La nouvelle stratégie de la marque Abarth en Europe consiste à convertir toute sa gamme thermique en électrique. Ainsi, le « petit Scorpion musclé et hurlant » disparaît ! La 500-e Abarth, avec son look sportif, nous avait laissés sur notre faim, car elle reprenait l’essentiel de la partie mécanique de la Cinquecento normale. Qu’en est-il de la nouvelle 600 ? Déjà propriétaire de la 600e au quotidien et d’une 500 Abarth classique pour mes sorties en club, je pense pouvoir vous en dire plus grâce à l’essai de l’Abarth 600e Scorpionissima de 207 kW/280 ch.
Le dernier-né de la gamme nous a été présenté en France, dans son nid, au Château de Savigny-lès-Beaune, au milieu de ses glorieuses aînées. Abarth continue de surfer sur l’engouement du néo-rétro pour conquérir de nouveaux clients. Depuis 1949, Carlo Abarth s’est positionné en préparateur sportif sur les modèles de grande série Fiat, et déjà, la 600 de 1955 à 1969 fut la première à être marquée du « sceau du Scorpion ». Le « Sorcier » s’était notamment rendu célèbre grâce à des pots d’échappement très performants… Alors, que vaut-elle sans le son ? La réponse avec mon essai de la Abarth 600e Scorpionissima de 280 ch.
Commençons alors par l’image. Je suis immédiatement subjugué par ces deux seules teintes flashy : « Vert Acide » ou « Violet Hypnotique » ! Plus basse de 2 cm (1,50 m), plus large de 3 cm (1,81 m) et plus longue de 2 cm (4,19 m) que la Fiat 600e standard, elle reprend tous les éléments caractéristiques d’Abarth : gros boucliers avant et arrière spécifiques, aileron rappelant le capot moteur fixe en position horizontale pour gagner en appui et améliorer le refroidissement en compétition, voies élargies de 3 cm, jantes exclusives de 20 pouces…
Et bien sûr, le nouveau « signe astrologique électrisé », visible à tous les niveaux ! En ces temps de sinistrose automobile où 80 % des véhicules sont blancs, gris ou noirs… c’est un « OVNI » ! Vous ne passerez pas inaperçu à son volant.
Dans l’habitacle, comme pour les anciennes Abarth, on se retrouve dans la plus sage Fiat 600e, à quelques détails près : le nouveau logo omniprésent, les couleurs fluorescentes, le volant spécifique à deux branches en cuir et Alcantara, ainsi que deux énormes sièges baquets Sabelt confortables avec un bon maintien latéral.
L’interface multimédia, bien connue au sein du groupe Stellantis, a été légèrement modifiée pour inclure des menus spécifiques montrant les indicateurs de performance.
Rien à redire quant à l’habitabilité générale et au volume du coffre de 360 l, identique à celui de la Fiat 600e et plutôt dans la norme de sa catégorie. On pourrait toutefois lui reprocher le manque de rangement dédié au câble de chargement.
Mise en route de la « bête »… Contre toute attente, si vous activez le générateur de son placé sous la voiture (audible de l’intérieur comme de l’extérieur), l’Abarth 600e reprend vie naturellement ! D’un seul coup, elle vous électrise et vous pousse à monter dans les hauts régimes. Quel plaisir de conduire sur les routes sinueuses au milieu des vignes bourguignonnes… Le monstre retrouve son ADN dans les multiples victoires en courses de côte à travers le monde !
Mais c’est sur le circuit bourguignon de l’Auxois qu’elle montre tout son potentiel en activant le « mode Scorpion Track ». Trois modes sont disponibles, avec un couple maximal allant jusqu’à 345 Nm :
- « Turismo » : 190 ch
- « Scorpion Street » : 231 ch
- « Scorpion Track » : 280 ch (vitesse maximale de 200 km/h)
Les accélérations sont impressionnantes : le 0 à 100 km/h est abattu en 5,85 s (soit seulement 4 dixièmes de plus que la version « Turismo » de 175 kW/240 ch). Le train avant, soutenu par le différentiel autobloquant Torsen, colle à la piste sans sous-virer et permet d’enchaîner les virages, d’autant que son système de freinage hydraulique Alcon (disques de 380 mm à l’avant – 268 mm à l’arrière – étriers à 4 pistons) retransmet fidèlement les sensations sous la pédale.
Un développement inspiré de la compétition car, Stellantis Motorsport, en collaboration avec des équipementiers de renom issus de la course automobile tels que Michelin, Sabelt, JTEKT et Alcon, a étudié et testé de nombreuses solutions pour obtenir la combinaison parfaite, donnant naissance à l’Abarth la plus puissante de tous les temps. Ainsi, le SUV compact 100% électrique de plus de 1,6 tonne à vide et près de 4,2 mètres de long s’est transformé en une « véritable petite bombe », avec un amortissement ferme et un châssis renforcé et vif, dominant les grandes courbes.
Cependant, on est vite freiné par une consommation exponentielle dans ces conditions intensives (jusqu’à 40 kWh). Toute la chaîne de puissance électrique, développée et issue de la FormulA E, a été renforcée afin de garantir une puissance continue sans surchauffe de la batterie de seulement 54 kWh, qui annonce une autonomie en cycle combiné WLTP de 322 km en mode « Turismo ». Mais, déjà qu’il m’est quasi impossible d’atteindre 400 km avec une 600-e normale, il semble difficile de dépasser 250 km dans la vraie vie avec un tel engin… (A vérifier, car le temps d’essai était trop court). Quoi qu’il en soit, avec une charge maximale de 100 kW, 27 min suffisent pour remplir la batterie de 20 à 80 %. La recharge sur Wallbox peut se faire jusqu’à 11 kW.
Un mode qui fait débat, et oui..Dans la rubrique des reproches, on peut noter que le mode « one pedal » fait défaut, remplacé par un système de freinage régénératif agissant comme ralentisseur sans arrêter totalement la voiture. Mais surtout, les tarifs des Abarth 600e sont trop élevés :
- 44 900 € en finition « Turismo »
- 48 900 €, soit 4 000 € supplémentaires pour la série limitée « Scorpionissima »
Pour le moment, Abarth propose un bonus de 6 000 €, qui touche également la version limitée « Scorpionissima », considérée comme le modèle profitant d’un pack d’options « ajouté » à la Turismo.
Qui peut rivaliser, et la concurrence ? Comme souvent dans le groupe Stellantis, les véhicules reposent sur la même base haute performance eCMP, partagée avec l’Alfa Romeo Junior Veloce (44 900 € bonus de 2 000 € déduit) et la future Lancia Ypsilon HF. Seules l’Alpine A290 GTS (220 ch) et la Mini John Cooper Works (258 ch à partir de 42 550 € sans bonus).
Enfin, pour conclure l’essai de l’Abarth 600e Scorpionissima, la plus puissante de tous les temps, avec ses 280 ch, elle est totalement bluffante par les sensations qu’elle procure ! Pour un usage quotidien et des plaisirs occasionnels sur route ou circuit (à condition d’avoir des bornes de recharge), la série spéciale « Scorpionissima » serait mon choix. Mais pour ma part, je garde ma 600e pour sa « dolce vita » et ma belle Abarth thermique pour sa brutalité sonore démoniaque… C’est surtout ça, l’ADN Abarth !
Texte et essai : Alexis Tissier
Photos : Alexis Tissier et Abarth
