Le scandale mondial des airbags Takata, déjà considéré comme l’un des plus graves de l’histoire de l’industrie automobile, prend une nouvelle dimension en France. Après le groupe Stellantis (Citroën, DS, Peugeot, Opel), trois autres constructeurs majeurs sont désormais officiellement visés par une instruction judiciaire : BMW, Toyota et le groupe Volkswagen (incluant Audi, Seat, Skoda et Volkswagen). Selon les estimations, plus de 2,5 millions de véhicules circulant sur le territoire français seraient concernés par ces dispositifs défectueux, alors que les autorités ont confirmé au moins vingt décès et plusieurs blessés graves imputables à ces airbags défectueux.
L’affaire des airbags Takata a pris un nouvel essor en 2024, après la mort d’un automobiliste dans les Hautes-Pyrénées, événement qui a déclenché l’action collective initiée par le cabinet d’avocats Lèguevaques en partenariat avec la plateforme MyLeo. À l’origine, la procédure visait uniquement les propriétaires de Citroën C3 et DS3, modèles équipés d’airbags Takata. Mais l’ouverture d’une information judiciaire le 16 avril 2025 a révélé que le problème dépassait largement le périmètre de Stellantis. Les investigations ont confirmé que de nombreuses autres marques avaient utilisé ces airbags, dont la conception repose sur un détonateur au nitrate d’ammonium. Ce composé chimique, instable avec le temps et sensible aux variations de température et d’humidité, peut provoquer une explosion incontrôlée lors du déclenchement de l’airbag, projetant des fragments métalliques dans l’habitacle et transformant un dispositif censé protéger en véritable danger mortel.

En novembre 2025, le cabinet Lèguevaques a confirmé que quatre procédures pénales distinctes sont désormais ouvertes contre Stellantis, BMW, Toyota et Volkswagen. Les chefs d’accusation sont particulièrement lourds : tromperie aggravée, pratiques commerciales trompeuses, mise en danger de la vie d’autrui, ainsi que pour homicides et blessures involontaires. Les enquêteurs recensent plus de vingt décès liés directement aux airbags Takata en France, dont une majorité dans les départements d’outre-mer, mais également plusieurs cas en métropole. Certaines marques des groupes concernés échappent toutefois à la procédure, car elles n’ont pas eu recours à ces équipements. Fiat, Alfa Romeo, Mini et Porsche ne figurent pas parmi les constructeurs incriminés. Rappelons qu’UFC-Que Choisir, qui a d’abord porté plainte contre Stellantis, a déposé en mai 2025 de nouvelles plaintes également contre BMW, Toyota, Mercedes-Benz et Volkswagen.
Les propriétaires de véhicules Audi, BMW, Opel, Seat, Skoda, Toyota et Volkswagen peuvent désormais rejoindre l’action collective, aux côtés des conducteurs de Citroën et DS déjà mobilisés. L’objectif affiché est double : obtenir une indemnisation pour les victimes et contraindre les constructeurs à assumer leurs responsabilités. Les inscriptions se font via la plateforme MyLeo, à l’adresse contact@myleo.legal, en transmettant la carte grise du véhicule ainsi que le courrier de rappel constructeur. Les démarches s’annoncent longues et coûteuses, avec des honoraires à prévoir, mais certaines protections juridiques ou l’aide juridictionnelle de l’État peuvent prendre en charge ces frais pour les foyers aux revenus modestes.
Enfin, le dossier des airbags Takata défectueux illustre l’ampleur d’un scandale qui touche l’ensemble de l’industrie automobile mondiale. Rappelons que le groupe japonais Takata, fournisseur d’airbags, a été placé en faillite en 2017 après la révélation de défauts ayant entraîné des centaines de rappels et plus de 100 millions d’unités remplacées à travers le monde. En France, l’affaire prend désormais une tournure judiciaire inédite, avec la mise en cause directe de plusieurs géants du secteur. Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si les constructeurs automobiles devront répondre devant la justice pénale de ce qui s’annonce comme l’un des plus vastes contentieux automobiles jamais ouverts dans le pays.
La rédaction
Photos : LesVoitures.com

