L’avertissement est d’autant plus grave que la filière de l’industrie automobile française représente encore 350 000 emplois directs répartis sur près de 4 000 sites industriels en France, avec des groupes historiques comme Renault, Peugeot et Citroën (aujourd’hui intégrés au groupe Stellantis), mais aussi des équipementiers tels que Valeo, Faurecia ou Plastic Omnium. Or, tous sont confrontés à une double pression qui accentue, depuis des mois, la crise du secteur de l’automobile : d’un côté, « la contraction sans précédent du marché », de l’autre, « la concurrence par des acteurs extra-européens« , en particulier les constructeurs automobiles chinois comme BYD, MG (SAIC Motor) ou Nio, qui inondent le marché automobile européen de voitures électriques compétitives.
Le rapport sénatorial, qui formule 18 recommandations pour endiguer la crise de l’industrie automobile, insiste sur l’urgence d’une réaction coordonnée à l’échelle nationale et européenne. Parmi les mesures phares figure la demande de repousser la date butoir de 2035, prévue par l’Union européenne, pour l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves. Selon les auteurs, cette échéance « fragilise les constructeurs européens pris en étau » entre un marché en repli et « les investissements colossaux » nécessaires pour basculer vers l’électrique. Les sénateurs rappellent que le coût de développement d’une nouvelle plateforme 100 % électrique se chiffre en milliards d’euros, et que les marges des constructeurs français, déjà inférieures à celles de leurs concurrents allemands comme Volkswagen, BMW ou Mercedes-Benz, ne permettent pas d’absorber un tel choc sans soutien massif.
Autre point central : la souveraineté industrielle. Aujourd’hui, 80 % des batteries utilisées en Europe proviennent d’Asie, principalement de Chine et de Corée du Sud, via des géants comme CATL, LG Energy Solution ou Samsung SDI. Cette dépendance est jugée intenable. Le rapport préconise « l’imposition d’un contenu local à 80 % pour les véhicules vendus en Europe, avec un objectif d’au moins 40 % de batteries produites localement en 2035 ». Il appelle également à « l’instauration de droits de douane sur les véhicules électriques chinois, au moins équivalents à ceux appliqués par la Chine ».
Les sénateurs insistent aussi sur la nécessité de développer rapidement des gigafactories européennes capables de produire des cellules de batteries en masse. Des projets existent déjà, comme ceux de Northvolt en Suède, de Verkor à Dunkerque ou encore de ACC (Automotive Cells Company), coentreprise entre Stellantis, Mercedes-Benz et TotalEnergies, mais leur montée en puissance reste lente face à l’avance asiatique.
À court terme, le rapport recommande d’harmoniser les politiques de soutien à la demande au niveau européen, de créer un diagnostic batterie certifié obligatoire pour structurer le marché de l’occasion électrique, et de mettre en œuvre une stricte neutralité technologique, afin de ne pas exclure prématurément des solutions hybrides ou alternatives comme l’hydrogène.
À plus long terme, pour éviter une crise d’ampleur pour le secteur de l’automobile en France, les sénateurs plaident pour un plan national et européen d’accompagnement des équipementiers, dont beaucoup risquent de disparaître faute d’adaptation. Ils demandent aussi une baisse du coût du travail et du prix de l’électricité en France, jugés trop élevés par rapport à l’Allemagne ou à l’Espagne, afin de restaurer la compétitivité industrielle. Enfin, ils insistent sur la nécessité de soutenir la recherche, notamment via le crédit d’impôt recherche (CIR), et de favoriser la production de petits véhicules abordables, un segment stratégique où les marques françaises comme Renault Clio, Peugeot 208 ou Citroën C3 pourraient encore jouer un rôle majeur face à la montée en puissance des modèles chinois d’entrée de gamme.
Enfin, en filigrane, ce rapport met en lumière une vérité brutale : sans un sursaut immédiat, l’automobile française, jadis fleuron industriel et symbole d’innovation, risque de suivre le même chemin que la sidérurgie. Les sénateurs appellent à une mobilisation générale face à cette crise qui frappe le secteur de l’automobile dans sa totalité, rappelant que l’avenir de centaines de milliers d’emplois, mais aussi la souveraineté technologique et énergétique de l’Europe, sont en jeu.
La rédaction
Photos : Renault et Stellantis
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