Le 27 juillet, en Écosse, un accord commercial majeur a été conclu entre Ursula von der Leyen et Donald Trump concernant les taxes douanières sur les véhicules européens importés aux États-Unis. S’il permet de réduire les tensions transatlantiques, il révèle un net déséquilibre en faveur de Washington, au détriment de l’industrie automobile européenne, notamment allemande et de ses partenaires français dans le secteur des équipementiers. Ces nouveaux droits de douane de 15 % seront appliqués dès le 7 août 2025.

Historiquement absents du marché américain, les constructeurs automobiles français tels que Peugeot, Citroën et Renault n’y écoulent pratiquement aucun véhicule. Cette réalité les met à l’abri des conséquences directes de la nouvelle taxation fixée à 15 % pour les droits de douane voulus par Donald Trump, alors que les groupes automobiles allemands qui sont, à l’opposé, largement présents outre-Atlantique, en subiront fortement les effets. Ce taux de droit de douane, bien que réduit de moitié par rapport aux menaces initiales, reste six fois supérieur à celui appliqué avant la présidence Trump, qui était de 2,5 % pour les véhicules européens. Rappelons que les constructeurs automobiles européens sont soumis, depuis avril dernier, à des droits de douane de 27,5%, cette dernière donnée intégrant la surtaxe de 25 % précédemment décidée par Donald Trump. Suite à l’accord signé entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, les droits de douane, aussi appelés taxes douanières, passeront donc à 15 % pour l’industrie automobile européenne, à partir du 7 août 2025.

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Lundi matin, la Bourse a enregistré une hausse des actions de certains constructeurs automobiles, signe d’un soulagement prudent. Pourtant, les professionnels du secteur restent réservés. Hildegard Mueller, présidente de la Fédération allemande de l’industrie automobile (VDA), rappelle que ces nouvelles taxes douanières « coûteront quand même des milliards d’euros chaque année aux entreprises automobiles allemandes ». Environ 600 000 véhicules européens, principalement allemands, sont exportés chaque année vers les États-Unis. Ces mêmes véhicules allemands représentent précisément, à eux seuls, 13 % des exportations automobiles aux États-Unis.

Du côté français, l’accord ne suscite guère d’enthousiasme. Benjamin Haddad (Ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé de l’Europe), tente un exercice d’équilibriste en parlant d’un compromis « qui amène une certaine stabilité, même s’il est déséquilibré ». Car même si les marques françaises ne vendent pas directement de voitures aux États-Unis, leurs équipementiers sont exposés. Beaucoup sont partenaires des constructeurs automobiles allemands, ou exportent des composants vers le marché nord-américain. Et malgré une forte présence industrielle sur place, certaines pièces continuent d’être expédiées depuis l’Europe.

Ainsi, la situation économique actuelle pèse déjà lourdement sur les acteurs français du secteur automobile, qui montrent des signes évidents de fragilité. Michelin fait face à une chute de ses bénéfices de 27,8 %, tandis que Valeo voit ses résultats reculer de 26 %. OPmobility, connu autrefois sous le nom de Plastic Omnium, enregistre une baisse de 10 % sur le premier semestre. Quant à STMicroelectronics, l’entreprise ne parle plus simplement d’un fléchissement mais annonce une perte nette de 97 millions d’euros, marquant une dégradation encore plus significative. Ce contexte difficile illustre une industrie confrontée à une véritable tempête mondiale.

Toujours du côté du gouvernement français, le Premier ministre François Bayrou a déclaré, sur X, concernant les droits de douane, après la signature de l’accord entre l’Union européenne et les États-Unis, qu’il s’agissait d’un « jour sombre » pour l’Europe qui « se résout à la soumission ».

Au-delà des décisions politiques américaines, les difficultés de l’automobile européenne s’inscrivent dans un contexte global complexe : ralentissement du marché, transition électrique moins dynamique que prévu, recul des ventes en Chine… Autant de facteurs qui fragilisent l’ensemble de la filière liée, de près ou de loin, à l’industrie automobile européenne.

Enfin, les nouvelles taxes douanières, ou droits de douane, décidées par Washington pourraient représenter une charge supplémentaire pour un secteur déjà fragilisé. Toutefois, elles pourraient également peser sur le consommateur américain, confronté à une inflation croissante.

La rédaction

Photos : Mercedes-Benz et Audi