Le brief de Stephan Winkelmann était simple : et si Bugatti construisait l’hypercar la plus extrême qui puisse être, en utilisant les capacités de son W16 de 8.0 litres à leur maximum et en réduisant le poids à son strict minimum ? Le résultat, le voici, la Bugatti Bolide. Faisons les présentations.
Si la marque Bugatti incarne de nos jours la puissance et le luxe avec ses différents modèles dépassant allègrement les 1 000 chevaux tout en accueillant leur propriétaire dans un écrin de cuir et de matériaux nobles, il ne faut pas oublier qu’elle détient l’un des plus beaux palmarès de course de l’entre-deux-guerres, avec des pilotes tels que Pierre Veyron, Louis Chiron ou encore Albert Divo (ces noms vous diront probablement quelque chose). La Bolide, prévue pour le circuit (bien qu’aucun programme de compétition ne soit annoncé à ce jour), rend hommage à ces merveilles du passé et notamment à la Bugatti Type 35, la plus efficace d’entre elles avec plus de deux mille victoires en course, dont elle reprend la hauteur de 995 mm, soit moins d’un mètre de haut !
Bugatti a souhaité construire une hypercar extrême, véritable vitrine du savoir-faire du constructeur dans tous les domaines, en profitant de la quasi-absence de contrainte que représente la voiture de circuit. La Bolide reprend le W16 de 8.0 litres suralimenté par 4 turbos de la Chiron, mais poussé au maximum de ses capacités, jusqu’à atteindre la puissance monumentale de 1 850 ch pour 1 850 Nm de couple, grâce notamment au carburant SP110 de course. L’utilisation massive de matériaux de pointe tels que la fibre de carbone, ou encore le titane en impression 3D (permettant d’imprimer des pièces creuses, une technologie issue de l’aéronautique et l’aérospatiale) contribuent à limiter le poids de façon drastique. Il en résulte un poids incroyablement faible de 1 240 kg, soit le poids d’une Renault Mégane !
Les plus doués en calcul mental l’auront déterminé, le rapport poids/puissance s’établit donc à 0,67 kg par cheval, soit près de deux fois mieux que la Chiron, pourtant l’une des voitures de série les plus puissantes du monde. Les chiffres de performances sont donc affolants : 0 à 100 km/h en 2,17 secondes, 0 à 400 km/h en 12,08 secondes et même un 0 à 500 km/h en 20,16 secondes. Les freins à disques et garnitures en céramique, comme en F1, ne doivent avoir aucun mal à stopper cette machine si légère.
L’aérodynamique de la voiture n’a pas été oubliée, avec un inédit système de bulles gonflables permettant de réduire les turbulences sur le toit et d’augmenter l’appui sur l’aileron, aboutissant à 1 800 kg d’appui sur l’arrière et 800 kg à l’avant à 320km/h.
La hauteur totale de moins d’un mètre déjà évoquée permet de réaliser la compacité de l’ensemble, malgré le gigantesque moteur W16 qui trône juste derrière les deux baquets des occupants. Les pneus slick Michelin 340 mm de large à l’avant et 400 mm à l’arrière montés sur des jantes forgées en magnésium sont tout bonnement monstrueux et doivent, en plus des amortisseurs à poussoirs hydrauliques, permettre d’atteindre des forces latérales monumentales.
Bugatti a d’ailleurs effectué des simulations : la Bolide serait capable d’avaler la boucle Nord du Nürburgring (la mythique Nordschleife) en seulement 5 minutes et 23 secondes – seulement 4 secondes derrière la Porsche 919 Hybrid Evo, débarrassée de toute contrainte réglementaire – et le circuit des 24 heures du Mans en 3 minutes et 7 secondes (le record actuel Kamui Kobayashi sur la LMP1 Toyota en 2017 étant de 3:14:791).
Cette référence au circuit des 24 Heures du Mans serait-elle un signe d’un retour tant attendu de Bugatti sur la course mythique, qu’elle a remporté en 1937 et 1939 ? La marque ne communique pas sur ce point pour le moment et précise même que, pour l’heure, la Bolide n’est qu’un concept-car et que sa commercialisation n’a pas encore été décidée. Vous pouvez ranger votre chéquier.
Texte : Alexandre Besançon
Photos : Bugatti