Invité sur LCI, Carlos Tavares, ancien directeur général de Stellantis, a livré une interview sans détour. Il y critique la stratégie européenne en matière de transition énergétique, défend sa rémunération et alerte sur la fragilité budgétaire française.
Depuis quelques jours, l’ex-CEO de Stellantis fait le tour des médias. Sur LCI, alors que la crise économique qui touche la filière automobile française et européenne semble clairement s’amplifier, dès le début, Carlos Tavares a dénoncé la méthode européenne liée aux voitures électriques.

Selon lui, Bruxelles a imposé l’électrique sans pragmatisme. Faut-il rappeler que les ventes de voitures thermiques et hybrides neuves seront, à ce jour, interdites au sein de l’UE à partir du 1er janvier 2035 ? Carlos Tavares a ainsi déclaré sur LCI :
« La solution qui a été imposée est d’un coût exorbitant pour la société avec un bénéfice minimal pour la planète. »
Carlos Tavares a distingué deux logiques. D’un côté, l’entreprise cotée, obligée de respecter la loi. De l’autre, l’ingénieur citoyen, qui juge la solution inefficace. Ensuite, Tavares a insisté sur l’impact social. Les voitures électriques restent trop chères. Résultat : la classe moyenne ne peut plus acheter de véhicules neufs et, in fine :
« S’il n’y a pas de volume, il n’y a pas de bénéfice pour la planète. »
Autrement dit, la transition échoue si elle ne touche pas le plus grand nombre.
Par ailleurs, Carlos Tavares a rappelé un fait simple : 1,3 milliard de voitures thermiques circulent encore dans le monde. Or, aucune stratégie claire n’existe pour les remplacer progressivement :
« Le plus urgent est d’enlever de la route les véhicules les plus polluants et de les remplacer par des véhicules plus vertueux. »
Pour lui, l’Europe s’est concentrée sur le neuf, en oubliant l’existant.
Autre conséquence : l’Europe s’affaiblit face à la concurrence chinoise. Les constructeurs automobiles asiatiques, particulièrement les Chinois, arrivent avec des voitures électriques moins chères, soutenus par des subventions massives et un accès privilégié aux matières premières :
« Au bout de ce processus, vous avez transféré vos usines aux Chinois comme résultat du diktat réglementaire que nous nous sommes infligés nous-mêmes. »
Ainsi, l’Europe perd sa souveraineté industrielle.
Interrogé sur ses revenus, près de 80 M€ en quatre ans, Carlos Tavares a clairement assumé :
« Mon salaire était à 90 % indexé sur la performance de l’entreprise. Comme pour un joueur de football ou un pilote de Formule 1, il y a une transaction, on la respecte. »
Carlos Tavares a reconnu, sur LCI, que le sujet alimente un ressentiment social. Mais il estime que le vrai problème n’est pas le montant des salaires, mais l’usage de l’argent.
Tavares a également exprimé un doute profond sur la capacité de la France à redresser ses comptes :
« On ne peut pas laisser filer les dépenses indéfiniment. »
Carlos Tavares a opposé la rigueur portugaise, où les budgets sont équilibrés chaque année, à la dérive française.
Enfin, cette interview met en lumière une contradiction européenne. L’Union a voulu incarner le leadership écologique mondial. Mais elle a choisi une voie unique, sans tenir compte des réalités sociales et industrielles. Sur le plan social, la classe moyenne se retrouve exclue, incapable de suivre le rythme imposé par le coût des voitures électriques. Sur le plan industriel, l’Europe s’affaiblit face à la concurrence chinoise, mieux armée et plus compétitive. Sur le plan écologique, le parc existant de véhicules thermiques reste largement négligé, alors qu’il représente l’enjeu le plus immédiat. Sur LCI, Carlos Tavares a livré un message clair. L’Europe doit retrouver le sens du pragmatisme. Sans cela, elle risque de perdre à la fois sa compétitivité et sa cohésion sociale, à cause des voitures électriques.
La rédaction
Photos : Stellantis et LesVoitures.com

