Audi RS 3 Sportback : l’essayer, c’est l’adopter !

A première vue, il s’agit presque d’une voiture normale, passe partout. Monsieur et Madame Toulemonde ne remarqueront pas au premier coup d’œil qu’il s’agit d’un véhicule d’exception. Ils prendront la nouvelle Audi RS 3 Sportback pour une simple compacte élégante de la firme aux anneaux. Et s’il est un adage qui prend tout son sens dans cette situation, c’est bien que l’habit ne fait pas le moine…

Les yeux avisés des amateurs et amatrices sauront déceler ce qui sommeille sous cette robe trompeuse : un véritable monstre. C’est en effet avec 367 chevaux et 465 Nm de couple que l’Audi RS 3 Sportback revient. Le cru 2015 revendique un gain de 27 chevaux par rapport à la première version de 2011. La bombinette d’Ingolstadt récupère ainsi son titre de compacte la plus puissante du marché, qui lui avait été ravi depuis 2013 par la Mercedes-Benz A 45 AMG qui développe 360 chevaux. C’est l’essai de ce nouveau jouet infernal que nous vous présentons aujourd’hui.

Au premier regard, la RS 3 Sportback reste sobre. Elle subit un lifting qui reprend l’élégance et l’équilibre global de la nouvelle A3. Les lignes sont plus abruptes et plus acérées, les optiques de phares ont été revues, mais cela reste finalement une auto assez consensuelle et classique. Attention, le diable se cache toujours dans les détails ! Cette nouvelle RS 3 Sportback est dotée d’un bouclier avant revu,  de deux gigantesques prises d’air aiguisées en lieu et place des antibrouillards. Ces dernières servent à refroidir moteur et freins. La calandre en alvéole intègre le badge RS 3 ainsi qu’une caméra.

Les phares avant s’affinent et intègrent une barre à LEDs du plus bel effet. Les lignes se durcissent sur le capot et sur des jupes latérales spécifiques. La RS 3 Sportback récupère les jantes en hélice RS. C’est finalement observée de l’arrière que l’on sent le plus que la RS3 n’est pas une auto banale. Outre le becquet intégré au hayon et le badge RS, la compacte reçoit en effet une double sortie d’échappement gargantuesque intégrée à un impressionnant diffuseur. Un dernier indice révélant sa vraie nature ? La RS 3 Sportback possède une carrosserie abaissée de 25 millimètres par rapport à une A3 Sportback classique. Grâce à tous ces éléments, Audi réussit un parfait compromis entre sobriété et sportivité, ce qui plaira certainement aux gentlemen drivers !

En s’installant derrière le volant, c’est exactement la même impression qui nous gagne. La finition est exemplaire, à la hauteur de la réputation Audi. Mais l’habitacle reste également très (voire trop ?) sobre. Alors, où se cache le diable cette fois ? De nouveaux sièges baquets optionnels badgés RS (900 €) sont présents mais restent discrets. Un très beau volant trois branches en cuir et Alcantara, badgé RS, précède les palettes de changement de rapport en aluminium. Mais c’est finalement les surpiqûres et les touches contrastantes de rouge qui font le job. Dernier indice : le tachymètre gradué jusqu’à… 300 km/h ! Nous avons particulièrement apprécié les boutons de la console façon aviation, qui contrastent avec la discrétion du bouton START. On y va ?

Une pression sur ce petit bouton, et le monstre sort de sa torpeur. Jusqu’alors, rien ne nous faisait vraiment douter, et rien ne nous impressionnait plus que ça. La belle était athlétique, certes, mais dans un style tout à fait acceptable. Cependant, au réveil de son cœur à 5 ventricules, un frisson parcourt l’échine et l’excitation nous gagne véritablement. Le 5 cylindres TFSI 2.5 l émet une sonorité rauque formidable, se rapprochant étonnement du son que produisent certains V8. Couplé à la boîte automatique S-tronic 7 rapports à double embrayage, et à une transmission quattro, rappelons que ce moulin développe 367 chevaux et un couple de 465 Nm disponible entre 1625 et 5500 tr/min. Le 0 à 100 km/h est ainsi annoncé en 4,3 secondes pour une vitesse maximale de 250 km/h, relevable à 280 km/h en option (moyennant 1 800 €). Quelle époque, des compactes 5 portes survitaminées viennent challenger les performances de coupés sports tel que la Porsche 911 Carrera de 350 chevaux (4,6 s sur le 0 à 100 km/h) ! Le tout pour un moteur respectant la norme Euro 6, dont les émissions de CO2 ne sont “que” de 189 g/km, et dont la consommation mixte annoncée est de 8,1 l/100 km. Une consommation qui reste relativement raisonnable, même si elle s’est plutôt élevée aux alentours des 12 l/100 km durant notre essai.

En quittant Strasbourg, point de départ de notre chevauchée, le cap est mis sur l’Allemagne. La boîte de vitesses offre deux choix de mode de conduite : Drive et Sport. En Drive, la RS 3 se montre très civilisée et très confortable à mener. Se conduisant sur un filet de gaz, son comportement exemplaire est trompeur : les limitations de vitesses sont rapidement dépassées, il faut rester vigilant ! Ce début de trajet nous a aussi permis de découvrir les différents choix de réglages actionnables par l’Audi Drive Select, agissant sur l’échappement et les suspensions. Quatre configurations sont disponibles : Auto, Confort, Individual ou Dynamic. Le mode Confort atténue véritablement le bruit du moteur, et rend la RS 3 Sportback très sage, ne se remarquant plus par ses borborygmes au milieu du trafic. Les modes Auto et Individual s’adaptent à la conduite en ouvrant davantage l’échappement. Le mode Dynamic durcit les suspensions et ouvre complètement les échappements : un régal ! Sur autoroute allemande (tronçon à vitesse non réglementée), la RS 3 Sportback tient toutes ses promesses. Le 250 km/h est atteint sans aucun problème, et la voiture va bien au-delà !

Regagnant la France et les monts Vosgiens, nous avons ensuite pu jauger du comportement de la bête sur des routes sinueuses. Abandonnant définitivement le mode Drive au profit de la combinaison magique Sport-Dynamic, nous avons ainsi laissé toute la fougue de la cavalerie s’exprimer dans une symphonie de rugissements. La RS 3 Sportback enchaîne les virages avec une agilité déconcertante. La direction assistée progressive, très précise, est efficace et évite trop de mouvements. Le train avant bénéficie d’un excellent appui, renforcé par l’option d’une monte pneumatique plus large à l’avant (255/30) qu’à l’arrière (235/30). La transmission quattro permet en outre un grip à toute épreuve, et l’adhérence n’a ainsi jamais été mise en défaut. La puissance disponible procure des relances à la catapulte, et l’on regrette seulement que la boîte ne soit pas plus prompte à descendre un rapport dans la réaccélération. Ce petit défaut peut cependant être corrigé en mode séquentiel, pour lequel la boîte répond très bien et laisse le conducteur gérer librement les rapports. Un rugissement rageur vous enchante dès que vous tombez le rapport en question, pour mieux faire chanter les 5 cylindres par la suite. Bilan ? Des vallées avalées à des vitesses inavouables et des motards et leur sportive laissés derrière à ronger leur frein, sans forcer et sans transpirer pour autant. Un petit bémol cependant : les freins ont tendance à manquer de mordant et d’endurance. Peut-être est-ce dû au poids de l’auto qui atteint tout de même les 1 520 kg ? Audi semble avoir prévu la faille, car des freins en carbone-céramique seront disponibles à partir de fin 2015 en option.

Pour conclure, la RS 3 Sportback est redoutable de puissance et d’efficacité. Alliant les performances et les sensations d’une supersportive à un design relativement sobre et à la fonctionnalité d’un mini-break compact, l’Audi RS 3 Sportback 2015 a tout pour séduire les jeunes pères fougueux. Ou n’importe qui désirant un véhicule polyvalent dopé aux Watts. A condition cependant d’avoir la bourse bien remplie. Car si le diable se cache dans un dernier détail, c’est bien le prix ! Avec une tarification débutant à 56 900 € et un catalogue d’options long comme le bras, l’Audi RS 3 Sportback reste une voiture d’exception. Notre véhicule d’essai, bien qu’enchanteur, était ainsi proposé au tarif de 66 700 €. Soit 9 800 € d’options comprenant, entre autres, le système de navigation, l’Audi Connect, la sortie d’échappement Sport RS, l’Audi Magnetic Ride, un système son Bang & Olufsen, les jantes 19’’ en hélice noir anthracite et les sièges baquets RS. Séduit(e) ? Rendez-vous en juin dans les concessions !

Texte, essai et photos : Guillaume Ingelaere.

Publié par
Frédéric Martin

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