C’est donc dans cet état d’esprit que nous avons pris la route au volant de ce sublime monstre bleu en direction de Calais. Il est évident que la flopée de chevaux sauvages présents sous le capot était un peu à l’étroit jusqu’à la sortie de Paris, mais, dès que le trafic s’est un peu allégé, nous avons pu, dans la limite du raisonnable, faire parler « doucement » la poudre. Une fois toutes les assistances retirées, c’est une violente propulsion qui prend le relais à l’image du mythe des muscles cars. Et cela avec un élément non négligeable en plus : un châssis des plus aboutis. Les sensations au freinage donnaient à découvrir un train avant digne de ce nom. Un réel plaisir qui nous a accompagné jusqu’au tunnel sous la manche puis vers l’usine Ford en Angleterre. Autant vous dire que nous avons eu le temps de chercher les points négatifs de cette bête … Nous cherchons encore !
Mais l’heure était venue de rejoindre ce bâtiment emblématique datant des années 1930 environ. Un lieu bel et bien chargé d’histoire de par son architecture mais également par ce qu’il abrite. C’est ainsi que nous découvrons non pas un musée mais un véritable atelier avec une patine et des odeurs réelles, dans lequel les autos ne sont pas éloignées derrière des barrières, mais simplement protégées par des bâches en plastique que nous pouvions soulever à souhait. De quoi nous placer en ce lieu comme de véritables enfants dans un magasin de jouets. L’histoire de la marque à l’ovale bleu se déroule devant nous entre anciens modèles de compétition, châssis #1 et autres pièces uniques.
Tout est là pour nous éblouir sans compter sur l’équipe en charge de cette « Caverne d’Ali Baba » qui n’est pas avare en anecdotes croustillantes qui nous sont contées telles de véritables histoires au sein desquelles nous aurions probablement souhaité nous retrouver. Par exemple, lors de l’homologation de la Ford Escort MK2 en groupe 4, qui aura, précisons-le, nécessité de sacrés tours de « passe-passe » pour faire croire à l’expert de la FIA que les 500 boîtes de vitesse à 5 rapports nécessaires de chez ZF étaient bien construites et dispatchées entre deux sites alors que seulement 250 étaient prêtes et ont simplement été déplacées.
De situations loufoques en découvertes invraisemblables, nous avons déambulé entre toutes ces perles jusqu’à nous arrêter à l’arrière du diabolique SuperVan équipé pour l’occasion d’un V6 turbo de chez Cosworth. Une expérience acoustique à couper le souffle ! Cependant, si ce musée laisse transpirer une certaine vie à travers tous ces modèles emblématiques, les voir rouler nous chatouillait sérieusement. Une aubaine lorsque la liste des véhicules prêts à sortir nous a été donnée. Le rendez-vous était donc pris pour le lendemain sur le tracé de la piste d’essais Ford.
C’est donc sans mal que nous sommes sortis de notre lit sous une météo en phase avec la tradition britannique. Un temps humide idéal pour découvrir sur un parcours routier les différentes générations de Ford Fiesta, Focus, Racing Puma, Capri Brookland et bien d’autres. Un essai qui nous a plongés le temps d’une petite heure dans un cadre « spatio-temporel » saisissant. Imaginez donc, nous sommes passés en l’espace de quelques minutes du volant d’une Ford Fiesta XR2i au comportement digne des plus étranges GTI des 80’s à celui de la violente Focus RS de première génération avec son autobloquant au pourcentage purement « dingue » pour un véhicule de série, pour ensuite revenir dans une Capri au V6 rond et majestueux avant de découvrir la boule de nerfs qu’est la Racing Puma avec son châssis digne d’une Super 1600, soit l’un des moments automobiles les plus instructifs qu nous aillons connu.
Mais le rêve ne s’arrêtait pas là, la piste d’essai et les modèles les plus violents nous attendaient. Pour faire simple, la légende des RS500, Sierra ou Focus de leur petit nom nous aura offert un lot de sensations indéniable sur un « banking » détrempé qui n’inspirait pas vraiment la confiance. Un bon apéritif avant de goûter aux perles de cet arsenal qui se constituait de trois véhicules. Tout d’abord l’essai de la Ford Fiesta RS MK2 victorieuse sur le rallye Londres Mexico aux mains de Monsieur Mikkola en personne. La magie du petit 4-cylindres au tempérament plus que rageur nous aura envoûté malgré des vitesses de pointe réduites à cause de la boîte de vitesses très courte. Nous sommes ensuite passés dans le baquet de la tristement célèbre RS200 à la carrière écourtée en Groupe B suite à un accident qui aura marqué l’histoire du championnat du monde des rallyes. Un monstre de puissance équipé d’une boite de vitesses à crabot extrêmement pointue accouplée à un moteur central et quatre roues motrices qui offrent un équilibre insoupçonné à cette machine de guerre.
Et si notre palpitant en arrivait à ses derniers retranchements, il fallait malgré tout tenir le coup pour le clou du spectacle : la GT40 en configuration 1966 évoquant le triplé de la même année. C’est ainsi que nous sommes entrés dans un monde parallèle. La position dans l’habitacle, le V8 surpuissant juste derrière les sièges, la chaleur omniprésente, les odeurs d’essence et d’huile qui nous ont accompagnés à des vitesses folles frôlant les 300 km/h, un tout qui offre la définition parfaite de ce que doit être une voiture de course.
C’est donc après cette affluence d’émotions que nous avons dû reprendre la route de nuit vers Paris en profitant une fois de plus de notre TGV bleu ciel qui nous aura ravis jusque dans les dernières secondes d’utilisation lorsque nous manœuvrions juste avant de rendre les clés. Une symphonie magnifique en guise de générique de fin pour ce film à travers le temps auquel nous avons pu participer. Retrouvez d’autres photos de ce voyage mécanique dans le temps ci-dessous.
La rédaction
Photos : LesVoitures.com
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