Infiniti Q30 : l’outsider qui réinvente le segment C, essai…

Dévoilée lors du salon de Francfort 2015, deux ans après être apparue sous forme de concept-car au même endroit, la Q30 marque les fortes ambitions d’Infiniti sur le segment le plus important pour les constructeurs automobiles, celui des berlines compactes. Avec la Q30, Infiniti propose enfin, et pour la première fois à son catalogue, une compacte destinée à séduire l’Europe. Face à une concurrence féroce, la Q30 devra vite séduire, essai…

La marque premium de Nissan cultive l’art de la différence depuis sa création en 1989. Très répandue aux Etats-Unis, au Japon et en Chine, Infiniti a débarqué sur le « Vieux Continent » en 2008. Tout le monde se souvient de son ambassadeur, Sebastian Vettel, et du FX Edition du quadruple champion de F1. La Q30, qui rejoint aujourd’hui les QX70, Q70 et Q50 au sein de la famille Infiniti, a pour cible les potentiels acheteurs de berlines compactes allemandes, des jeunes en recherche de nouveauté, d’originalité et de différence.

Développée sur la plateforme de la Mercedes-Benz Classe A, l’Infiniti Q30 impressionne par son design novateur qui est hyper proche du Q30 Concept de 2013. Esthétiquement, les designers de chez Infiniti réinventent ainsi le segment C grâce à un mix de style, entre berline et crossover. Sa garde au sol élevée, sa longueur de 4 425 mm et sa hauteur de 1 495 mm aident à imposer le look atypique de la Q30 sur un marché si conventionnel.

La face avant de la Q30 est aussi spectaculaire que racée. Les optiques effilées font corps avec les ailes, le capot et le bouclier avant qui a été dessiné tout en courbe et volume. De plus, notre première Q30 d’essai, la 2.0 l Turbo AWD, dispose de quelques embellies telles que ce bouclier avant spécifique aux écopes d’air béantes, des jantes de 19″, un diffuseur arrière ouvert, sans oublier que cette version est abaissée de 15 mm. Le résultat est surprenant et dégage une forte personnalité, on n’en attendait pas moins d’Infiniti. La calandre à double arche à effet 3D complète un rendu aussi bestial qu’élégant !

Les flancs de la berline premium se jouent des standards visuels du Segment C et proposent un design fluide. Les lignes des vitres latérales arrière ont été effilées à leur maximum et terminent leur course dynamique vers une cassure. Cela permet aux galbes de l’arrière de la Q30 de ressortir joliment et d’offrir un aspect visuel des plus robuste. Encore plus original que l’avant, le bouclier arrière, surélevé et accompagné d’un diffuseur qui intègre une double sortie d’échappement, assoit l’esthétique innovante de la Q30.

Récemment, sa cousine Classe A a très peu évolué lors de son restylage pour une raison simple. En effet, Mercedes-Benz ne peut se permettre de déstabiliser une clientèle germanique stratégiquement vitale et on ne peut pas en vouloir à la firme allemande. Là ou Mercedes, Volkswagen (avec la Golf) et toutes les autres marques font dans une certaine continuité statutaire, Infiniti surprend et casse en beauté les standards stylistiques du segment des compacts, on adore !

A l’intérieur, le constat est le même comparativement à la Classe A mais on retrouve beaucoup d’éléments de la compacte à l’étoile. L’habitacle asymétrique nous accueille dans une atmosphère raffinée. Les matériaux sont de très bonne qualité et les finitions au niveau de ce que peut désirer une clientèle très exigeante. Beaucoup d’efforts et un travail soigné ont été réalisés par Infiniti comme pour l’intégration de l’écran multimédia tactile 7″ ou encore des lignes incurvées de la planche de bord. Nous avons particulièrement apprécié le toucher du volant et l’assise parfaite des sièges. En revanche, nous aurions préféré, pour le Drive Mode Selector, une molette ou le sélecteur de la Q50 en lieu et place d’un simple bouton « trop dissimulé ». Ce dernier se situe au niveau de la commande de boîte. Précisons que la photo ci-dessus est celle de la finition Premium Tech Gallery White qui inclut, entre autres, les sièges en cuir blanc Nappa avec inserts noirs graphite, les surpiqûres et une finition intérieure laquée noire. Autre petit point négatif que notre essai à Lisbonne  a souligné : le manque de visibilité arrière. Mais cela est effacé dès la finition Premium qui propose l’aide au stationnement arrière. Selon les différentes finitions, qui sont au nombre de 9, le système Around View Monitor avec vue à 360° est également au programme. Quant au coffre, son volume est de 368 l.

Le moment est arrivé de mettre le contact de la Q30 2.0 l Turbo AWD Sport ! Dès les premiers kilomètres, nous sommes impressionnés par la qualité du freinage. On l’appréhende très rapidement et son mordant est parfait à tel point que l’on peut quasiment stopper l’auto où l’on veut au mètre près. Les suspensions fermes font correctement leur travail. En ville, l’amortissement est un peu dur mais quand la route s’ouvre, cela procure une sensation de sécurité évidente. Aidée par la transmission intégrale (de série sur la 2.0 l Turbo), la compacte tient les courbes sereinement. Seule une grosse bosse en sortie de virage, prise à vive allure, a généré un pompage du train avant mais la Q30 a su garder le cap. On ne peut pas qualifier cette version de pure sportive mais son agilité et son dynamisme procurent beaucoup de plaisir à son volant. La boîte DCT à 7 rapports « fait le boulot » sans surprise. Quant à la direction, elle est saine et aussi sécurisante que le freinage. Vous l’aurez compris, la Q30 2.0 l Turbo AWD, est un excellent compromis entre puissance et confort. Elle développe 211 ch (à 5 500 tr/mn) et 350 Nm de couple. Sa vitesse maximale est de 230 km/h. Au niveau des consommations, sa fiche descriptive affiche 6,7 l/100 km (cycle mixte), 5,5 l/100 km (sur autoroute) et 8,7 l/100 km en ville. Concernant le malus écologique, il est de 2 200 € (156 g/km de CO2 émis).

Nous avons également eu l’opportunité de tester la version 1.5 l diesel de 109 ch et 260 Nm de couple en boîte manuelle. Sa puissance est largement suffisante car sa boîte à 6 rapports se montre très réactive à bas régime. Autre point fort, son amortissement est plus doux. Le moteur Renault, seul de la gamme Q30, aux émissions de CO2 faible (108 g/km) saura séduire les entreprises grâce à ses très faibles consommations : mixte: 4,1 l/100 km, extra-urbaine : 3,8 l/100 km et urbaine : 4,7 l/100 km.

En termes de technologies, la Q30 est dans la norme. Il manque seulement la vision tête haute sur le haut de gamme. Ainsi, les principales aides à la conduite sont le régulateur de vitesse (Intelligent Cruise Control), la surveillance de l’angle mort (Blind Spot Warning), les systèmes d’anti-collision frontale (Forward Collision Warning) avec freinage avant d’urgence (Forward Emergency Braking).

L’Infiniti Q30 est proposée en 9 configurations de base qui sont déclinées en fonction des motorisations, des niveaux de finition et des teintes. On trouve ainsi deux moteurs diesel et trois en essence, tous des 4 cylindres. Du côté du carburant lourd, la Q30, qui est une traction, récupère donc le 1.5 l Renault de 109 ch. L’autre diesel 2.2 l de 170 ch est d’origine Mercedes. Ce dernier est le seul bloc diesel à être associé à une transmission intégrale en option. En essence, les blocs sont tous d’origine allemande : 1.6 l Turbo de 122 ch et 156 ch. Tout en haut de la gamme trône le  2.0 l de 211 ch de notre essai.

Proposée à partir de 26 300 € (Q30 1.6 Turbo) et avec un très haut de gamme représenté par la Q30 2.0 l Turbo Sport City Black, l’Infiniti Q30 est à la hauteur de ses prétentions et c’est une vraie nouveauté qui fait son apparition sur un segment très conservateur. Pour réussir, il faut prendre des risques et se différencier. Infiniti l’a parfaitement assimilé . Il leur reste à développer leur réseau de distribution qui ne compte que 13 points de vente à ce jour en France. A fin 2016, ce chiffre devrait doubler. Les futurs propriétaires de la Q30 pourront se vanter de rouler au volant « d’un concept-car de série » à l’identité forte. Très bientôt, la crossover QX30 débarquera avec la même philosophie. Il sera suivi du Q60 Coupé. Infiniti n’a pas fini de créer et de surprendre…

Texte, essai et photos : Frédéric Lagadec