WRC : au plus près du Citroën Racing

Du 28 au 31 mars derniers, le championnat du monde des rallyes WRC a fait escale sur l’île de beauté. Lors des deux premières étapes du Tour de Corse, surnommé le rallye des 10 000 virages, nous étions présents au plus proche du Citroën Racing. Cette expérience immersive nous a offert l’opportunité de vous faire découvrir les coulisses de l’équipe qui compte 101 victoires en WRC.

Quatrième manche du championnat, le Tour de Corse 2019 est une épreuve à part, surtout que, cette année, le parcours a été largement revu par les organisateurs. Les équipages sont donc presque partis d’une feuille blanche lors des reconnaissances ce qui a pour effet de mettre tout le monde au même niveau. C’est parti pour deux jours avec le Citroën Racing en Corse…

Les routes corses et les décors fantastiques offerts par l’île s’élèvent comme un défi à chaque Spéciale. Dès notre arrivée, nous plongeons dans un univers qui fait la part belle aux passionnés de sport auto. En effet, quelle autre compétition automobile offre autant de proximité ?

C’est à quelques 1 200 m d’altitude que nous débutons notre voyage au plus près du Citroën Racing. Le col de Bavella est ainsi le théâtre de l’ES4. Positionnés à quelques mètres de la ligne d’arrivée, nous profitons d’un emplacement privilégié situé dans un virage en épingle. Les WRC nous sautent littéralement aux yeux avant de virer à plat dans la courbe. Hormis, une vitesse de passage très rapide, nous sommes surtout impressionnés par l’équilibre et la stabilité des voitures mais, quand Esapekka Lappi et Sébastien Ogier se “jettent” tour à tour dans l’épingle, on remarque que les Citroën C3 WRC n’ont pas un comportement aussi efficace que les autres World Rally Cars.

Le classement de cet ES4 parle de lui-même, les duos Lappi/Ferme et Ogier/Ingrassia se classent respectivement 4ème et 8ème, derrière Thierry Neuville (Hyundai i20 Coupe WRC), le futur vainqueur du rallye, qui réalise le meilleur temps. Les informations sur les difficultés rencontrées par les pilotes du Citroën Racing ne tardent pas à nous parvenir : un problème de réglages est à l’origine des décevants chronos. Sébastien Ogier le confirmera au terme de l’étape 1 du Tour de Corse 2019, après les ES5 et ES6 :

« C’était une journée difficile, qui nous a vus pâtir de sous-virage. En procédant à quelques petits ajustements, on a réussi à concéder moins de terrain l’après-midi, mais ce n’était pas encore suffisant. On a des pistes de réglages pour solutionner nos soucis, j’ai espoir que cela aille dans le bon sens, en tout cas on va tout faire pour remonter au classement. »

La nuit est tombée sur Bastia, au parc d’assistance, le grand bal des mécaniciens débute. Huit techniciens chevronnés s’activent sur la C3 WRC #1. Le règlement du WRC permet ainsi, pour les assistances “Flex” d’une durée limitée à 45 minutes, de mettre les quatre mécanos dédiés à une voiture, en complément sur l’autre et, inversement.

Nos regards se portent sur les moindres actions des hommes du Citroën Racing. Malgré la déception de cette première journée et la pression que cela pourrait créer, l’ambiance de travail est sereine. Les opérations effectuées se font d’une manière “chirurgicale”. En effet, tout a été anticipé par les équipes de l’ingénieur en chef Thomas Breton qui nous avoué que trop de puissance a été mise sur le train arrière.

Le temps défile et il ne reste que quelques minutes avant la fin de l’assistance mais, pas de panique. Le Citroën Racing semble maîtriser chaque seconde qui passe, au bout des 45 minutes, la monture de Sébastien Ogier est comme neuve et devrait être plus efficace le lendemain.

Durant la journée du samedi, Sébastien Ogier a fait le maximum pour remonter mais, les réglages effectués ne lui ont pas permis de profiter d’une voiture pouvant concurrencer les hommes de tête. Cependant, le talent du champion du monde en titre a pris le dessus. Le Tour de Corse 2019, c’est aussi des Spéciales sans fin, comprendre au kilométrage élevé. L’ES9 Castagniccia longue de 47,18 km à laquelle nous avons assisté dans un décor 100% Corse, église incluse, est la plus longue du rallye. Ce parcours se dressera même une seconde face aux pilotes pour l’ES12 en clôture de l’étape 2. Le terme “performer” est le plus adéquat pour évoquer le prestation du pilote français qui se classera à la 3ème place de l’ES9, ceci derrière Ott Tänak (Toyota Yaris WRC) et, à seulement 1,4 s du meilleur temps réalisé par Dani Sordo (Hyundai i20 WRC). Quant au jeune espoir Esapekka Lappi, il ne termine que 10ème de l’ES9.

Après les autres Spéciales du samedi, Sébastien Ogier et Julien Ingrassia ont fait un bon en avant au classement, ils se positionnent sur le podium à la 3ème place. Les deux compères de toujours aux six titres de champion du monde WRC apportent un énorme plus au Citroën Racing, comme Pierrer Budar, le patron de la structure aux chevrons nous l’a confié :

«  C’est une vraie bouffée d’air pur de retrouver Sébastien et Julien cette saison, on est ravi de les avoir parmi nous. On les connaît très bien depuis leurs trois années passées chez Citroën de 2009 à 2011. Ils ont acquis beaucoup d’expérience après leur six titres et, c’est donc très agréable de travailler avec des hommes d’un tel niveau, d’une telle expérience et qui sont aussi sympathiques. Ils sont, de plus, facile à vivre, c’est donc juste un grand plaisir pour toute l’équipe au quotidien. »

Avant de revenir sur la fin du Tour de Corse 2019, nous n’avons pas résisté à l’envie de poser une autre question, cette fois anniversaire, à Pierre Budar, à savoir comment sont vécus les 100 ans de Citroën par le WRT Citroën (World Rally Team Citroën) :

« 100 ans pour Citroën, c’est bien sûr important pour nous cette année. On a remporté notre 100ème victoire en ouverture du championnat au Monte-Carlo. On a ensuite dépassé ce chiffre symbolique avec la victoire au Mexique mais, la pression en Corse est la même que pour chaque rallye puisqu’on est là pour se battre pour gagner le championnat. Chaque épreuve va être compliquée, on a donc, encore une fois, la même pression à chaque départ et, chaque membre de l’équipe a la concentration nécessaire pour que l’on soit le mieux possible à chaque fois, ici en Corse ou ailleurs. »

La journée du dimanche a confirmé tous les bienfaits du travail réalisé sur la C3 WRC lors des deux assistances du soir. Grâce à une auto redevenue performante, Sébastien Ogier a tenu son rang jusqu’au bout et, en profitant des malheurs d’Elfyn Evans (Ford Fiesta WRC – M-Sport) pendant la Power Stage, Ogier monte sur la seconde marche du podium du Tour de Corse 2019.

Concluons par le plus intéressant, une “autre puissance” qui nous ait apparue comme évidente durant notre présence au sein du Citroën Racing. L’aspect humain est ainsi l’une des forces du Citroën Racing qui fonctionne comme une grande famille. A Bastia, nous avons croisé Carlos Tavares (en photo ci-dessus aux cotés de Pierre Budar et Esapekka Lappi), plus en observateur aguerri que dans le rôle de dirigeant du groupe PSA. Nous avons également aperçu Craig Breen tout sourire. Le pilote irlandais a pourtant été évincé par le Citroën Racing à la fin de la saison 2018. Pas moins de 60 hommes et femmes font le Citroën Racing. Passion, motivation, professionnalisme et un engagement de chaque instant sont leurs qualités premières. L’avenir nous dira si, pour les 100 ans de Citroën, Ogier apportera chez les rouges, le tant attendu trophée depuis celui remporté en 2012 par Sébastien Loeb et Daniel Elena sur la DS3 WRC.

Texte : Frédéric Lagadec

Photos : LesVoitures.com et Citroën Racing