WRC : immersion chez M-Sport et baptême en Fiesta WRC

Etre en mesure de se dire qu’une grande partie de l’histoire du rallye mondial se trouve sous nos yeux ne doit arriver que très peu de fois dans la vie d’un passionné. Ce constat s’est produit lorsque nous avons pu pénétrer au sein du Manoir M-Sport. Une sorte de lieu de pèlerinage qui sait offrir son histoire dans une atmosphère « So British » ! Bienvenue sur les terres de Sa Majesté la Reine et du maître des lieux Malcolm Wilson. Ouvrons les portes du Dovenby Hall situé en Angleterre, à Cockermouth, dans le district d’Allerdale du comté de Cumbria.

Si M-Sport est encore aujourd’hui à la pointe de la compétition dans la catégorie reine du rallye et s’implique à tous les niveaux de la discipline grâce au développement d’une gamme complète d’autos de rallye ou même sur circuit avec la Bentley Continental GT3, son histoire est liée à Ford et son département Ford Performance depuis de longues décennies. M-Sport se tourne également vers la compétition automobile électrique en gérant le programme Jaguar I-Pace E-Trophy.

De quoi investir le manoir familial qui a été érigé pour Sir Thomas Lamplugh au 16ème siècle puis, transformé en hôpital psychiatrique, les origines de ce site historique remontant bien plus longtemps en arrière vers les années 1150 sous le règnes de King Stephen et Henry II.

Depuis 19 ans, l’entreprise M-Sport s’y est installée en construisant ses ateliers ainsi qu’une piste d’essai mais, la tradition ancestrale britannique a été conservée comme si la plus haute technologie venait se marier avec les plus anciennes traditions.

Nous parlons d’une équipe qui a toujours évolué au plus haut niveau qui nous donne à voir ses plus belles perles et plus belles fiertés. De la Ford Escort MkII Groupe 4 aux couleurs Stobart pilotée par Malcolm Wilson, les plus grands succès sont retracés dans le petit musée.

Outre le flot d’autres trophées, certains modèles nous ont rappelé de grands souvenirs comme la Ford Focus RS WRC du rallye de Grande-Bretagne 2010. Cette-année-là, Jari-Matti Latvala est monté sur la 3ème marche du podium de l’épreuve remportée par un certain Sébastien Loeb.

D’une année à une autre la réglementation du WRC a largement évolué à tous les niveaux. Ainsi la Ford Fiesta WRC « glaciale » car, c’est celle avec laquelle Mikko Hirvonen s’est imposé lors du rallye de Suède 2011, fait apparaître des appendices aérodynamiques beaucoup plus imposants.

Nous accorderons une mention spéciale à un modèle qui aura sans mal piqué notre curiosité, la Ford Escort RS 1700T, l’une des six construites. Pour l’anecdote, ce « monstre » devait faire sa place au début de l’ère du Groupe B avec sa transmission aux roues arrière et son moteur turbocompressé avant de laisser sa place à l’emblématique RS 200 mais, le projet n’a pas vu le jour en compétition.

Malgré cette histoire écourtée, l’Escort que vous avez sous les yeux a fait un passage en Afrique du Sud avant d’être rachetée par Malcolm Wilson en 1998. Une longue période durant laquelle elle n’a jamais été démarrée. Un drôle de destin pour une potentielle bête de course.

Plus loin dans un autre bâtiment, faisons un arrêt sur la mythique Ford Focus RS WRC de première génération qui fête le vingtième anniversaire de sa victoire au Safari Rally. Un succès remporté par le regretté Colin McRae au volant de cette atypique voiture de rallye  pourvue de tout un attirail spécifique à une telle épreuve africaine. Pare-buffle, suspensions rehaussées, conduit d’admission d’air le long du pare-brise, soit une vraie panoplie sans oublier une livrée qui rendait encore librement une image au symbolique Martini Racing présent en rallye depuis le début des années 80.

Chez M-Sport, nous avons eu le privilége d’observer les ingénieurs et les mécaniciens en plein travail dans les ateliers d’usinage, d’assemblage et le bureau d’étude, tous « classés défense ». Il nous a été logiquement impossible de prendre des photos de cette partie de la visite.

Mais que serait une telle visite, avec tout ce que cela implique comme mise en bouche, rêve, désir, sans toucher du doigt à la légende ? Une envie de concrétisation que M-Sport a rendu possible en nous faisant découvrir la magie d’une WRC de nouvelle génération dans le baquet du copilote avec, aux commandes de la Ford Fiesta WRC, le pilote Gus Greensmith.

Comment pouvions-nous nous attendre à une quelconque sensation tant ce que procure ce genre de voiture de course est phénoménal. Si nous devions décrire brièvement cet « essai », nous pouvons clairement dire que cette WRC se comporte sur la terre comme un prototype sur un circuit. Les trous et les bosses deviennent anecdotiques et seules les trajectoires comptent. De quoi offrir un confort de pilotage et un niveau de performance extraordinaire, l’appui aérodynamique faisant des miracles. Le confort ressenti dans le siège baquet du copilote contraste avec la vitesse extraordinaire de passage dans les courbes et épingles.

En travers, en glisse, ça passe partout au millimètre. Quand on imagine que Gus va freiner, il préfère jeter la Fiesta WRC en travers dans les virages. Les lois de la physique sont ainsi repoussées par les ingénieurs et le talent surhumain des pilotes de rallye. Quelques heures avant, nous étions, cette fois, au volant de la Ford GT sur la piste d’essai de chez M-Sport pour d’autres sensations mais non moins magiques, bien au contraire.

Une bien belle façon de conclure cette visite qui nous aura permis de remonter l’histoire du rallye au travers de cette équipe hors normes. Nous n’avons plus qu’à espérer une bonne continuation à M-Sport dans sa difficile entreprise en WRC face aux autres constructeurs depuis le départ du champion français Sébastien Ogier.

Le week-end dernier à domicile, l’équipe M-Sport s’est hissée à la 5ème place du rallye de Grande-Bretagne grâce à Elfyn Evans (photo ci-dessus). Continuez la visite grâce à d’autres photos à retrouver, ci-dessous, au terme de cet article.

Texte : Guillaume Pons

Photos : LesVoitures.com, Ford et Red Bull Content