BYD, mastodonte de l’automobile électrique, ne se contente plus de dominer les routes : il s’attaque désormais aux océans. Dans une démonstration de puissance industrielle inédite, le constructeur automobile chinois s’est doté de sa propre flotte de navires pour acheminer ses véhicules à travers le globe. Objectif affiché : exporter jusqu’à 1 million de voitures par an. Une stratégie logistique titanesque, mais qui soulève de sérieuses questions environnementales.

Alors que la plupart des marques chinoises peinent à atteindre la rentabilité, BYD (Build Your Dreams) multiplie les records et les initiatives audacieuses. Pour soutenir sa croissance explosive à l’international, notamment avec ses voitures électriques, le groupe a lancé une flotte de huit navires rouliers entièrement dédiés au transport de ses véhicules. Ces géants des mers, conçus pour embarquer des voitures sans conteneurs ni grues, permettent un chargement direct grâce à des rampes intégrées.

BYD voitures électriques

Parmi les impressionnants navires très polluants déjà opérationnels, on retrouve :

  • BYD N°1 (livré en janvier 2024)
  • BYD Hefei
  • BYD Changzhou
  • BYD Shenzhen
  • BYD Xi’an
  • BYD Changsha
  • BYD Zhengzhou
  • BYD Jinan

Chaque bâtiment affiche une capacité colossale : entre 7 200 et 9 000 véhicules selon la configuration. À pleine charge, un seul navire peut transporter l’équivalent de la production mensuelle d’une usine européenne.

La majorité des exportations partent de Chine vers l’Europe, mais le constructeur automobile chinois diversifie ses points d’origine. Le marché britannique est notamment alimenté par l’usine de Rayong, en Thaïlande, tandis que le modèle BYD Seagull (commercialisée sous le nom Dolphin Mini sur certains marchés) et rebaptisé Dolphin Surf en Europe, est partiellement produit au Brésil pour desservir l’Amérique latine.

BYD Dolphin Surf citadine électrique

Mais derrière cette prouesse logistique se cache une réalité moins reluisante : le transport maritime est l’un des secteurs les plus polluants au monde. Ces cargos, bien qu’efficaces, fonctionnent majoritairement au fioul lourd, un carburant extrêmement nocif pour l’environnement. À titre de comparaison, un seul navire de ce type peut émettre autant de particules fines et de CO₂ qu’un million de voitures thermiques sur une année.

Ironie du sort : la marque chinoise, novatrice en termes de mobilité à zéro émission, avec des voitures électriques comme la BYD Seal U, la BYD Dolphin Surf ou encore le BYD Tang EV, utilise des moyens de transport intercontinentaux qui contredisent son image verte. L’entreprise, qui ambitionne de dépasser Tesla en volume de ventes, semble prête à tout pour imposer ses véhicules sur les marchés occidentaux, quitte à sacrifier une partie de sa cohérence écologique.

Enfin, avec une production annuelle qui dépasse les 3 millions de véhicules, dont une majorité de modèles 100 % électriques, BYD s’impose comme le constructeur automobile le plus prolifique du monde dans le segment zéro émission. Mais cette expansion fulgurante, soutenue par une flotte maritime privée, pose une question cruciale : peut-on vraiment parler de transition écologique quand les moyens de distribution restent aussi polluants ?

La rédaction

Photos : BYD