Luca de Meo : ses vérités sur les voitures électriques chinoises dans une “lettre à l’Europe”

Luca de Meo (CEO Renault Group – CEO Ampere) lance un plaidoyer aux représentants européens, ceci à quelques semaine des élections du Parlement européen (du 6 au 9 juin 2024). Dans sa “lettre à l’Europe”, le haut dirigeant de Renault Group dresse un bilan du marché et de l’industrie automobile, tous deux liés aux voitures électriques. Aujourd’hui, les constructeurs automobiles européens “n’ont pas les armes” pour lutter contre l’effet, que nous qualifierons de “suprématie”, mené par la Chine. Rappelons que Luca de Meo est, aussi, le président de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). La “lettre à l’Europe” rédigée par Luca de Meo est à télécharger, gratuitement (format pdf), dans cet article

LETTRE A L’EUROPE LUCA DE MEO – VOITURES ELECTRIQUES CHINOISES

Dans sa “lettre à l’Europe” de 20 pages, Luca de Meo rappelle que l’industrie automobile européenne des voitures électriques représente 13 millions de salariés. Face aux constructeurs automobiles chinois, et aux voitures électriques chinoises, ces mêmes 13 millions d’emplois pourraient être mis en danger. En effet, faut-il rappeler que la Chine a misé, plus tôt que l’Europe, et à coups d’énormes subventions, sur les voitures électriques ? De plus, en Chine, inutile de préciser, ou presque, que les coûts de fabrication sont beaucoup moins élevés qu’en Europe. Ci-dessous, en photo, la BYD SEAL “made in China”.

Luca de Meo Lettre à l'Europe voitures électriques chinoises Renault Group

En Chine, les voitures électriques “se vendent comme des nems”, même si les nems sont originaires du Vietnam, bref. En chiffres, sur le seul marché automobile local de la Chine, cela donne 8,5 millions de voitures électriques vendues en 2023. En-dehors de ses frontières, c’est 35% de voitures électriques chinoises exportées sur l’ensemble de la production mondiale et 60% des ventes mondiales. Quant à l’Europe, elle a du mal, depuis quelques mois, en matière de ventes de véhicules électriques et doit donc faire face à une Chine qui a pris de l’avance tout en étant ultra-compétitive sur le plan tarifaire.

Tel un “cri d’alarme”, Luca de Meo, présente sept recommandations qui pourraient permettre à l’Europe de mieux faire face à la Chine :

  1. Définir une stratégie industrielle européenne
  2. Mettre toutes les parties prenantes autour de la table
  3. En finir avec le système actuel d’empilement des normes
  4. Adopter une approche horizontale et non plus seulement verticale
  5. Rebâtir des capacités d’approvisionnements en matières premières
  6. Inventer un modèle économique et industriel hybride, de défense puis d’attaque
  7. Ne par remettre en cause le «Green deal »

Luca de Meo note, six défis que l’Europe doit aussi relever, face aux voitures électriques chinoises :

  1. La décarbonation
  2. La révolution digitale
  3. Les réglementations
  4. La volatilité technologique
  5. La volatilité des prix
  6. La formation des salariés

Luca de Meo ne s’est pas arrêté là, car il propose, aussi, dix projets ambitieux pour l’Europe, concernant les voitures électriques :

  1. Promouvoir les petites voitures électriques européennes
  2. S’attaquer à la livraison du dernier kilomètre
  3. Accélérer le renouvellement du parc automobile européen
  4. Développer des infrastructures de recharge et la technologie V2G
  5. Atteindre la souveraineté concernant les approvisionnements des matières premières critiques
  6. L’Europe doit être compétitive ne matière de semi-conducteurs
  7. Standardiser le software
  8. Travailler le secteur du métaverse industriel
  9. Unifier le recyclage des batteries
  10. Booster le potentiel de l’hydrogène (pile à combustible)

Luca de Meo Lettre à l'Europe voitures électriques chinoises Renault Group

Enfin, pour Luca de Meo, il faut aussi prendre en compte l’industrie des voitures électriques “made in USA”. Là-bas, le marché est stimulé, par le gouvernement américain. Alors, l’Europe, et les Etats-Unis, peuvent-ils vraiment résister aux voitures électriques chinoises ? Pas à court terme, sachant que les ventes ne sont pas au beau fixe, de nombreux constructeurs relançant ainsi, le développement de blocs thermiques pour vendre plus des hybrides rechargeables. Enfin, la date fatidique de 2035 sera-t-elle revue par Bruxelles ? C’est fort probable…

La rédaction

Photos : Renault et LesVoitures.com