Avec le Kia EV6, le constructeur automobile sud-coréen entre dans une nouvelle ère à la fois électrique et haut de gamme. Ainsi, celui qui partage sa plateforme technique avec le Hyundai Ioniq 5 porte de fortes ambitions pour Kia qui souhaite, comme le veut l’expression, jouer dans la cour des grands. Direction la région de Saint-Tropez pour l’essai du Kia EV6 dans sa configuration à deux roues motrices (propulsion) de 229 chevaux en finition “GT-line”.
L’année 2021 restera dans l’histoire de Kia comme celle d’une offensive électrique de grande envergure grâce au lancement du Kia EV6. Cependant, la marque asiatique est loin de son coup d’essai, car elle peut être considérée comme l’une des premières à avoir cru à la voiture électrique. Tout a commencé en 2014 avec le Kia Soul EV (EV : Electric Vehicle) devenu ensuite l’e-Soul avant que ne suive, plus récemment en 2018, la version 100% électrique du Niro. Aujourd’hui, les ventes importantes de l’e-Niro participent à la croissance de Kia en France. Avec 3,6% de parts de marché, Kia se situe dans le top 10 actuel des constructeurs automobiles. C’est dans ce contexte solide que le nouveau crossover électrique débarque. Débutons l’essai du Kia EV6 en présentant son style… il y a beaucoup de choses à écrire à son sujet…
La silhouette du Kia EV6 est avant tout taillée pour la compétition comprendre qu’il faut savoir se démarquer pour mettre des étoiles dans les yeux de potentiels acheteurs. Présenté officiellement comme un crossover, l’EV6 partage donc sa plateforme E-GMP avec son “cousin” Ioniq 5, le SUV qui peut être considéré, à nos yeux, comme un concept-car de série. D’une longueur de 4,695 m et d’une largeur de 1,890 m en finition “GT-line”, le Kia EV6 impose clairement un design très affûté qui reprend le meilleur des domaines des berlines compactes, coupés, SUV et super-sportives. Quant à son empattement de 2,90 m, il est plus court de 10 cm comparativement au Ioniq 5.
Dans le détail, le Kia EV6 fait apparaître un design tranchant et épuré mais, on y regardant de plus près, on remarque aussi un savant travail en termes d’homogénéité ou, de liaison entre les différentes parties de l’auto. En effet, les courbes des ailes avant se prolongent jusqu’au capot très plongeant, ce dernier intégrant de longues optiques à la signature lumineuse acérée, ces mêmes feux venant presque se fondre dans les protections des passages de roues de couleur carrosserie sur la finition “GT-line” s’il vous plaît ! A noter aussi une forte inclinaison du pare-brise.
Attention, les apparences photographiques sont parfois trompeuses ! Lorsque vous allez croiser un Kia EV6 sur la route, vous allez ainsi vous rendre compte de son imposante face avant aux volumes et lignes dignes d’une super-sportive, ceci surtout en finition “GT Line” notamment pour son bouclier avant.
Vu de profil, le Kia EV6 GT-line profite donc d’ailes entièrement de couleur carrosserie mais également de bas de caisse fuselés du plus bel effet… sportif. Le constat est identique pour les jantes de 19 pouces en alliage livrées en série sur notre modèle d’essai.
Plus haut, le toit plongeant vers l’arrière à aspect flottant ne laisse pas indifférent surtout que la hauteur plutôt basse de 1,550 m (Hyundai Ioniq 5 : 1,647 m) du Kia EV6 lui offre un aspect très élancé. Des galbes, on en retrouve, comme pour l’avant, au niveau des ailes qui se projettent vers l’inclinaison très marquée de la vitre arrière, à l’image d’un coupé.
Un crossover ou, SUV, se doit de dégager de la robustesse visuelle. Ce sont généralement les formes de la partie arrière qui le permettent. Une longue courbe rouge intégrant les feux arrière élargit visuellement le Kia EV6 surtout que le hayon de ce dernier est impressionnant avec un élément vertical qui ne fait qu’un avec un bouclier surélevé. Sous cet angle, et les autres, on est clairement en présence d’un véhicule électrique au design très réussi de type premium. Le petit becquet profilé et ouvert est, à lui seul, un exemple, des efforts apportés au dessin et, bien sûr, à l’aérodynamisme du Kia EV6.
Encore une fois, attendez-vous à un choc visuel, à un “Waouh”, quand vous allez tomber nez à nez avec le crossover asiatique. Avant l’essai routier du Kia EV6, présentons l’habitacle et les technologies embarquées de celui qui inaugure le superbe nouveau logo Kia, enfin !
Ouvrons les portes du Kia EV6 GT-line qui révèle une ambiance résolument premium. On retrouve, bien sûr, les principaux éléments partagés avec le SUV Hyundai Ioniq 5 comme, par exemple, la console central flottante, mais les ingénieurs et stylistes de chez Kia ont apporté un soin tout particulier à inscrire cet espace de vie automobile vers du haut de gamme.
Pour commencer, les différents assemblages sont au rendez-vous de la qualité. Seuls quelques plastiques un peu durs sont présents notamment pour l’enveloppe des beaux sièges avant. On peut écrire que c’est pour la bonne cause ! En effet, il s’agit de plastique recyclé issu de bouteilles d’eau. Le cuir qui habille ces mêmes sièges est artificiel tout en étant accompagné de suédine. Comme pour la carrosserie du Kia EV6, tout a été pensé avec un maximum d’homogénéité entre les matières et autres inserts pour proposer un habitacle attrayant et valorisant. Cela se ressent, au toucher et à l’œil, au niveau de la planche de bord joliment striée.
Venons-en aux technologies embarquées avec, en tant que pièce maîtresse, la grande dalle numérique façon Mercedes-Benz composée de deux écrans de 12,3″, un ensemble que l’on retrouve logiquement sur le Ioniq 5. L’écran central tactile demandera un certain temps d’adaptation tant il recèle de commandes en tout genre. A l’opposé, sous les aérateurs, des boutons digitaux apparaissent pour accéder soit à l’infodivertissement ou aux réglages de la climatisation. Attention, à vouloir jouer avec un peu trop vite, on risque d’enclencher les sièges chauffants/ventilés. On touche ici, sans jeu de mots ou presque, au seul petit défaut de l’habitacle du Kia EV6 et, c’est du vécu ! Fort heureusement, il faisait très beau sur la Côte d’Azur lors de notre essai du Kia EV6, le petit coup de frais surprise dans notre dos nous a ainsi fait du bien.
Comme vous pouvez le pressentir, le Kia EV6 ne manque de rien en matière d’aides à la conduite qui lui permettent de répondre à la catégorie des véhicules autonomes de niveau 2. Passons donc vite sur ce point pour nous concenter sur l’habitabilité du crossover.
Un plancher complètement plat, grâce à l’absence de tunnel de transmission, et une architecture intérieure pensée pour libérer un maximum d’espace, font du Kia EV6 l’une des meilleurs propositions du moment en termes d’habitabilité pour une voiture électrique. Aux places arrière, les grands gabarits seront plus qu’à leur aise et profiteront d’une assise inclinée ainsi que des sièges avant creusés pour leurs jambes.
Concernant le volume du coffre, il est de 480 ou 490 l (banquette arrière 60/40 en place), le subwoofer du système Hi-Fi Meridian prenant un peu de place. Sachant que le Kia EV6 embarque deux modules de batteries supplémentaires comparativement au Ioniq 5 (527 l), sa capacité de chargement est donc moindre mais, c’est toujours et encore, pour la bonne cause, celle de ses capacités électriques sur lesquelles nous reviendrons. Sous le capot avant du crossover électrique Kia, se cache une autre petite zone de rangement de 55 l (en propulsion 2WD) ou 20 l (en transmission intégrale 4WD). Place à l’essai routier du Kia EV6 en mode “Indian Summer”.
Notre Kia EV6 d’essai est équipé d’un moteur électrique à aimants permanents qui développe 168 kW/229 ch et 350 Nm de couple envoyés aux seules roues arrières. L’énergie électrique est fournie par une batterie d’une capacité importante de 77,4 kWh. les deux modules en plus cités auparavant y étant pour beaucoup. Le long de la mer Méditerranée, le Kia EV6 évolue à son rythme sans offrir, excusez-nous l’expression, de “coup de pied au cul”. Cependant, le crossover reste très dynamique tout en proposant un agrément de conduite sérieux et agréable. A ce titre, nous avons particulièrement apprécié le niveau de récupération d’énergie maximale qui offre la possibilité d’accéder au mode “i-Pedal”. En d’autres termes, on peut conduire le Kia EV6 sans toucher à la pédale de frein, le crossover ralentissant tout seul “comme un grand” à chaque lâcher de la pédale de droite.
Sur des routes plus sinueuses, le Kia EV6 à deux roues motrices nous a surpris par sa tenue de route que nous qualifierons de ferme. Elle offre des vitesses de passage en courbe élevées. Qui dit “ferme” ne dit pas que le Kia EV6 n’offre pas de confort à ses occupants, loin de là. Pourquoi ? Tout simplement car les amortisseurs du Kia EV6 à fréquences sélectives sont à la fois différents et plus élaborés que ceux du Ioniq 5.
Alors, comment ça marche ? Pour les amortisseurs dits “classiques”, l’absorption des mouvements de caisse est assurée, pour schématiser au maximum, par le débit d’huile qui traverse le piston de l’amortisseur. Les amortisseurs du Kia EV6 intègrent une valve (amplificateur hydraulique) qui gère un autre flux d’huile parallèle à celui qui traverse le piston. Résultat : tout est plus linéaire avec un maximum de compromis entre rigidité et confort. Ajoutez à cela une hauteur contenue de 1,550 m qui abaisse d’autant plus le centre de gravité de cette voiture électrique et vous obtiendrez une bonne efficacité sur route.
En mode “Sport”, après avoir enclenché la fonction de récupération “à zéro”, on s’amuse même à mettre le Kia EV6 en contrainte. Il réagit alors sainement dans les virages serrés mais, il faudra prendre en compte un long et lent freinage dû à la récupération d’énergie, un aspect désagréable de la conduite “sportive” de n’importe quelle voiture électrique, toutes connues pour être lourdes. Le Kia EV6 fait donc son poids avec près de 2 tonnes. En complément de son très bon équilibre, le Kia EV6 dispose d’une direction précise offrant une maniabilité parfaite, en ville ou ailleurs. A cela s’ajoute un silence total dans l’habitacle sans aucun bruit parasite.
Passons à la recharge et à l’autonomie de l’EV6, Kia disposant depuis de nombreuses années d’une expertise importante dans ces domaines. A tel point que le crossover répond à la technologie 800 V utilisée sur les Porsche Taycan et Audi e-tron GT. Cela réduit de manière conséquente le temps d’arrêt à une borne Ionity avec une puissance de recharge maximale de 239 kW affichée sur la fiche technique du Kia EV6. Kia annonce également fièrement, et on peut les comprendre et les féliciter, un temps de seulement 18 minutes pour recharger la batterie de 10 à 80%. C’est juste plus rapide que chez Porsche ! Le Kia EV6 peut aussi s’avérer être salvateur en pouvant alimenter tout et n’importe quoi dans le bon sens des termes, ceci grâce à un connecteur (jusqu’à 3,6 kW).
L’autonomie WLTP du Kia EV6 2WD de 168 kW/229 ch est donnée pour 528 km contre 506 km pour la version à deux moteurs électriques 4WD de 239 kW/325 ch. Lors de notre essai du Kia EV6 2WD réalisé majoritairement sur des routes départementales, puis sur autoroute pour aller chercher la borne Ionity, nous avons relevé une consommation de 19,7 kWh soit une autonomie réelle de 392,89 km calculée de la manière très simple suivante : (77,4/19,7) x 100.
En d’autres chiffres, ceux des performances, le Kia EV6 2WD réalise l’exercice du 0 à 100 km/h en 7,3 s pour une vitesse maximale de 185 km/h. La transition est toute trouvée pour préciser qu’un très puissant et rapide Kia EV6 4WD GT de 430 kW/585 ch est en approche (à voir en vidéo à la fin de cet article).
En conclusion de notre essai du Kia EV6, ce crossover électrique abouti met la barre très haut à tous les niveaux. Kia souhaite faire mieux que ces concurrents généralistes comme Ford avec le Mustang Mach E, Skoda avec l’Enyaq iV et Volkswagen avec l’I.D.4 ! Kia ne cache également pas son désir de conquérir “le monde des véhicules électriques” avec, en ligne de mire, le Tesla Model Y. Facturé à partir de 47 990 €, le Kia EV6 2WD de 168 kW/229 ch est déjà une valeur plus que sûre, cela a donc un prix. Retrouvez, ci-dessous au terme de ce sujet et après la vidéo de l’EV6 GT, d’autres photos de notre essai du Kia EV6 2WD.
Texte et essai : Frédéric Lagadec
Photos : Kia