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E-car : l’UE lance le projet de kei cars européennes électriques à moins de 15 000 €

Face à la montée des prix des véhicules neufs, à la disparition des mini-citadines et à la pression concurrentielle venue de Chine, l’Union européenne amorce un virage stratégique. L’objectif : créer une nouvelle catégorie automobile, baptisée E-car, pour permettre la production de petites voitures électriques à moins de 15 000 €, conçues et assemblées en Europe. Ce projet s’inspire directement du modèle japonais des kei cars, ces véhicules ultra-compacts, économiques et adaptés à la ville, qui ont façonné le paysage automobile nippon depuis les années 1950.

L’annonce officielle du projet E-car, autrement dits de kei cars européennes, est intervenue le 10 septembre 2025, lors du discours sur l’état de l’Union prononcé par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Cette déclaration fait suite à une étude confiée au cabinet EY par la Commission, visant à définir une catégorie réglementaire intermédiaire entre les quadricycles motorisés (L6/L7) et les voitures particulières (M1). L’objectif est clair : permettre aux constructeurs automobiles européens de proposer des véhicules électriques ultra-compacts, à la fois légers, simples, et accessibles, tout en respectant des normes de sécurité essentielles. Ces dernières seront donc appliquées aux E-cars.

Ainsi, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a déclaré :

« Nous proposerons de travailler avec l’industrie sur une nouvelle initiative relative aux voitures abordables et de petite taille. »

Historiquement, les constructeurs européens tels que Renault, Peugeot, Fiat, Volkswagen, etc., ont dominé le segment des citadines urbaines. Mais l’évolution réglementaire, notamment les normes GSR 2 imposant des aides à la conduite et des dispositifs de sécurité avancés, a fait exploser les coûts de production. À cela s’ajoute le surcoût des motorisations des voitures électriques, alors que l’interdiction des moteurs thermiques et hybrides neufs est prévue pour 2035.

Résultat : le segment A s’effondre. Les modèles comme la Renault Twingo, la Peugeot 108 ou la Citroën C1 ont disparu, et les rares survivants affichent des tarifs bien supérieurs à 15 000 €. Lors du Salon de Munich 2025, Jean-Philippe Imparato, directeur des opérations européennes de Stellantis, a rappelé :

« Avant les règles d’homologation de 2018, un million de mini-citadines étaient vendues en Europe à moins de 15 000 €. Maintenant, nous sommes à 90 000. »

Les kei cars japonaises, limitées à 3,40 m de long, 1,48 m de large, et 64 ch, sont conçues pour répondre à des critères fiscaux et urbains stricts. Elles peuvent être thermiques ou électriques, et leur philosophie inspire aujourd’hui l’Europe. Ursula von der Leyen a ajouté : 

« Je pense que l’Europe devrait avoir sa propre voiture électrique. Avec un E aussi pour environnementale : propre, efficace et légère. Avec un E pour économique : à un prix abordable. Avec un E pour européenne : construite ici en Europe, grâce à des chaînes d’approvisionnement européennes. »

Le projet européen E-car vise une adaptation de ce format, avec des véhicules 100 % électriques, bridés en puissance et en taille, mais conçus pour répondre aux besoins urbains. Le groupe de recherche Gerpisa a proposé deux sous-catégories :

  • M0 : puissance maximale de 54 ch, sécurité active limitée, interdite sur autoroute
  • M1 ASEV : puissance maximale de 68 ch, sécurité active équivalente aux M1, autorisée partout

Dans les deux cas, les E-cars, ou les kei cars européennes, ne devraient pas dépasser 3,80 m de long et 1 000 kg, batterie incluse. Ces spécifications permettraient de contenir les coûts et de viser un prix d’entrée inférieur à 15 000 €.

La montée en puissance des constructeurs automobiles chinois comme BYD, MG ou encore Leapmotor, inquiète les industriels européens. Grâce à des subventions massives, ces marques proposent des voitures électriques à prix cassés, souvent produites en Chine, comme la Dacia Spring à 16 900 €. La Commission européenne a ouvert une enquête sur ces pratiques, jugées contraires aux règles de l’OMC. Ursula von der Leyen a ainsi martelé :

« Des millions d’Européens veulent acheter des voitures européennes à des prix abordables. Nous devrions donc également investir dans des véhicules abordables et de petite taille. »

Dans ce contexte, Honda prépare activement l’arrivée de sa N-One e:, une citadine électrique directement issue de sa gamme de kei cars. Présentée au Japon en juillet 2025, cette version électrique reprend le design rétro de la N-One thermique, avec des phares circulaires inspirés de la Honda N360 et un bandeau noir dissimulant les prises de recharge.

La Honda N-One e: affiche une autonomie de 270 km selon le cycle japonais WLTC, et intègre la technologie V2H (Vehicle-to-Home), permettant de redistribuer l’électricité vers une habitation. Son format compact (environ 3,40 m de long) et son intérieur minimaliste, sans écran central tactile, en font une candidate idéale pour le segment des E-cars européennes.

Honda a présenté une version adaptée aux standards européens, baptisée Super EV, lors du Festival of Speed de Goodwood. Ce prototype arbore des élargisseurs d’ailes, une largeur portée à 1,60 m, et une motorisation de 64 ch pour 162 Nm, conforme aux limites envisagées pour les E-cars.

Une réunion stratégique sur le projet E-Car, entre les représentants de la Commission européenne et les constructeurs automobiles, est prévue à Bruxelles le 12 septembre 2025. L’objectif : définir les contours réglementaires de cette nouvelle catégorie des E-Cars, et accélérer le développement de key cars à l’européenne, capables de répondre aux enjeux économiques, écologiques et industriels du continent.

L’E-car européenne ne sera pas une simple copie des kei cars japonaises, mais une adaptation intelligente à la réalité du marché automobile européen. En misant sur des voitures électriques ultra-compactes, abordables et produites localement, l’UE espère relancer un segment en déclin, tout en résistant à la pression asiatique. Les marques comme Renault, Stellantis, Volkswagen et Honda sont déjà sur les rangs. Reste à voir, d’ici quelques années, si les promesses politiques se traduiront en modèles concrets sur nos routes.

La rédaction

Photos : Nissan, Honda et Suzuki

Publié par
Frédéric Martin

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