En 1955, au Salon de Paris, la Citroën DS a bouleversé le monde : carrosserie profilée, design de Flaminio Bertoni, ingénierie d’André Lefèbvre, technologies en avance d’une génération. Suspension hydropneumatique, direction assistée, freins assistés, puis projecteurs directionnels (sur DS 21/23), une stature d’icône, autant sur route que dans l’histoire industrielle française. En ce jour d’Halloween, ce cimetière de DS résonne comme un mauvais film d’horreur pour les passionnés de la marque aux chevrons.
En 2025, ses 70 ans devraient être célébrés avec ferveur. Mais dans cette clairière, c’est la mémoire qui s’effrite : peintures ternies, pavillons affaissés, tableaux de bord criblés de poussière. Le patrimoine automobile français se délite quelque part, loin des salons et des concours, au rythme lent et inexorable de la végétation.
Les clichés qui accompagnent cet article ont été pris il y a quelques années. Aujourd’hui, cette forêt a peut‑être été nettoyée. Ce site pourrait avoir changé, ou avoir été débroussaillé. Quoi qu’il en soit, à l’époque, l’endroit tenait du film d’horreur : DS Pallas immobilisées sur des jantes enfoncées, châssis rongés, faune à travers les cloisons, pare‑brises opacifiés par des filaments de lichen.
Certaines DS Bleu Delta semblent nous regarder, phares vides pour orbites, capots entrouverts comme des sternums. Il ne manque que les citrouilles d’Halloween. Le lieu urbex est tenu secret, volontairement. Pas d’adresse, pas de carte, pour éviter les pillages, la cannibalisation de pièces et autres actes de vandalisme. Ces voitures sont déjà des défaites poignantes ; elles ne doivent pas devenir des proies.
Sous le vernis des légendes, la matière s’effondre. Peintures craquelées, blisters et coulures, métal laminé par la corrosion, câbles devenus racines. L’hydraulique, cœur battant de la Citroën DS, se fige : sphères HS, conduites de LHM cuites par le temps, correcteurs d’assiette immobiles. La rouille apparaît alors comme un lien direct avec la couleur d’Halloween.
Les intérieurs sont des chambres funéraires : tissus imbibés, banquettes spongieuses, compteurs figés sur des kilométrages fantômes. Sous les coques, la terre remonte, engluant les trains roulants, dévorant les berceaux avant et longerons.
Toutes ces Citroën DS ne sont pas irrémédiablement perdues. Certaines coques tiennent encore, ouvrants alignés, traverses relativement saines ; mécaniques certes muettes, mais restaurables pour qui sait écouter. Pourtant, l’équation demeure cruelle : main‑d’œuvre, ressources, pièces d’origine, temps. Et, surtout, l’accès : ce cimetière n’est ni un musée, ni une casse ; c’est un site urbex sensible où la discrétion est une règle d’or.
Enfin, Il y a quelques années, à La Ferté‑Vidame, le « Rassemblement du Siècle« a fait étinceler des centaines de Citroën DS sous le soleil. Ici, l’autre face du mythe : ombres, froid, silences. Entre ces deux réalités, la même histoire : celle d’une voiture qui a réinventé la modernité, et qui mérite, à 70 ans, qu’on la protège, qu’on la sauvegarde, qu’on la raconte, même quand la nature, plus forte, dicte le dernier chapitre tel un conte d’Halloween.
La rédaction
Photos : Urbex 79
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