Le sujet revient, inlassablement, tel un “spectre qui hante” les automobilistes, à savoir la possibilité de mettre en place, par l’Etat, de nouveaux contrôles. Or, dans les annexes du PLF 2025 (Projet Loi de Finances), il est indiqué : « Selon les capacités technologiques et l’homologation nécessaire, de nouvelles infractions pourront être déployées, sur plusieurs centaines d’équipements (inter-distance, non-respect du port de ceinture, téléphone tenu en main). »
Cette ambition de contrôler, via les radars automatiques, les distances dites “de sécurité”, le port de la ceinture de sécurité, ainsi que le téléphone au volant, est vieille de 8 ans. Aujourd’hui, elle refait donc son apparition dans le PLF 2025. En 2008, déjà, précisons que des essais ont été effectués, sans succès, avec un radar de tunnel qui avait pour objectif de mesurer l’écart entre deux véhicules sur l’A43 en Savoie. Puis, l’année 2016 devait marquer le tournant avec les radars tourelles de type “ETT” (Equipement de Terrain Tourelle), censés contrôler une quinzaine d’infractions au code de la route. Mais, ces radars automatiques ont été, à l’époque, uniquement homologués, par la Sécurité routière, pour contrôler la vitesse des automobilistes et le respect des feux tricolores, au rouge bien sûr,.
Pourquoi cette relance soudaine, aujourd’hui, concernant les contrôles possibles, en 2025, du respect du port de la ceinture de sécurité et de ceux liés au fait qu’il ne faut pas tenir en main, un smartphone/téléphone et tenir les distances de sécurité ? Tout simplement car les avancées technologiques, surtout l’intelligence artificielle, offrent de nouvelles perspectives pour les radars automatiques. La Sécurité routière y voit la possibilité de renforcer les contrôles automatisés, mais la réalité s’avère plus complexe. Sur route et autoroute, la détection de l’inter-distance est simple, mais en milieu urbain, les embouteillages brouillent la donne. Les dispositifs modernes, tels que la tourelle Idemia Fusion, le Parifex Vigie ou le Poliscan Vitronic, sont des “bijoux de technologie”. Ils promettent de mesurer, d’analyser, de contrôler presque tout. Cependant, et c’est loin d’être un détail, même si les radars précédemment cités sont capables, techniquement, de contrôler les 3 nouvelles infractions qui font l’objet de cet article, il faudra, impérativement, que tous les dispositifs passent par une phase d’homologation.
Dans le détail, par exemple, l’Idemia Fusion est une tourelle est dotée d’une antenne Doppler multi-cibles et à suivi de trajectoire, ce qui permet de suivre jusqu’à 126 véhicules en mouvement sur 100 mètres et plusieurs voies. Bien que déployée en France, la version locale de l’Idema Fusion est donc limitée au contrôle de la vitesse et des feux, tandis que la version vendue à l’étranger dispose de fonctions plus avancées.
Concernant le Parifex Vigie, cet autre radar automatique utilise un lidar 3D pour suivre les véhicules sur plusieurs voies jusqu’à 100 mètres. Placé en priorité sur les axes fréquentés par les poids-lourds, il vise à empêcher les camions de circuler en étant trop rapprochés. Quant au Poliscan Vitronic, il est doté d’un lidar 2D, ce radar allemand étant capable de mesurer la vitesse avec un fort taux de répétition, ce qui le rend idéal pour le contrôle de l’inter-distance. Ses démonstrations en versions fixes et mobiles montrent sa capacité à suivre plusieurs cibles simultanément.
Pour que tous ces radars automatiques puissent être utilisés pour verbaliser les infractions, ils doivent, insistons bien, être homologués. Cette procédure est longue, coûteuse et fastidieuse, mais indispensable pour garantir la fiabilité des mesures. A noter que les radars autonomes, comme le Parifex Nomad, peuvent également intégrer ces nouvelles fonctionnalités après une simple mise à jour.
En ce qui concerne, plus précisément encore, le contrôle du téléphone, ou smartphone, au volant et du port de la ceinture, les radars automatiques nécessitent l’intégration de caméras dites “intelligentes”. Ces caméras filmeront les infractions potentielles, qui devront ensuite être validées par un agent habilité.
L’intelligence artificielle jouera un rôle clé dans l’amélioration des algorithmes de détection, apprenant de leurs erreurs pour réduire les faux positifs. Ainsi, les systèmes suivants, déjà connus et déployés, pourraient être adaptés pour les nouvelles fonctions voulues par la Sécurité routière en 2025, et bien d’autres :
- Fareco-Fayat Hovy : utilisé pour le contrôle du covoiturage sur le périphérique parisien et l’A1. Ce radar pourrait potentiellement repérer d’autres infractions grâce à ses caméras intrusives.
- Idemia Mesta Compact : déployé principalement dans la moitié sud de la France, ce modèle peut repérer diverses infractions, y compris le non-respect des voies réservées et l’encombrement des carrefours. Une version haut de gamme, Focus Edition, promet même de détecter les conducteurs utilisant leur téléphone au volant et le non-port de laceinture.
- Parifex Nomad : très présent dans la moitié nord du pays, ce radar urbain multi-infractions utilise un lidar 3D Nano-Cam : il pourrait également être adapté, aussi, pour détecter des infractions comme le stop grillé, le contre-sens, et le non-respect des voies réservées.
Enfin, la technologie est là, mais le chemin vers une mise en œuvre effective passe, de nouveau, par l’homologation des radars automatiques actuels ou des futurs. Ce dernier point représente une étape cruciale pour que ces radars, véritables “sentinelles” de la Sécurité routière, puissent remplir leurs différentes fonctions. Voilà l’enjeu, voilà le défi. A ce jour, aucun marché public n’a encore été lancé, à notre connaissance. Cependant, la donne pourrait vite changer. Le PLF 2025 prévoit déjà 46,3 M€ d’investissements dans de nouveaux radars. Cette somme, une fois déployée, pourrait transformer rapidement ce projet en réalité, poussant les fabricants à accélérer le processus d’homologation. Quand l’argent est en jeu, les choses peuvent se mettre en mouvement à une vitesse fulgurante.
La rédaction
Photos : LesVoitures.com et Idemia