Ford : visite exclusive au centre des crash-tests

Assurer la sécurité des usagers de la route est un sujet de préoccupation pour tous les constructeurs. En exclusivité, nous avons passé une journée à casser des voitures dans la nouvelle base secrète de crash-tests Ford à Cologne.

Après avoir franchi le portail de l’usine Ford de Cologne, nous nous dirigeons vers un bâtiment à l’écart de l’agitation. Le long parking longeant les bâtiments ne laisse que peu de place au doute. C’est bien ici que Ford casse tous les jours les voitures de demain. Des dizaines d’épaves sont stockées ici, y compris des prototypes dont nous ne pouvons vous parler, dans un seul but : augmenter la sécurité en cas d’accident grâce aux crash-tests Ford.

Nous montrons patte blanche à l’entrée avant d’accéder à une première salle de torture. Chaque jour, ce sont jusqu’à 4 crash-tests qui sont effectués ici. Grâce à un système de propulsion à alimentation hydraulique, on peut simuler un impact sur un véhicule à l’arrêt jusqu’à 250 tonnes. Cela représente des accélérations jusqu’à 80 fois la force de gravité endurée lors d’un vrai accident. Les chocs simulés sont évidemment filmés et, grâce à des caméras dernier cri captant 1 000 images/seconde, les ingénieurs peuvent décrypter chaque déclenchement d’airbag des crash-tests Ford, contrôler chaque mouvement et tout connaître de la sécurité de la dernière Focus et surtout de ses occupants.

Aujourd’hui nous testons “un futur programme”. Une manière pudique de dire que ce modèle que nous avons sous les yeux est probablement le prochain petit SUV de la marque. Nous n’en saurons pas plus aujourd’hui et, alors que je dégaine mon appareil, un des ingénieurs se précipite pour camoufler le nom du programme rappelé sur un sticker. On n’est jamais trop prudent. Le crash-test sert à valider le choc encouru par des humains en cas de choc par l’arrière. Le véhicule sans carrosserie est projeté à la vitesse de la foudre dans le sens inverse de la marche. C’est impressionnant et très rapide mais pour fracasser réellement une voiture contre un mur de béton, il faudra patienter encore quelques minutes et se rendre dans une autre aile de ce centre dédié à la sécurité. Ce nouveau complexe inauguré début 2018 a fait l’objet de 15,5M€ d’investissement.

En pénétrant dans ce nouveau bâtiment on comprend qu’un “accident” va avoir lieu. Une longue route faisant office de rampe de lancement est occupée par une nouvelle Ford Focus. Autour de la compacte, une armée de techniciens manipule avec soin les fameux “Dummies”. Lors de la mise en place des mannequins dans la voiture, on sent qu’une vraie connivence s’est installée entre l’équipe d’ingénieurs et leurs mannequins. Mais, si le technicien Ford manipule avec autant de soin le mannequin, c’est aussi à cause du coût d’un tel « humanoïde ». « Les deux enfants à l’arrière c’est 100 000 € au bas mot », me confie l’ingénieur. Cette dernière génération intègre par moins de 70 capteurs extrêmement sensibles disséminés à des emplacements stratégiques. Rien que dans la tête, ce sont 15 accéléromètres qui mesurent la violence du choc.

Deux adultes sont installés devant avec deux enfants derrière. Cette famille type va se crasher à 50 km/h contre un mur en béton dans quelques secondes. Je prends place derrière une paravent transparent à quelques mètres de l’impact pour ressentir au maximum ce qui se passe.

La Focus prend un long élan et vient percuter de plein fouet le décor. Le bruit est déchirant. Dans le bâtiment volent une multitude de petits morceaux de verre, de plastique, que l’on retrouvera à plusieurs mètres. Comme dans un vrai accident, tout va très vite mais le bruit reste en tête pendant plusieurs minutes après le crash.

Très vite, il est rejoint par une odeur âcre qui se dégage des multiples airbags de la Focus. Tout le compartiment moteur n’est plus qu’un amas de ferraille fumante, mais la Focus semble avoir bien résisté. Les portes s’ouvrent sans difficulté et nos mannequins sont ”en vie”.

La dernière Focus est la première Ford conçue dans le nouveau centre des crash-tests Ford de Cologne. Cela lui a réussi. En effet, les essais officiels de l’organisme Euro NCAP ont attribué la note maximale à la nouvelle compacte du constructeur américain. Derrière ce résultat, une nouvelle structure de carrosserie comprenant 33% d’acier au bore. Ce nouvel acier provient en fait du moyen-âge, où il était utilisé pour concevoir des armures de chevaliers. C’est évidemment une version moderne qui est utilisée, faisant de cet acier, le matériau le plus résistant de l’industrie automobile.

Mais pour assurer la meilleure sécurité possible et satisfaire aux crashs de l’organisme Euro NCAP, la dernière Focus utilise également des technologies bien actuelles. Le freinage post-collision, par exemple, qui permet de réduire l’impact en appliquant une pression sur les freins suite à une première collision. Les airbags, qui sont désormais dissimulés dans tout l’habitacle, ou encore la fonction eCall qui contacte automatiquement les secours en cas de choc.

Le vrai enjeu consiste d’ailleurs plutôt à éviter l’accident grâce aux aides à la conduite, aux caméras et aux capteurs. Aujourd’hui, la voiture peut gérer l’accélération et le freinage, reconnaître les panneaux de signalisation et adapter automatiquement la vitesse, ou encore maintenir automatiquement la voiture dans sa voie de circulation. Ce n’est pas encore la voiture autonome mais on en prend le chemin. Pour éviter au conducteur de se déconcentrer, on a développé également des phares adaptatifs anti-éblouissement ou un affichage tête haute. Combien de vies le freinage d’urgence a sauvé ? Difficile de le savoir mais sur le parking de l’usine, le mannequin qui traverse devant notre Focus vient d’avoir une deuxième chance du destin grâce à ce dispositif. En sortant d’une place de stationnement en marche arrière, sans visibilité, le système peut désormais vous empêcher un accrochage.

En attendant que les robots prennent définitivement le volant, nos voitures n’ont jamais été aussi sûres. Pour arriver à ce résultat, il aura fallu en casser plusieurs centaines par an. Voici nos « mannequins » en vidéo au centres des crash-tests Ford. Après l’opération « Prendre un virage », les « Dummies » Ford savent définitivement « prendre un mur ».

Texte et photos : Niko Laperruque – LesVoitures.com