“GR” pour Gazoo Racing, soit le département compétition Toyota engagé en WRC depuis 2015 et en Endurance (WEC) depuis 8 ans. Toyota, c’est aussi le constructeur automobile mondialement connu pour être le spécialiste des motorisations hybrides et un pionnier du domaine avec la Prius. Ce n’est pas sans un certain plaisir que nous écrivons cette introduction car, nous n’emploierons presque plus le terme “hybride” dans ce qui suit. Voici l’essai de la très attendue Toyota GR Yaris forte de 261 chevaux.
Pour bien “planter le décor”, faut-il rappeler que les citadines sportives sont en voie de disparition en Europe ? Les constructeurs automobiles étant soumis à des normes drastiques en matière d’émissions de CO2, ils doivent contrôler leur production et investir massivement pour commercialiser des véhicules électrifiés. Dans ce contexte dicté par nos politiques, l’arrivée de la Toyota GR Yaris sur le marché est un puissant bol d’air en termes de plaisir automobile…
La petite sportive japonaise au logo “GR” n’a quasiment rien en commun avec le modèle standard, la Yaris hybride qui vient juste d’être renouvelée. Les ingénieurs de chez Toyota et les équipes du Toyota Gazoo Racing sont donc partis d’une feuille blanche pour développer cette GR Yaris qui rejoint les Supra GR de 340 et 258 chevaux (essais disponibles en cliquant ici) au sein d’une gamme très sportive.
Débutons notre essai en présentant le design de cette Toyota GR Yaris. Sachez qu’elle repose sur une plateforme unique composée, pour l’avant, par la GA-B inaugurée sur la nouvelle Yaris et, la GA-C pour l’arrière, à savoir la base technique dédiée aux compacts Toyota comme, par exemple, la Corolla. Avec 3,995 m de longueur, la GR Yaris est plus longue de 55 mm comparativement à la Yaris standard et n’a que 3 portes.
A l’avant, pas de compromis avec un énorme bouclier particulièrement imposant et tranchant qui est même beaucoup plus ouvert que l’actuelle Yaris WRC ! A ce titre, il est important de préciser que la future version de compétition de la japonaise ne fera son entrée en championnat du monde des rallyes WRC qu’en 2022, ceci à cause de la pandémie de coronavirus.
Sous cet angle et de profil, ce sont les voies élargies de l’auto qui ressortent ainsi que son toit en composite de carbone forgé dont la courbe est particulièrement plongeante, ceci dans le but d’optimiser le traitement des flux d’air. Des optimisations aérodynamiques et de poids, on en retrouve partout, notamment pour les portières composées d’aluminium, les flancs lisses, le becquet, etc… sachant, en outre, que les jantes de la GR Yaris sont d’une taille de 18 pouces.
Vue de l’arrière, c’est tout aussi impressionnant avec un bouclier gigantesque qui ne fait qu’un avec les élargisseurs d’ailes et un diffuseur qui accueille une double sortie d’échappement. La surface vitrée apparaît alors minuscule, tout comme les feux arrière. Nous l’imaginons bien, en lisant ces lignes, vous êtes pressés de découvrir ce que vaut cette superbe GR Yaris sur la route mais, avant, passons à l’intérieur.
D’un rendu visuel radical pour sa carrosserie, la GR Yaris fait beaucoup plus dans la sobriété pour son habitacle. Cette fois, la structure de son cockpit est beaucoup plus proche que celle de la nouvelle Yaris Hybrid, les deux versions “sage” et “méchante” partageant presque tout. Commençons par le bon côté des choses. Il en ressort une qualité d’assemblage très sérieuse soutenue par des matériaux de bonne qualité ! Oui, on écrit bien, ici, sur une Toyota car, la 4ème génération de la Yaris fait un réel bon en avant sur cet aspect.
Notre “WRC de série” intègre néanmoins quelques spécificités dignes de son rang : sellerie cuir/Alcantara, logos “GR”, pédalier en aluminium, affichages de paramètres techniques (pression du turbo, répartition du couple sur la transmission intégrale, etc..) sièges baquets qui, à eux seuls prouvent les réels efforts portés sur les finitions par Toyota. A cela s’ajoutent, des surpiqûres rouges mais, on reste clairement sur notre faim.
On aurait ainsi apprécié la présence d’inserts au rendu en fibre de carbone ou, encore une fine touche de rouge pour la planche de bord. Contentons-nous de l’essentiel, à savoir, une commande de boîte de vitesses positionnée plus haute et le fameux sélecteur des modes de conduite. A noter que le volume du coffre est anecdotique (174 l) car, les ingénieurs de chez Toyota ont, entre autres, décidé de placer la batterie à l’arrière pour mettre un gros filtre à air à l’avant. Il est désormais grand temps de passer à l’un de nos jeux automnales favoris : faire voler les feuilles mortes !
Il ne faut que quelques centaines de mètres pour prendre conscience de l’extraordinaire potentiel de la Toyota GR Yaris. De quoi en oublier vite, une position de conduite, à notre goût, trop haute. Le “cœur mécanique” de la petite sportive est en effet extraordinaire ! Le 3-cylindres 1.6 l suralimenté est d’une générosité sans fin après environ 4 000 tr/min et jusqu’au rupteur, le pic de puissance de 261 chevaux étant disponible à 6 500 tr/min. Croyez-nous, même sans enclencher le mode “Sport” ou “Track”, cela, excusez-nous l’expression, envoie ! Quant au couple de la GR Yaris, il est de 360 Nm (entre 3 000 et 4 600 tr/min).
Le problème avec cette GR Yaris, c’est qu’il est impossible de résister à l’envie de “s’énerver” sur la pédale de droite ! Sur les routes boisées de la campagne des Yvelines, on ne résiste pas longtemps à jouer avec les trois modes de conduite qui agissent sur la transmission intégrale “GR-Four”, précisément sur la répartition de la puissance sur les trains avant/arrière de la Yaris, ceci de la manière suivante : “Normal” (60:40), “Sport” (30:70) et “Track” (50:50).
Alors que le bloc 1.6 l turbo génère un premier “Waouuh” à l’accélération (sans fin), l’équilibre sensationnel de l’auto en provoque un autre surtout en mode “Sport” qui laisse de la place à un comportement aussi sain que joueur sur des routes au “gras mouillé” plus que fun à appréhender ! On évoque ici, les prouesses réalisées par Toyota et son pôle compétition Gazoo Racing pour livrer une GR Yaris hyper-efficace et au plaisir de conduite hallucinant.
On entre alors très fort dans les courbes en inscrivant facilement l’auto sur sa trajectoire grâce à un système de freinage réellement digne d’une voiture de course (à l’avant : disques ventilés 356 mm/28 mm – étriers en aluminium à 4 pistons / à l’arrière : disques ventilés 297 mm/18 mm – étriers en aluminium à 2 pistons). Alors que la pédale de frein remonte parfaitement les informations issues de la route et que les Dunlop SP Sport Maxx 050 font des prouesses, on manque “un poil” de précision dans le volant mais, on fait néanmoins ce que l’on veut avec l’auto car, il y a largement assez de contenu dans le volant ! En virage, on peut ainsi maintenir une pression sur la pédale de droite avant, de nouveau, accélérer très très tôt ! Cela devient alors joueur sur le train arrière mais sans jamais provoquer un sentiment de perte de contrôle tant la motricité est à couper le souffle ! Ferme, l’amortissement de la GR Yaris ne tombe pas dans un excès de dureté désagréable.
La Toyota GR Yaris provoque tellement de plaisir à son volant que l’on en oublierait presque d’évoquer ses autres points forts à commencer par une commande de boîte de vitesses redoutable d’efficacité : les débattements du levier sont très courts et les vitesses se verrouillent instantanément. De surcroît, elle dispose d’une fonction hyper-efficace simulant un talon-pointe ! Ensuite, et comme vous l’aurez compris, la GR Yaris propose un dynamisme de tous les instants, les changements de cap étant de l’ordre de ce qu’il se fait de mieux aujourd’hui sur le marché des sportives, ceci, répétons-le, grâce à un châssis hyper-affuté ! Bref, au volant de la petite japonaise, on est comme envoûté !
Avant de parler chiffres, précisons que nous avons eu le plaisir d’essayer la GR Yaris en finition “Pack Premium”, une version “Track” incluant principalement deux différentiels Torsen à glissement limité avant/arrière et une monte pneumatique Michelin Pilot Sport 4S sera également proposée.
Au niveau des performances, la Toyota GR Yaris affiche, sur sa fiche technique, un 0 à 100 km/h abattu en 5,5 s et peut atteindre 230 km/h (bridage électronique). Encore une fois, l’expertise Toyota en sport automobile fait mouche. Ce n’est pas un hasard si nous avons choisi ce paragraphe pour préciser le poids de la GR Yaris qui n’est de seulement 1 280 kilos (à vide)… une performance ! Faut-il alors aborder les émissions de CO2 et les consommations ? Oui, enfin non ! Sachez juste que les 186 g/km de CO2 vous couteront 6 039 € de malus jusqu’au 31 décembre 2020.
En conclusion, Toyota fait très très fort avec sa GR Yaris qui n’a plus de concurrente face à elle, à part, peut-être la Ford Fiesta ST, cette dernière étant beaucoup moins puissante (200 ch) et sans transmission intégrale. Le plaisir intense que nous a procuré la sportive japonaise va devenir de plus en plus rare à trouver. La GR Yaris “Pack Premium” s’offre à partir de 35 600 €, seul le malus écologique l’impacte lourdement mais, le père Noël existe peut-être…
Texte et essai : Frédéric Lagadec
Photos : LesVoitures.com (Ugo Missana)