[dropcap style= »style4″]L[/dropcap]e marché des hybrides rechargeables est en plein essor. Avec une augmentation de 110% entre 2014 et 2015, cette solution semble séduire de plus en plus d’automobilistes. Et cela n’a rien d’étonnant, puisqu’elle allie les avantages des véhicules électriques (silence, absence d’émissions polluantes…) et des véhicules thermiques (autonomie, pas de recharges interminables…).
BMW ne pouvait ignorer ce marché représentant déjà près de 100 000 immatriculations en Europe en 2015. En parallèle de sa gamme i, coiffée par la sculpturale i8, la marque à l’hélice propose aujourd’hui deux modèles à même de séduire les automobilistes en quête d’économies et d’écologie, la 225xe et la 330e. Découverte sur les routes charentaises.
Commençons par la plus familiale des deux, la 225xe Active Tourer. Les familiers de la gamme BMW auront noté la lettre « x », synonyme de transmission intégrale. Car oui, le moteur électrique de 88 ch et sa batterie se trouvent au niveau du train arrière. Bien entendu, l’Active Tourer ne se destine pas au franchissement d’obstacles boueux, mais cette caractéristique apporte un supplément de sécurité, puisque la propulsion électrique peut s’enclencher en cas de perte d’adhérence, et ce jusqu’à 130 km/h.
A l’avant, on retrouve un 3-cylindres essence de 136 ch, volontaire et à la sonorité sympathique. Le couplage de ces deux éléments permet ainsi d’obtenir 224 ch et 385 Nm de couple, une valeur fort respectable pour un monospace que l’on imagine pas spécialement destiné à un usage sportif.
Et pourtant, malgré sa hauteur et son architecture inhabituelle pour une BMW (moteur transversal, traction avant thermique et propulsion électrique), on retrouve immédiatement les gènes bavarois dans son comportement dynamique. Oubliez les monospaces mous et dont le roulis rappelle à l’ordre le conducteur optimiste, l’Active Tourer vire quasiment à plat et accepte d’être mené à un rythme soutenu. Ce qui amusera certains et rassurera les autres, pouvant compter sur un comportement sans surprise. L’instantanéité de la réponse du moteur électrique et la vigueur du petit moteur thermique permettront également d’envisager sereinement les dépassements.
La 330e, quant à elle, développe également 88 ch en mode électrique, mais gagne 1 cylindre par rapport à la 225xe, pour culminer à 184 ch (soit 252 ch en combiné, tout de même). Le 0 à 100 km/h est abattu en seulement 6,1 s. Là encore, le moteur électrique entraîne les roues arrières, mais cette fois, architecture classique BMW oblige, le moteur thermique est longitudinal et propulse également les roues arrières.
Le faible poids du 4-cylindres essence et la disposition des batteries sur le train arrière permettent une nouvelle fois de conserver un équilibre sans faille et un comportement digne de la marque. Le dynamisme est de mise et les relances boostées par le moteur électrique donneraient presque des airs de sportive à l’élégante berline bavaroise.
Mais outre leur comportement resté intact, l’intérêt de ces versions réside surtout dans la possibilité de les recharger, permettant ainsi de profiter d’une autonomie en mode électrique pouvant atteindre environ 40 km (à condition d’être très léger sur la pédale de droite, ne nous mentons pas). Au bout de 3h15 de charge sur une prise domestique ou 2h15 sur une prise rapide, la 225xe Active Tourer et la 330e se transforment donc en véhicule électrique, permettant de se rendre au travail ou d’emmener les enfants à leurs activités, le tout dans un silence très appréciable et sans consommer la moindre goutte de précieux carburant fossile.
La vitesse de pointe électrique de 130 km/h permet de parcourir tout type de trajet. Nous avons testé et approuvé cette caractéristique, bien que notre autonomie se situait plutôt autour de 30 km sur les deux modèles. Les différents modes de gestion des moteurs vous permettront d’optimiser votre consommation et de faire de réelles économies, sans vous limiter à une utilisation exclusivement urbaine et sans penser à la distance à parcourir jusqu’à la prochaine borne de recharge. A ce propos, une application pour smartphone, livrée de série, vous permettra de localiser les bornes à proximité, mais aussi de recueillir des données sur vos trajets, paramétrer les horaires de recharge (afin de profiter des heures creuses par exemple) ou encore, comble du raffinement, d’activer le chauffage ou la climatisation à distance et/ou à une heure précise !
Visuellement, peu d’éléments distinguent les 225xe Active Tourer et 330e de leurs homologues thermiques. Seuls quelques badges eDrive et la trappe de recharge électrique, près du passage de roue avant gauche. A l’intérieur, un bouton permet de sélectionner l’un des 4 modes de conduite :
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Auto eDrive : comme son nom l’indique, gère automatiquement le compromis moteur thermique / moteur électrique
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Max eDrive : mode tout électrique. Le moteur électrique redémarre tout de même en utilisant le « kick down »
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Save : mode d’économie de la batterie
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Charge : permet de recharger la batterie en utilisant le moteur thermique
En revanche, bien que la modularité des modèles n’ait pas été remise en cause (ce qui est particulièrement appréciable pour l’Active Tourer), le volume de coffre subit quelque peu la greffe des batteries sous le plancher. Avec 400 l pour l’Active Tourer (-68 l) et 370 l pour la 330e (-110 l), ils sont tout de même loin d’être ridicules.
Proposées respectivement à partir de 38 950 € et 46 950 € (et toujours aidées par le bonus de 1 000€), les 225xe Active Tourer et 330e sont moins chères que leurs homologues diesel de puissance comparable, voire inférieure. Ajoutez à cela la possibilité de rouler en tout électrique toute la semaine ainsi que l’agrément supérieur du combiné thermique/électrique et vous obtenez une offre alléchante. Elles sont également légèrement moins chères que leurs principales concurrentes rechargeables. Les professionnels apprécieront également l’exonération de TVS pendant deux ans.
La question de la consommation de carburant reste toutefois en suspens et dépend fortement de votre utilisation. Si celle-ci peut être nulle si vous parcourez moins de 40 km entre chaque recharge (ce qui implique d’avoir une ou plusieurs bornes à domicile et/ou au bureau), que vous vous pliez à l’utilisation du câble électrique, l’intérêt de l’hybride diminue à mesure que les distances se rallongent et que les vitesses moyennes augmentent, le moteur électrique n’agissant alors qu’en soutien du propulseur thermique. Si la consommation « officielle » de ces deux modèles s’établit autour de 2 l aux 100 km, nos tests sur de plus longs trajets ramenaient ce chiffre aux alentours de 5 à 6 l aux 100 km (ce qui reste très honorable).
En conclusion, ces modèles ne s’adressent pas forcément à tous les automobilistes. Reste que le plaisir de parcourir des kilomètres dans un silence monacal tout en étant capable de rejoindre la destination des vacances sans multiplier les arrêts mérite que l’on s’attarde sur ces belles propositions de la marque bavaroise. Rarement plaisir de conduite, écologie et économie n’ont fait aussi bon ménage…
Essai, texte et photos : Alexandre Besançon