Cette campagne de communication, volontairement décalée, intervient dans un contexte préoccupant. En juillet 2025, la Cour des Comptes a publié un rapport accablant sur l’état du réseau routier national. Le document pointe du doigt une stratégie de maintenance insuffisante, des moyens budgétaires trop limités et une absence de vision politique à long terme. Face à ce constat, Vialytics entend “provoquer le débat public et politique” en installant ses panneaux à proximité de chaussées dégradées, dans des zones à forte visibilité. L’objectif est clair : interpeller les citoyens et les élus sur l’urgence d’une revalorisation de l’entretien routier. Comme le souligne Patrick Glaser, CEO et co-fondateur de Vialytics, “notre objectif est clair : faire réfléchir, provoquer des réactions et remettre en question la manière dont on gère les infrastructures publiques. Il est temps d’agir avant que plaintes et accidents ne deviennent les seuls déclencheurs d’intervention”.
La région Île-de-France illustre parfaitement les enjeux soulevés par cette campagne. Selon le rapport de la Cour des Comptes publié fin juillet, les 621 km de routes nationales non concédées de la région sont dans un état critique. Gérés par la DiRIF (Direction des routes d’Île-de-France), ces axes supportent un trafic parmi les plus denses d’Europe, avec plus de 4 millions d’usagers quotidiens et certains tronçons dépassant les 200 000 véhicules par jour.
Au-delà de l’Île-de-France, le récent rapport de la Cour des Comptes dresse un tableau sombre de l’état des routes françaises. Le vieillissement des infrastructures, le manque de données fiables sur les couches de roulement, et la baisse relative des investissements dans l’entretien routier ont conduit à une situation où les interventions se font souvent dans l’urgence, après signalement ou accident. Les ponts communaux sont aussi à l’abandon en France, comme le démontre une autre récente étude menée cette fois par le CEREMA.
La campagne “Priorité aux nids-de-poule” s’inscrit donc dans une volonté de sensibilisation directe. En détournant les codes visuels de la signalisation officielle, Vialytics cherche à raison, à provoquer une prise de conscience collective. L’entreprise espère que cette action, bien que symbolique, incitera les pouvoirs publics à revoir leurs priorités en matière d’infrastructures.
Si l’humour et l’ironie sont les ressorts de cette campagne, le message qu’elle porte est grave. L’état des routes n’est pas seulement une question de confort de conduite : il touche à la sécurité des usagers, à la durabilité des infrastructures et à la responsabilité des collectivités. En ciblant les zones les plus touchées et en s’appuyant sur des données concrètes, Vialytics entend amorcer un dialogue entre citoyens, élus et gestionnaires de voirie, sachant que l’État français doit vite réagir au lieu de penser à légaliser a posteriori, les ralentisseurs illégaux ou de signer des contrats avec des prestataires privés pour augmenter le nombre de voitures-radar privées sur nos routes !
Enfin, la France, qui s’est engagée dans une transition écologique ambitieuse, ne peut ignorer que la qualité de ses routes est un pilier essentiel de la mobilité durable. Sans un plan d’investissement massif et une stratégie de maintenance cohérente, les “nids-de-poule” risquent de devenir le symbole d’un réseau à l’abandon.
La rédaction
Photos : Vialytics, CEREMA et LesVoitures.com
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