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Voitures électriques : la Chine veut brider leur accélération, sécurité ou régression technologique ?

Ce n’est pas une blague du 1er avril en retard : la Chine prépare une réglementation qui pourrait bouleverser l’industrie automobile mondiale. Pékin envisage d’imposer par défaut un temps minimum de 5 secondes pour passer de 0 à 100 km/h sur les voitures électriques, une mesure destinée à calmer les démarrages jugés trop brutaux.

Dans un marché où la performance est devenue un argument commercial central, cette annonce fait l’effet d’une bombe. Les voitures électriques, longtemps perçues comme des alternatives écologiques aux modèles thermiques, se sont transformés en machines de guerre technologique. La Yangwang U9 Xtreme (en photo dans cet article) est l’exemple parfait de cette surenchère technologique : hypercar électrique du groupe BYD, elle développe plus de 3 000 ch grâce à ses quatre moteurs et a atteint une vitesse record de 496 km/h lors d’essais en Allemagne. Avec un 0 à 100 km/h estimé à 2,4 s, elle représente l’extrême opposé de la limitation que Pékin veut désormais imposer. Même des modèles familiaux, autrefois cantonnés à des performances modestes, affichent désormais des accélérations dignes de circuits.

Le projet du gouvernement chinois baptisé « Technical Conditions for Motor Vehicle Operation Safety » prévoit que chaque véhicule électrique démarre en mode dit « standard », un verrou logiciel qui limite l’accès à la pleine puissance. Concrètement, à chaque mise en route, la voiture électrique serait bridée par défaut, empêchant d’atteindre les accélérations les plus violentes. Le conducteur pourrait certes sélectionner un mode plus rapide, mais uniquement après une action volontaire. L’objectif affiché est clair : réduire les risques liés aux départs intempestifs, notamment en milieu urbain où piétons et cyclistes sont les premiers exposés. Les Audi e-tron GT, RS e-tron GT et e-tron GT perfomance qui réalisent le 0 à 100 km/h en moins de 2,8 s pourraient donc aussi être bridée, en Chine.

Cette décision s’inscrit dans une série de mesures récentes prises par Pékin pour encadrer la révolution électrique. Après avoir réglementé les systèmes de conduite semi-autonome et les poignées de porte rétractables jugées dangereuses, le gouvernement s’attaque désormais à la performance brute. Officiellement, il s’agit de sécurité routière. Mais en coulisses, certains observateurs y voient une volonté de reprendre la main sur une industrie qui multiplie les records techniques sans toujours mesurer les conséquences sociales.

Ce n’est pas tout, car sur le plan économique, rappelons que la Chine a décidé de sortir les voitures électriques de son plan stratégique 2026-2030. Les subventions accordées à la filière des voitures électriques chinoises devraient progressivement baisser. Cela devrait bouleverser la donne et le marché automobile international.

Pour revenir au projet gouvernemental chinois qui porte sur la limitation de l’accélération des voitures électriques, la question qui se pose est provocatrice : sommes-nous face à une régression technologique volontaire ? Alors que l’Europe et les États-Unis célèbrent la puissance instantanée des voitures électriques, la Chine pourrait être le premier pays à siffler la fin de la course au chrono. Une berline familiale qui accélère plus vite qu’une Ferrari, est-ce vraiment un progrès ou une absurdité dangereuse ?

Les critiques dénoncent une atteinte à la liberté de conduite et une standardisation excessive des comportements au volant. D’autres craignent que ce verrou logiciel ne soit qu’un premier pas vers un contrôle plus strict des performances automobiles, voire une surveillance accrue des usages. Mais Pékin assume : pour les autorités, 5 secondes au minimum pour atteindre 100 km/h est un compromis entre plaisir de conduite et sécurité pour les voitures électriques.

Enfin, la Chine ne veut pas interdire les voitures électriques ultra-rapides, mais les rendre raisonnables par défaut. Une manière de rappeler que la technologie n’est pas une fin en soi, et que l’innovation doit parfois être freinée pour protéger la société. Ce projet, s’il est adopté, pourrait marquer un tournant majeur : la fin de la surenchère des accélérations spectaculaires et le début d’une nouvelle ère où la performance se plie aux impératifs de sécurité.

La rédaction

Photos : LesVoitures.com et BYD

Publié par
Frédéric Martin

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