Porsche 911 GT3 RS : l’ultime version célèbre les 60 ans de la sportive, essai

Cette année, parmi les nombreux anniversaires fêtés du domaine de l’Automobile avec un grand “A”, celui qui célèbre les 60 ans de la 911 est incontournable, tant la sportive allemande est devenue une référence, de décennie en décennie. Dévoilée en 2022, la radicale et impressionnante Porsche 911 GT3 RS porte un héritage de passion et de performance né en 1963 avec la 901 du Salon de Francfort.

La Porsche 911, c’est donc 60 d’histoire mais, il faut remonter un peu plus loin dans le temps, avant 1963 concernant la création du constructeur automobile allemand. Avant l’essai de la Porsche 911 GT3 RS, revenons donc à 1948.

Porsche 911 GT3 RS 60 ans Porsche 911

Ainsi, la Porsche 356 Pré-A est née en 1948 dans les ateliers situés à Gmünd en Autriche avant que la firme ne déménage à Stuttgart en 1950. Basée sur la Volkswagen Coccinelle, celle qui apparaît sous vos yeux peut être considérée comme la première 356 Pré-A à disposer d’une évolution moteur sportive.

En 2018, pour célébrer les 70 ans de la marque de Zuffenhausen, nous avons, en effet, réuni une 356 Pré-A 1500 S Coupé de 1953 et une Porsche 911 Carrera T, lors d’une reportage exceptionnel. Au 1.5 l 4-cylindres à plat de cette Pré-A ont été “greffés” deux carburateurs Solex PBIC. Cette opération a permis d’atteindre une puissance de 70 chevaux, ce qui représente pour l’époque un petit exploit. On était, alors très loin des 525 ch de la Porsche 911 GT3 RS.

C’est donc en 1963 que la Porsche 901 est apparue pour le première fois. Quelques mois plus tard, la faute, ou grâce, à Peugeot, la 901 est devenue la 911, pourquoi ? Car le constructeur automobile au Lion avait obtenu les droits exclusifs d’utiliser des numéros à trois chiffres pour sa production avec, surtout un “0” placé au milieu. Après la 356, Porsche passe d’un 4-cylindres 1.5 l à plat à un 6-cylindres 2.0 l à plat de 130 ch pour la 901, le fameux “Boxer”. Il faudra attendre quelques évolutions pour que la première 911 rencontre le succès commercial, à partir de 1967, la puissance du moteur passe alors à 160 ch.

De type en type, la 911 n’a cessé d’évoluer et de marquer, à chaque fois, son époque. Des nombreuses déclinaisons ont contribué à son succès. En 1974, la première 911 Turbo est apparue à l’occasion du Salon de l’Automobile de Paris avec la Type 930 au flat-6 3.0 l de 260 ch, soit un tournant historique à plus d’un titre pour la 911.

Récemment, Porsche a mis en avant son passé glorieux au Dakar, en révélant la série limitée 911 Dakar. Cette 911 Dakar bénéficie d’une garde au sol réhaussée de 5 cm. Ce n’est, bien sûr, pas tout car, de nombreuses technologies intègrent cette 911 prête pour défier les dunes, notamment sur le marché automobile des Emirats Arabes Unis. Ainsi, au-delà de ses ouvertures situées sur le capot avant, de ses protections de passages de roues et celles présentes au niveau des bas de caisse, la 911 Dakar est équipée d’un système “Lift” qui permet de gagner 3 cm supplémentaires en hauteur. Avec le réglage le plus haut, la 911 Dakar peut évoluer à une vitesse maximale de 170 km/h (240 km/h en mode standard).

La 911 Dakar, c’est aussi une logique transmission intégrale mais, également, de série, des roues directrices arrière. Le Porsche Dynamic Chassis Control (PDCC) est aussi de série et la 911 Dakar profite de supports moteur issus de la 911 GT3. En termes de motorisation, comme évoqué en introduction, la 911 Dakar développe 480 ch/570 Nm issus du 6-cylindres à plat 3.0 l biturbo, la boîte de vitesse PDK se chargeant d’envoyer la puissance aux quatre roues, via la transmission intégrale. Malgré sa monte pneumatique tout-terrain et sa garde au sol plutôt haute, Porsche annonce un 0 à 100 km/h réalisé en 3,4 s pour la 911 Dakar.

Avant de passer à l’essai de la “sulfureuse” 911 GT3 RS, sachez que la 911 Dakar peut être commandée avec un “pack Rallye Sport” qui inclut un arceau de sécurité, un harnais 6 points et un extincteur. Toujours en options, on trouve une galerie de toit à feux LED intégrés et une tente de toit.

Après la 911 GT3 “tout court” (510 ch) de dernière génération qui a été révélée en février 2021, la Porsche 911 GT3 RS Type 992 “pointe les bouts de son aileron et de ses autres appendices aérodynamiques”. Impressionnante, la nouvelle puissante 911 se rapproche encore plus de la dernière 911 dédiée exclusivement à la compétition, à savoir la 911 GT3 R.

Porsche 911 GT3 RS 60 ans Porsche 911

A l’avant de la Porsche 911 GT3 RS, le bouclier est extrêmement ouvert tout en étant soutenu pas une lame alors que le capot est équipé de volets actifs. Sous cet angle, c’est déjà remarquable sur le plan de l’aérodynamique mais, encore plus, vue de profil.

En effet, au-delà de ses flancs creusés et ciselés, la nouvelle Porsche 911 GT3 RS est dotée de différentes ailettes qui sont dissociées de sa carrosserie, ceci au niveau des ailes avant. Des petites barrettes de LED, en guise de clignotants, ont été intégrées entre les ailes et ces mêmes innovantes pièces dont le but est, bien sûr, d’optimiser le traitement des flux d’air.

Porsche 911 GT3 RS 60 ans Porsche 911

A l’arrière, la Porsche 911 GT3 RS dispose aussi de plusieurs éléments conçus dans le but de la coller au sol tout en minimisant la traînée aérodynamique. L’aileron énorme, en forme de col de cygne, est réglable et il dépasse même, en hauteur, le toit de l’auto. Attention, cet aileron possède, pour la première fois sur une Porsche de série, un système DRS !

A noter que les ingénieurs de chez Porsche ont utilisé, à foison, du PRFC (plastique renforcé à l’aide de fibre de carbone) pour concevoir la grande majorité des éléments qui composent la carrosserie de la Porsche 911 GT3 RS Type 992. Ainsi la super-sportive d’outre-Rhin affiche seulement 1 450 kilos (à vide – DIN) sur la balance. En option, le “pack Weissach” va beaucoup plus loin avec, entre autres, du carbone apparent, des jantes forgées qui font gagner 8 kilos et, surtout, du PRFC pour les barres stabilisatrices avant/arrière, les bielles (à l’arrière) et la plaque dite “de renfort” située sur l’essieu arrière.

Porsche 911 GT3 RS 60 ans Porsche 911

A l’intérieur, c’est plus sobre mais non moins soigné, peut-être, pour calmer les ardeurs de celles et ceux qui s’assiéront derrière le volant de cette 911 GT3 RS. Cependant, sans surplus de coût, la Porsche peut être équipée du “pack Clubsport” (arceau de sécurité, extincteur, harnais six points pour le conducteur).

Sur le plan mécanique, puisqu’il faut bien pouvoir freiner de la manière la plus efficace possible, la 911 GT3 RS 2022 est équipée, à l’avant, d’étriers de frein fixes monoblocs en aluminium (6 pistons de 32 mm) et de disques de 408 mm. A l’arrière, ce sont quatre pistons et des disques de 380 mm qui assurent le freinage. En option, il est possible de profiter de freins en céramique PCCB (Porsche Ceramic Composite Brake) : 410 mm à l’avant – 390 mm à l’arrière.

Porsche 911 GT3 RS 60 ans Porsche 911

Quant au moteur de la 911 GT3 RS, il s’agit du légendaire flat-6 atmosphérique de 4.0 l qui développe, cette fois, 525 ch et 465 Nm de couple, ceci notamment grâce à des arbres à came revus. La transmission aux roues arrière est assurée par la boîte à double embrayage PDK (Porsche Doppelkupplung – 7 rapports). De quoi réalise le 0 à 100 km/h en 3,2 s et atteindre, sur circuit, 296 km/h.

Porsche 911 GT3 RS 60 ans Porsche 911

L’essai de cette Porsche 911 GT3 RS 2022 nous a procurés des sensations de plaisir automobile insoupçonnées jusqu’alors. S’il y a bien un point intéressant à noter, c’est celui représenté par la puissance de 525 ch qui ne peut être considérée comme excessive pour une super-sportive. On touche, sur ce dernier point, l’ADN même de la marque Porsche qui a souhaité, avec cette 911 GT3 RS 2022, aller très loin en termes d’allégement, de technologies, de trains roulants optimisés et d’aérodynamique, sans oublier de citer la PDK qui a fait l’objet d’un travail spécifique. Les “sorciers” de chez Porsche livrent, ainsi, une super-sportive, certes radicale, mais avant-tout ultra-performante dont la prise en mains s’avère, finalement, d’une facilité déconcertante.

Porsche 911 GT3 RS 60 ans Porsche 911

Attention, cela “pousse” très fort et il faudra être humble au volant de cette 911 GT3 RS qui sera à exploiter, à 100%, voire plus, sur circuit lors de journées de roulage privées. En-dehors, la 911 GT3 RS ne demande qu’à “s’amuser” sur des routes plus cassantes. Sur cet autre “terrain de jeux,” tout devient très naturel, instinctif, aux commandes de la 911 GT3 RS.

Porsche 911 GT3 RS 60 ans Porsche 911

Hyper-puissant, le système de freinage de la 911 GT3 RS rassure dès les premières entrées en virage, une autre sensation plaisir aussi informelle que celle remontée par la direction ou, encore, le grip incroyable obtenu, notamment, grâce aux pneus Pirelli P Zero Trofeo RS. On prend ainsi vite confiance aux commandes de cette 911 GT3 RS.

Porsche 911 GT3 RS 60 ans Porsche 911

L’extase, oui l’extase, prend forme de différentes manières grâce à la sonorité du flat-6 atmosphérique qui, à partir d’environ 5 000 tr/min commence à envoyer “la cavalerie” vers les limites du compte-tours, ce qui est propre au blocs “atmos” non munis d’une suralimentation. Puis, vers 7 000 tr/min, on touche à la quintessence de la 911 GT3 RS, soit à une accélération monumentale jusqu’à 9 000 tr/min. Pendant tout ce temps, très court.., la boîte PDK fait le reste en enchaînant les rapports avec une douceur et une rapidité, toutes deux, juste “Waouh” !

Porsche 911 GT3 RS 60 ans Porsche 911

Pour conclure notre essai de la Porsche 911 GT3 RS, elle est la sportive de tous les superlatifs, ou quand les technologies les plus avancées, et, surtout, parfaitement maîtrisées par Porsche, sont au service du conducteur pour un maximum de sensations fortes. Facturée à partir de 253 454 € (hors malus), la 911 GT3 R Type 992 s’adresse à une clientèle élitiste. La bonne nouvelle, c’est que la 911 est encore très loin d’être commercialisée en version uniquement 100% électrique. Les carburants synthétiques et l’hybridation sont en passe de sauver, sans jeu de mots, ou presque, l’essence même de la 911 qui perdure depuis 60 ans.

Texte : Frédéric Lagadec

Essais et photos : Thomas de Chessé (LesVoitures.com)