Au 1er février dernier, les tarifs des péages des autoroutes ont augmenté, en moyenne, de 4,75% en France alors que les Sociétés Concessionnaires d’Autoroutes (SCA) réalisent des profits colossaux. A ce jour, face à cette situation, le gouvernement français, via Bruno Le Maire, tente de réagir comme il peut. En janvier dernier, Le Canard Enchaîné a, en effet, révélé, qu’une étude menée par l’IGF (Inspection Générale des Finances) et le CGEDD (Conseil général de l’Environnement et du Développement Durable), aurait préconisé une baisse de 60% des prix appliqués par les SCA sur leurs différents réseaux autoroutiers.
Comme le révèle, notamment Le Figaro, le ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, s’est exprimé devant les commissions des Finances et du Développement durable de l’Assemblée nationale, ceci le 22 mars dernier sur le dossier brûlant liés aux tarifs des péages des autoroutes. Bruno Le Maire a alors reconnu que les calculs de rentabilité réalisés en 2006, n’avaient « pas été bons ». Précisons que la privatisation des autoroutes remonte à cette même année 2006. Face à cette situation embarrassante pour le gouvernement français et au rapport, encore plus embarrassant, de février 2021, évoqué en introduction, Bruno Le Maire a saisi le Conseil d’Etat pour voir comment il serait possible de réduire la durée des contrats qui lient les Sociétés Concessionnaires d’Autoroutes à l’Etat. A noter, et que le rapport de l’IGF et du CGEDD aurait été étouffé par le gouvernement. On comprend mieux pourquoi aujourd’hui.
Revenons à fin 2022 lorsque l’ART (Autorité de Régulation des Transports) a révélé les profits plutôt très élevés réalisés par les Sociétés Concessionnaires d’Autoroutes en 2021. Le document de 144 pages baptisé « Rapport annuel – La synthèse des comptes des concessions autoroutières – Exercice 2021 » du 20 décembre 2022 fait ainsi apparaître un résultat net de 3,9 milliards d’euros pour les SCA. Pour aller plus loin, l’ART explique dans son rapport : « Ce résultat est la combinaison de plusieurs facteurs : la hausse de l’EBITDA, mais aussi une diminution du taux de l’impôt sur les sociétés et une baisse des frais financiers. Les flux de trésorerie, mécaniquement en hausse, ont été majoritairement affectés aux dividendes, qui augmentent de près de 40 % par rapport à 2020 et de 5% par rapport à 2019, et au désendettement. » Ce n’est pas tout car, toujours selon le document publié par l’ART : « Les dividendes versés par les sociétés concessionnaires enregistrent une forte hausse, de 38,5%, en 2021, correspondant à une augmentation de 905 millions d’euros. Les dividendes sont aussi en hausse par rapport à 2019, de 5%, et par rapport à la moyenne des années 2015-2019, de 5% également. Toutes les sociétés versant des dividendes ont augmenté ce montant en 2021 par rapport à 2020. » Le document « Rapport annuel – La synthèse des comptes des concessions autoroutières – Exercice 2021 » est à télécharger (format pdf), gratuitement en cliquant sur l’image située ci-dessous.
Enfin, même si les SCA sont contrôlées par l’Etat, elles semblent pouvoir faire presque ce qu’elles veulent en termes de tarifs pour leurs autoroutes. Bruno Le Maire souhaite aussi, en s’appuyant sur l’ART, que les futurs contrats soient plus courts et qu’ils intègrent « une clause de révision des tarifs des péages en fonction du niveau de rentabilité ». D’ici là, ce sont les automobilistes, usagers de la route, professionnels ou non qui, remplissent largement les caisses des SCA…
La rédaction
Photos : images d’illustration LesVoitures.com