L’industrie automobile allemande traverse une crise sans précédent : près de 50 000 emplois ont été supprimés en un an, ramenant l’emploi du secteur à son niveau le plus bas depuis 2011, selon les données officielles de Destatis.
En Allemagne, les géants de l’automobile tels que Volkswagen, Ford, Bosch et Continental ont annoncé ces derniers mois des vagues de suppressions de postes. Résultat : à la fin septembre 2025, l’industrie automobile ne comptait plus que 721 400 salariés, soit 48 700 de moins qu’un an auparavant, ce qui représente une chute de 6,3 %. Ce chiffre marque un plancher inédit depuis mi-2011, où l’on recensait 718 000 employés. La filière automobile allemande est ainsi devenue le secteur industriel le plus touché outre-Rhin, concentrant à elle seule 40 % des suppressions d’emplois du secteur manufacturier, lequel emploie encore 5,43 millions de personnes. Malgré cette hémorragie, l’automobile demeure le deuxième employeur industriel du pays, derrière la construction mécanique qui regroupe 934 200 salariés.

Le Bureau fédéral des statistiques souligne que les fournisseurs sont bien plus affectés que les constructeurs automobiles. Les équipementiers, qui emploient 235 400 personnes, ont vu leurs effectifs reculer de 11,1 %, tandis que les constructeurs, avec 446 800 salariés, ont limité la baisse à 3,8 %. Les fabricants de carrosseries, de superstructures et de remorques n’ont pas été épargnés non plus, enregistrant une diminution de 4 %, soit 39 200 postes. Cette fragilisation des sous-traitants illustre la vulnérabilité d’une chaîne de production qui dépend fortement de la demande mondiale et des évolutions réglementaires liées aux voitures électriques.
Au-delà des chiffres, plusieurs facteurs expliquent cette crise. La transition énergétique imposée par l’Union européenne, avec l’objectif d’interdire la vente de véhicules thermiques à partir de 2035, pèse lourdement sur les constructeurs automobiles, même si cette échéance pourrait être révisée en décembre. Par ailleurs, les marques allemandes comme Audi, BMW, Mercedes et Volkswagen subissent de plein fouet la hausse des droits de douane américains, la contraction de leurs ventes en Chine, ainsi que les perturbations dans l’approvisionnement en semi-conducteurs. Ces dernières sont liées aux tensions diplomatiques entre la Chine et les Pays-Bas autour du fabricant Nexperia, accentuant les difficultés d’une industrie déjà fragilisée.
Rappelons aussi que la filière automobile européenne de la voiture électrique est piégée par la Chine qui contrôle la majorité de la production et du raffinage des terres rares nécessaires à la fabrication des batteries. Ainsi, il semble que la Chine privilégie, telle une stratégie économique, ces mêmes terres rares pour son propre marché. Résultat : les constructeurs automobiles européens sont obligés d’acheter des batteries chinoises et certains projets de gigafactories sont mis en pause en Europe.
Enfin, l’automobile allemande, longtemps considérée comme un pilier de la puissance industrielle du pays, se retrouve confrontée à une crise économique brutale qui remet en cause de son modèle économique. Entre la pression réglementaire, les rivalités commerciales internationales et les mutations technologiques, le secteur doit désormais repenser sa stratégie pour éviter que cette crise ne se transforme en déclin durable, également pour les pays voisins et toute l’Europe.
La rédaction
Photos : LesVoitures.com et Volkswagen

