La famille Peugeot a été précurseur en matière de conservation et de valorisation du patrimoine de l’entreprise en créant l’association « L’Aventure Peugeot » et son musée dans les années 1980. Indépendante juridiquement du constructeur, elle a assuré jusqu’à maintenant des évènements aussi importants que l’anniversaire des 200 ans de la marque en 2010. Mais aujourd’hui, un vent nouveau souffle sur cette association.
Sous la houlette de son président, Xavier Peugeot, un nouveau Directeur Général Xavier Crespin a été nommé et les marques y sont désormais regroupées pour devenir l’Aventure Peugeot-Citroen-DS en reflet du fonctionnement du Groupe (à quand Opel et Ambassador ?).
La vision affichée par Xavier Crespin est claire : offrir un maximum de services au passionné, valoriser ce patrimoine au bénéfice des marques et continuer à l’emmagasiner pour les générations futures.
C’est pour partager cette vision qu’il a accueilli les équipes du magazine « LesVoitures.com » dans quatre endroits magiques, allant crescendo : le musée Peugeot, le bâtiment de stockage des archives, l’atelier de restauration et le Graal car inconnu du grand public, les réserves du musée.
Mais commençons par le commencement : le musée. Construit en 1984, agrandi régulièrement, il balaye avec brio la vie de cette entreprise plus que bi-centenaire et reflet de l’histoire de notre industrie. Chaque époque est représentée dans un décor adapté, avec des véhicules dans un état impeccable et plutôt bien agencés. Des toutes premières Peugeot d’avant 1900, des premières numérotations en 0 comme la 201 de 1924, des avant-gardistes « ligne fuseau »des 402, des plus récentes séries 03, 04, 05, 06, 07 jusqu’au concept car de ce jour, tout y est, ou presque…
En effet, pour être complet, vous retrouverez aussi les outillages d’époque, les bicyclettes, les motos sans oublier les célèbres moulins à café… C’est à cause d’eux qu’au début du 20ème siècle, les conducteurs d’autre marque osaient se moquer des Peugeot en leur assénant : Ce n’est pas un moteur que tu as sous le capot, mais un moulin…expression restée de nos jours … ! Restaurant de qualité au style art-déco, boutiques et possibilité de séminaire complètent l’ensemble. Sachez que si Madame aime bien les voitures, surtout les Peugeot, une réception de mariage y est possible !
Deuxième lieu de notre visite, les archives de Terre-Blanche, logées dans une des premières usines du groupe, au style inimitable. Charpente en poutre acier riveté qu’Eiffel ne renierait pas, toiture en dents de scie (une des spécialités Peugeot d’époque d’ailleurs), et gros luminaire en bol, vous mettent dans l’ambiance. A l’intérieur, une grande salle de conférence, des tables et chaises soigneusement disséminées, des armoires remplies de vieux livres, pour certains datant d’avant 1850, vous plongent dans l’esprit des bibliothèques pour chercheurs et historiens. Normal, c’est pour eux que cet espace est dédié. D’ailleurs, chapeau bas au groupe PSA qui confie ses archives à une association pour les ouvrir au monde extérieur… !
Xavier Crespin, pour illustrer brièvement les trésors que recèlent ces archives nous sort un magnifique dessin précurseur de la DS, des catalogues de 202, 302 et 402, mais aussi des lettres d’épouses de salariés de 1900 demandant à la société de mieux surveiller les entrées de vins dans les ateliers …
Juste derrière le musée, Xavier nous conduit vers l’atelier de restauration ou toute une équipe de professionnels, au savoir-faire maison, restaure des voitures qu’ils ont pour certaines fabriquées dans leur jeunesse à l’usine de Sochaux toute proche. C’est dire s’ils sont qualifiés pour prendre soin de votre ancienne Peugeot.
Avec cet atelier tout repeint, d’une propreté clinique et équipé d’outillage Peugeot d’époque, le groupe PSA rejoint ainsi le club très select des « département classique » tels que ceux des Porsche, Mercedes, Jaguar, Ferrari, Lamborghini permettant de restaurer votre voiture avec des pièces d’origine, de vous délivrer un certificat d’authenticité, ou peut-être simplement de vous fournir la pièce qui vous manque. En effet, Xavier nous explique cette volonté forte de développer le catalogue de pièces de rechange afin de continuer à faire rouler votre Peugeot ou votre Citroën (DS et SM inclus) ancienne. On ne peut que s’en réjouir !
Mais nous voilà enfin sur ce quatrième lieu si secret, si mythique… : les réserves du musée, soigneusement cachées et protégées. Une fois le bunker ouvert, un grand coffre à jouet vous attend et vos yeux d’enfant se rappellent comment vous rangiez vos miniatures. Sauf que là, soigneusement rangées sur des étagères géantes, sur plusieurs allées, on ne parle plus de miniature mais de vraies voitures!. Approximativement 200 véhicules de la marque y sont stockés, sur 4 étages et 8 rangées, et parmi elles des perles rares. Tout de suite, le jeu consiste à les dénicher au milieu des modèles de série. Pêle-mêle, nous repérons vite de magnifiques 601 6 cylindres de carrosseries différentes, une 201 à chenille, une Jeep Peugeot à moteur 203, une 504 en inox, des 104 tricorps et break, un coupé sur base 305, des 505 coupés ou cabriolet pour les USA, un proto de ce qu’aurait pu être la 205, une 106 CC, une 604 Chapron, une 605 rallongée, un étonnant SUV sur base 307 CC…
Dans les perles rares, il y a aussi tout ce qui a trait à la compétition: 304 Groupe 2, 504 coupé V6, WM Le Mans, 305 à moteur V6 central, 505 du championnat DTM, 205 T16, 206 Rallye, 405 Pikes Peak, 306 CC, 406 coupé, 406 DTM … N’en jetez plus !!
Outre les perles, les stars de cinéma sont représentées par les 406 de Taxi, les Peugeot du film Vaillant, la 205 indienne sculptée à la masse de la publicité à partir d’une vieille Ambassador (tiens, tiens, déjà !!), et la célèbre caisse d’enfant badge 205.
Mais le parc à huîtres le plus fourni en perles reste la collection de concept-car, chère à la marque Peugeot et attendue à chaque salon. Ils sont tous là, Peugette Pininfarina, 20 Cœur, 20Cup, 607 Pescarolo, HR1, Hoggar, 5 by Peugeot, 908 RC, Asphalte, RC Hybrid 4, 4002 Concept, … Nul doute que le somptueux break de chasse autonome « Instinct » présenté à Genève rejoindra rapidement ce parc.
En conclusion, le Groupe PSA n’a pas à rougir face à ces départements « Classic » des constructeurs italiens ou allemands hauts de gamme. Forte de 48 salariés, d’un nombre de bénévoles incalculables, d’une collection de 1 400 voitures, de 8km d’archives et de 7,5 M€ de budget, l’association valorise ce patrimoine exceptionnel au bénéfice des marques avec beaucoup de passion et d’affectivité. Un bon moyen pour faire parler des marques autrement à une époque où la publicité sature le public. Souhaitons bonne route à nos deux Xavier et à leurs équipes, l’histoire du groupe PSA n’a pas fini de rouler.
Texte : François de Gaillard
Photos : Alexandre Besançon
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