Jeep, dont l’insolence de la croissance des ventes en énerve plus d’un, lance en juillet un nouveau modèle, le Compass. S’intercalant entre le petit Renegade et le gros baroudeur Cheerokee/Grand Cheerokee, il compte bien se tailler la part du lion dans le segment des SUV compacts. Reportage dans la région de Lisbonne pour savoir ce qu’il vaut.
On a tous en tête des films et des événements qui ont forgé notre imaginaire. Ainsi et, à quelques jours près, nous essayions le nouveau Jeep quasiment le 6 juin, jour de commémoration du débarquement en Normandie. Jeep, Jeep… Même si l’on n’est sûr de rien, il est une histoire qui plaît à votre rédacteur. Jeep proviendrait de l’association de 2 lettres, le G et le P, prononcés à la sauce Colonel Vandernoot (John Wayne) dans le film « le jour le plus long » et qui donne « Gii Piii ». GP pour general purpose, tous usages, le 4X4 était né.
Comble de l’ironie, on nous octroie un Compass vert Jeep quasi original, le côté nacré en plus. Départ donc de Lisbonne pour une route qui longe la côte avant d’arriver en plein parc de Sintra.
En milieu urbain, le Compass se comporte agréablement bien, les sièges maintiennent très correctement, la position de conduite, sans être parfaite, est très correcte, l’insonorisation est également de bonne facture : de quoi se concentrer sur l’intérieur même du véhicule.
Que ceux qui n’ont jamais fait de rapprochements grossiers entre voitures américaines et finition en toc me jettent la première pierre. Nous sommes chez Jeep et pas dans un Range Rover, la qualité de finition est correcte, voire bonne par endroits mais n’égale pas, loin s’en faut, les critères germaniques. A noter cependant, une hausse constante dans la qualité des finitions et des assemblages, le mariage avec Fiat y étant peut-être pour quelque chose.
Sur la route qui longe le bord de mer, on cruise tranquillement, on profite des multiples connectivités offertes tout en jouant avec l’écran tactile. Notre version d’essai disposait du 2.0 l Multijet de 170 ch qui, sans être un foudre de guerre, emmène les 1 615 kilos à vide de notre Compass sans trop de problèmes. Seules les relances fortes sur autoroute mettent en avant les limites des 170 ch. A ce propos, un essai ultérieur de la version de 140 ch nous satisfera presque tout autant au point de se demander si les 30 ch supplémentaires ont un réel intérêt.
Les kilomètres défilent dans une ambiance de vacances, fenêtres ouvertes, malgré la présence de la climatisation bi-zone de série, dès la version longitude business, nous sommes à notre aise et seul le passage des vitesses géré comme il se doit par la boîte à neuf rapports nous sort de notre quiétude. Pour résumer, le Compass vous emmènera là où vous le souhaiterez, en famille et ce, dans un parfait confort.
Comme nous l’évoquions plus haut, une Jeep, c’est avant tout un franchisseur, un baroudeur. Si l’excitation de franchir des trottoirs est votre quotidien, préférez le Renegade qui est terriblement urban proof. Si le franchissement est votre passion, chez Jeep on s’oriente vers un Cheerokee ou, mieux encore, vers un Wrangler. Mais si vous avez besoin d’un SUV tous les jours et que le week-end vous souhaitez sortir des sentiers battus, le Compass saura pleinement vous satisfaire !
Passons les versions Sport, Longitude et Business qui sont en fait un séquençage du catalogue d’options, pour s’intéresser à la version « Trailhawk ». Cette version fait tout simplement passer votre véhicule d’un SUV à un 4X4 doté de réelles capacités de franchissement. Au menu : transmission active qui peut faire passer 100% du couple sur une roue, plaques de protection, suspension revue à la hausse, jantes et roues taillées pour le franchissement, aide à la descente, crochet de remorquage et gestion de la motricité via 5 modes dont le « rock » qui fait grimper aux rochers la voiture. A cela s’ajoute un découpage particulier de l’avant et de l’arrière du véhicule afin que ce dernier ne frotte pas lors des passages périlleux.
Chez Jeep, on sait faire des 4X4 et on aime le montrer. Rendez-vous donc au cœur du parc de Sintra, dans la montagne, pour pratiquer le terrain. Un parcours off-road nous attend car jusqu’à présent nous n’avons pas eu l’opportunité de sortir du goudron. Plusieurs kilomètres de pistes complètement défoncées nous attendent avec deux axes majeurs : faire la preuve que, non seulement un Compass ça grimpe bien, même très bien, mais aussi que ça sait descendre tout seul des espèces de lits de rivières asséchés. Car oui, le lieu est plus que rempli de cailloux, que dis-je, de péninsules de granit. Vous connaissez le Sidobre? Eh bien, la configuration du terrain est quasiment la même sauf que nous sommes en montagne.
Bluffant ! Le mode « Rock » associé à la transmission active se jouerait presque des rochers; l’électronique aidée de la mécanique ou l’inverse fait passer le Compass partout, le conducteur baigne dans l’optimisme tant il est sûr que la voiture s’en sortira. Pour ce qui est de l’aide à la descente que nous avions pu déjà tester sur le Ford Ranger, c’est tout simplement sidérant. Imaginez-vous dans une attraction de luna park dans un chariot qui s’apprête à plonger dans le vide, vous retenez votre souffle en faisant tout reposer sur la technique. Avec le Jeep, c’est la même chose : tout est sous contrôle, l’électronique règle et gère la répartition du couple, de la vitesse, du freinage afin que la voiture descende toute seule et dans les meilleures conditions. Il vous incombe seulement de tourner le volant pour positionner le 4X4 où vous voulez.
Cette version « Trailhawk », la plus aboutie, nous apparaît comme étant la vraie Jeep Compass, la quintessence même de l’esprit d’aventure et de baroudeur. Sachez qu’elle n’existe qu’avec le plus gros moteur diesel de 170 ch et uniquement en boîte automatique à 9 rapports.
Pour ceux qui se sentent tout de même l’âme d’un aventurier mais sans pratiquer, le Compass sera proposé avec deux motorisations essence de 140 et 170 ch, ainsi qu’avec trois motorisations diesel de respectivement, 120, 140 et 170 ch, les tarifs s’étalant de 24 950 € à 41,650 €. Très bien doté dès la version d’appel (aide au démarrage en côte, alerte de franchissement de lignes, frein électrique, système anti-collision et anti-louvoiement et anti-patinage aux quatre roues, notamment), il peut se compléter moyennant un passage aux gammes supérieures d’un écran tactile de taille supérieure, d’un système anti-retournement, du démarrage sans clef, d’un système de connexion ainsi que d’un ingénieux système qui gare tout seul le véhicule.
Concernant les consommations, en usage mixte on arrive à quasi 7,0 l/100 km annoncés pour le plus gros moteur essence (ce qui nous paraît très optimiste) mais à 4,4l/100 km pour la version diesel de 120 ch, ce qui nous semble cohérent. Pour ce qui est du malus, seule la version diesel de 120 ch en est exemptée mais il faudra compter 353 € pour le diesel 140 ch qui devrait représenter la majorité des ventes, et même 2 773 € pour le 170 ch essence.
Le Renegade vous paraît trop « féminin » en définition et en usage? Le Cheerokee est too much? Le Compass sera donc être le parfait mélange des genres sans pour autant ne rien renier de ses deux frangins. Une réussite qui pourrait être parfaite si des « chignoleurs » de la finition s’en étaient mêlés.
Texte, essai et photos : Charles Oulan
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