La Fiat Panda 4×4 fait partie de ces quelques modèles qu’on ne rencontre quasi exclusivement qu’à la montagne. L’ancienne génération est encore très présente dans les Alpes et, on croise ces petites Panda un peu partout. Notre modèle d’essai a revêtu une peu discrète « robe » jaune ainsi que tous les attributs du baroudeur. Cela lui donne un air sympathique, bien dans l’esprit du ski et des sports « extrêmes ». Au moment de faire le tour de la « bestiole » sur le parking, je me demande à quel point la tenue de route de cette Fiat Panda me fera entrer dans la légende de cette route mythique. L’autre inconnue concerne la motorisation. Un bicylindre de 0.9 l de cylindrée censé développer la bagatelle de 85 chevaux.
Dès le Bourg-d’Oisans, pied de l’ascension, la pente se cabre fortement avec un premier kilomètre d’un angle de 10,5%. La topographie des lieux a l’avantage de faire un premier bilan avant le sommet. En vélo, les cyclistes vous le diront, très rapidement on sent si on a les jambes ou non. L’entrée du virage 21 (Le premier d’une série de 21, numérotés dans l’ordre décroissant) est assez raide, le bicylindre hurle un peu mais ne lâche rien. A vrai dire, je me sens bien dans cette Panda. L’intérieur est on ne peut plus simple et basique mais présente l’avantage de ne craindre rien. C’est pensé pour traverser les années sans avoir à se soucier du mobilier. Comme une table basse Ikea ou, une parka de chez Decathlon, c’est pas fait pour être beau mais ça peut servir tous les jours et longtemps, très longtemps.
Les virages s’enchaînent, au rythme, non pas du pilote mais, du moteur qui souffre. Cela ne signifie pas qu’il ne peut pas le faire mais comme un cycliste manquant de souffle, il a besoin de petites pauses pour respirer. Au moment de notre ascension, la route est légèrement humide et la température négative d’au moins 10 degrés. La vigilance est de mise d’autant que la Panda, malgré toute sa bonne volonté, n’est pas très à l’aise sur ce terrain. Personne n’aura envie d’attaquer à son volant mais, elle fait le job pourvu que l’on ait le pied léger.
La Panda arrive en haut avec les honneurs. S’il est cravaché comme il le faut, son petit moteur ne démérite pas et, il vous offrira une sonorité particulièrement attachante : une sorte de 3-cylindres en plus rauque. Toujours est-il que s’il est un peu juste pour doubler en montée, il vous conduira quand même, là-haut sur la montagne.
La nuit vient de tomber d’un coup sur la station de l’Alpe d’huez et, nous ne sommes pas au bout de nos peines. Enfin, peine n’est pas ce qui me vient à l’esprit au moment de pénétrer dans l’Alfa Romeo Stelvio. On se sent bien instantanément au volant de ce SUV sportif. Tout a été pensé pour le conducteur et la position de conduite est parfaite. Contrairement à beaucoup de SUV, on peut, ici, adopter une position basse très agréable en conduite sportive. Tout serait parfait si l’écran central totalement dépassé ne mettait pas un coup de vieux à notre Alfa Romeo. Petit, peu réactif, au design suranné et non tactile, il cumule un peu les…
A la mise en route, le son est juste magistral. Notre Stelvio Q4 2.0 l essence délivre 280 chevaux sauvages et le fait savoir. C’est parti pour une montée mémorable. Au moment où je quitte le village en direction de la station de ski, les premiers flocons se mettent à apparaître. Il est tombé 50 centimètres en 48 heures et c’est reparti. La route, entièrement dégagée, va de nouveau se trouver recouverte d’une belle pellicule de neige. La boîte de vitesses automatique fait un travail remarquable. Idéalement étagée, elle permet de relancer en sortie de virage de façon spectaculaire. L’équilibre est parfait, la conduite savoureuse. Oui, pour la première fois je prend un réel plaisir à conduire un SUV.
Malgré des conditions piégeuses, l’Alfa Romeo Stelvio négocie les courbes en toute décontraction. J’augmente alors le rythme déjà soutenu pour la seconde partie de l’ascension. Il faut noter que 20 des 21 virages de la montée sont plats. C’est à dire que le dénivelé se fait entre les courbes. Et si le Stelvio est le roi des virages, il n’est pas mauvais non plus à la relance. A ce petit jeu, les dépassements se font naturellement. Par moment, on peut apercevoir le bas du ravin et, se rendre compte à quel point la pente est raide. Avec des portions à 13% d’inclinaison, il faut un moteur rempli. Pour le Stelvio, ce point est largement validé.
Hameau de la Garde, Ribot d’en Bas, Ribot d’en Haut, les noms se succèdent. Je continue de doubler avec une facilité déconcertante les véhicules qui se font de plus en plus rares et, surtout, de plus en plus lents. En effet, les conditions se dégradent au fur et à mesure de l’ascension. Au KM 7,5, on arrive dans un virage à gauche au passage de Saint-Ferréol, avec un point de vue sur le massif d’en face mais, pas le temps de s’attarder car on arrive bientôt dans cette station. En tous cas, c’est l’impression que cela donne mais, il reste encore deux kilomètres à grimper. J’en rajoute dans l’accélération rien que pour entendre l’échappement résonner dans la vallée.
En arrivant devant le circuit de glace de l’Alpe d’Huez, je suis déçu… déçu d’être déjà arrivé. A tel point que je décide de repartir pour une descente, puis une montée, puis une descente et ainsi de suite. En tout, je ferai 5 aller-retour, avec autant de plaisir à chaque fois. Le Stetlvio gagne évidemment le point du plaisir de conduite sur la route. Mais qu’en est-il sur le circuit de glace ou la Panda attend déjà sa revanche ?
La Panda 4×4 aime beaucoup la glace. Et nous avons beaucoup plus qu’apprécier d’attaquer sur le circuit de l’Alpe d’Huez à son volant. Transmission Intégrale enclenchée, la petite citadine se transforme en machine de guerre. Extrêmement joueuse, maniable, vive et, au final très facile à emmener, elle mérite une médaille d’or en patinage artistique. Testée au milieu des Fiat 500X, Peugeot 3008, Honda CRV, Mitsubishi Outlander, Mercedes-Benz GLA, c’est de loin la meilleure dès qu’il s’agit de se placer en dérive pour attaquer un virage. On se prend vite pour un pilote, tant c’est facile de s’amuser.
Cette Fiat Panda 4×4 est un « gros jouet jaune » et, on comprend d’un coup pourquoi on en croise autant dans la station. C’est tout simplement le meilleur véhicule sur la neige dans cette catégorie de prix. Un vrai 4×4 pas cher, c’est ce qui fait le succès de cette Panda depuis 1983. La petite Fiat est même de nature à démocratiser l’accès à un véhicule joueur avec lequel on prend facilement du plaisir. La définition d’une sportive ? Oui, presque. Sur la neige il sera, en tous cas, très compliqué de faire plus drôle à ce prix.
Notre Stelvio ne démérite pas sur la piste jadis empruntée par le Trophée Andros. L’électronique veille au grain et, finalement, on retrouve les qualités d’équilibre et de maniabilité du Stelvio sur route. Il faut trouver la bonne allure pour faire pivoter le SUV et ne pas aller tout droit mais, hormis la peur de casser ce beau SUV contre un mur de glace, la conduite de ce Stelvio sur la neige et la glace est plus que recommandable. Il convient d’ailleurs de noter que tous les tests sont réalisés avec des pneus hiver mais, non cloutés évidemment et, sans avoir chaînes.
S’ils sont diamétralement opposés les Panda et Stelvio n’en sont pas moins tous les deux capables de vous mener aux sports d’hiver même sous la neige. La Panda 4×4 oppose son efficacité et sa rusticité aux muscles et aux vocalises de l’Alfa Romeo Stelvio. Sur un sol glissant et au terme de 21 virages d’anthologie, le Stelvio a confirmé son statut de roi des SUV en virages. La Panda, de son côté, vous sortira de n’importe quelle situation. Evidemment c’est le poste budget qui fera choisir l’un ou l’autre. Mais finalement, si on prenait les deux ?
Texte : Niko Laperruque
Photos : Active Automobile – Baptiste Diet
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