhicules de secours et les  transports en commun. Ce n’est pas tout, car la place du Trocadéro sera exclusivement dédiée aux piétons et le quai Branly sera végétalisé !

Tour Eiffeil Paris Trocadéro JO 202

Le chantier qui va débuter l’année prochaine aux abords de la Tour Eiffel entre dans le cadre du Plan Local d’Urbanisme. Baptisé “OnE I”, c’est le projet mené par Kathryn Gustafson (Gustafson Porter + Bowman) qui a été retenu en 2019. Dans le détail, comme l’indique le site internet de la mairie de Paris, “OnE I” inclus de lourdes évolutions pour les zones suivantes : place du Trocadéro, les terrasses de Varsovie, pont d’Iéna, le parvis de la Tour Eiffel, les jardins du Champ-de-Mars, la promenade Bir-Hakeim et la place Jacques-Rueff. A noter que cette dernière, située derrière la Tour Eiffel, sera également rendue au piétons et aux vélos. Pour celles et ceux d’entre vous qui souhaiteraient avoir une vision plus globale du projet, il vous suffit de télécharger son plan “aérien” en cliquant sur : projet quartier Tour Eiffel – Trocadéro 2022.

Tour Eiffeil Paris Trocadéro JO 202

Au-delà d’interdire la circulation au niveau de la place du Trocadéro, du pont d’Iéna et donc de la Tour Eiffel, c’est l’accès même à la capitale qui sera partiellement “amputé” d’une voie de circulation, ceci après les différentes modifications apportées aux voies sur berge. Ainsi, pour reprendre les termes précis du site internet de la mairie de Paris : « le quai Branly sera végétalisé et les trottoirs de l’immeuble Emile-Anthoine seront rénovés afin d’améliorer l’expérience des visiteurs depuis la station de métro de Bir-Hakeim. La chaussée sera plantée de haies et d’arbustes pour protéger les piétons du trafic automobile. » Le quai Branly, déjà surchargé, devrait donc être réduit en termes de taille de voie de circulation, ceci pour faire de la place pour les arbres, les piétons et les vélos. Sachant que suite aux travaux qui vont être réalisés via “OnE I”, la circulation va se reporter vers ce même quai Branly, on peut alors s’attendre à des embouteillages monstres. Précisons que le quai Branly permet de traverser Paris, d’accéder au périphérique pour sortir de la capitale ou, à l’inverse, de rentrer dans Paris. L’image insolite, visible ci-dessous, d’une Porsche 919 (2018) évoluant sur le pont d’Iéna aux abords de la Tour Eiffel sera donc bientôt de l’histoire ancienne. Les JO Paris 2024… c’est demain comme on dit.

Enfin, alors que la ville de Paris devient de plus plus sale (ordures sur la voie publique, mobilier urbain en très mauvais état, trottinettes qui trainent partout, etc..), on peut se poser la question de l’intérêt de débloquer 107 M€ pour la réalisation du projet “OnE I” car, d’autres arrondissements de la capitale auraient bien besoin d’un coup de propre. Mais, lors des JO Paris 2024, ce seront les quartiers “cartes postales” de Paris qui seront mis en avant, pas les autres… D’après un récent sondage mené par l’Ifop pour le compte de l’Union parisienne (UP !), 84 % des parisien(ne)s interrogé(e)s considèrent que leur ville est “sale” et 39 % qu’elle est “très sale”. Voici la présentation vidéo de “OnE I”.

Texte : Frédéric Lagadec

Photos : Porsche, mairie de Paris, Kathryn Gustafson. MIR – Gustafson Porter + Bowman