Les voitures électriques et hybrides rechargeables (PHEV) coûtent en moyenne 11 % plus cher à indemniser que leurs équivalents thermiques, un écart qui grimpe à 14 % lorsqu’on considère uniquement les dommages matériels. Ce surcoût est principalement lié à la complexité des batteries, qui représentent jusqu’à 50 % du prix total du véhicule.
Dans une étude d’envergure fondée sur l’analyse de 1,9 million de dossiers d’indemnisation, la fédération France Assureurs met en lumière les conséquences économiques de la transition vers le véhicule électrique sur le secteur de l’assurance automobile. Les résultats sont sans appel : les voitures électriques et hybrides rechargeables génèrent des coûts de réparation significativement plus élevés que les modèles essence ou diesel de même catégorie et génération. En moyenne, les assureurs déboursent 11 % de plus pour indemniser un sinistre impliquant un véhicule électrifié. Ce chiffre atteint 14 % lorsqu’on exclut les cas de responsabilité du conducteur et ne considère que les dommages matériels. France Assureurs alerte aussi sur le « cas Tesla« .

La principale cause de ce surcoût réside dans les batteries lithium-ion, souvent intégrées de manière peu accessible et difficilement réparables. Ces composants, essentiels au fonctionnement des voitures électriques, peuvent représenter entre un tiers et la moitié du coût total du véhicule. Leur remplacement ou leur réparation nécessite des compétences spécifiques, des outils adaptés et un temps d’intervention plus long. Or, les constructeurs automobiles ne facilitent pas toujours l’accès à ces éléments, ni leur démontage, ce qui complexifie le travail des réparateurs et alourdit la facture.
Parmi les marques les plus concernées, Tesla est explicitement citée par France Assureurs. Les modèles du constructeur automobile américain, tels que la Model 3, la Model Y ou la Model S, sont réputés pour leur conception fermée et leur architecture propriétaire. Les pièces détachées sont souvent difficiles à obtenir et leur remplacement exige une grande précision. Cette situation freine les réparateurs indépendants et rallonge les délais d’intervention, contribuant à une hausse des coûts d’indemnisation.
Outre les batteries, certains éléments esthétiques propres aux voitures électriques participent également à l’augmentation des coûts. Les bandes lumineuses LED à l’avant et à l’arrière, devenues emblématiques du design futuriste de ces véhicules, sont particulièrement onéreuses à remplacer en cas de sinistre. Lors d’un bris de glace ou d’un choc sur les optiques, la facture peut grimper de 24 % par rapport à un véhicule thermique équipé de phares classiques.
En revanche, l’étude ne relève pas de différence significative en matière de fréquence ou de gravité des accidents entre les voitures électriques et thermiques. L’étude ne relève aucun comportement aggravant chez les conducteurs de VE, ce qui recentre le débat sur les aspects techniques et économiques de la réparation.
Face à ces constats, France Assureurs appelle à une révision de la réglementation européenne. La fédération demande que les constructeurs automobiles soient contraints de concevoir des batteries plus accessibles et réparables, dès la phase de développement. Elle propose également de favoriser la libre concurrence entre réparateurs, en facilitant l’accès aux pièces détachées et aux outils de diagnostic pour les professionnels indépendants. Cette mesure vise à contenir l’inflation des coûts d’indemnisation et à préserver une assurance automobile accessible à tous, dans un contexte de transition énergétique accélérée.
Enfin, l’ouverture du marché de la réparation aux voitures électriques se heurte à un obstacle majeur : la formation technique. De nombreux réparateurs ne disposent pas encore des compétences nécessaires pour intervenir sur des véhicules à batterie, dont les systèmes électriques haute tension exigent des précautions spécifiques, chez Tesla en particulier. La montée en puissance des véhicules électriques impose donc une transformation profonde du secteur de la réparation automobile, tant sur le plan réglementaire que professionnel.
La rédaction
Photos : LesVoitures.com

