Porsche Taycan Cross Turismo : pour aller plus loin, essai

En septembre 2019, Porsche a fait une entrée fracassante sur le marché de la voiture électrique en présentant la Taycan. Depuis, la première sportive électrique “made in Zuffenhausen” est celle de tous les superlatifs. Dévoilée en mars 2021, la déclinaison dite de “loisirs” Taycan Cross Turismo promet également des sensations inédites à son volant. Que vaut donc celle présentée officiellement comme un CUV (Cross Utility Vehicle) ? Direction la baie de Somme et ses paysages à couper le souffle pour mettre à l’épreuve du tout-terrain la Taycan Cross Turismo dans sa version 4S de 360 kW/490 ch (420/571 ch avec “overboost”).

Comme pour la Taycan Berline issue du concept-car Mission E du salon de Francfort 2015, la Porsche Taycan Cross Turismo est également apparue pour la première fois sous la forme d’un prototype, ceci en mars 2018 à l’occasion du salon de Genève avec le concept-car Mission E-Cross Turismo. Cette année-là, Porsche a clairement créé la surprise en dévoilant un modèle qui réunit visuellement les deux univers des breaks et des SUV. Débutons notre essai de la Porsche Taycan Cross Turismo en présentant son style.

essai Porsche Taycan Cross Turismo

Comparativement à la berline Taycan, la Taycan Cross Turismo est donc plus haute de 20 mm sachant que le “pack Offroad Design” en ajoute 10 mm supplémentaires ainsi que de multiples ailettes en plastique noir pour les contours du CUV. Précisons que notre Taycan “baroudeuse” n’en est pas équipée. Cependant, le bureau du style allemand a logiquement repris au domaine des SUV les protections de passages de roues présentent en série sur la Taycan Cross Turismo. Quant aux jantes de cette dernière, elles lui sont spécifiques.

D’autres pièces venues tout droit du monde des 4×4 renforcent le style de cette Taycan surélevée. On évoque ici les jupes latérales proéminentes au rendu brillant. A l’arrière, c’est un traditionnel sabot de protection digne, de nouveau, d’un SUV, qui se montre sans oublier de citer cette longue bande rouge lumineuse qui fait écho à la 911. Soyons clairs, comme vous allez pouvoir le constater à travers cet essai, tous ces attributs forment une “armure” pour affronter les chemins et autres terrains escarpés.

essai Porsche Taycan Cross Turismo

La Taycan Cross Turismo est aussi un EV (Electric Vehicle) à vocation familiale. Notre version d’essai est ainsi équipée d’une rampe de pavillon noir (option) permettant la fixation d’un coffre de toit d’une capacité de 400 l. Toujours en option, un porte-vélos est aussi disponible.

essai Porsche Taycan Cross Turismo

Prenons maintenant un peu de recul dans le but de bien appréhender le design à fort caractère de cette Porsche pas comme les autres quoique… Malgré sa longue silhouette et sa hauteur conséquente, la Taycan Cross Turismo reste une Porsche ! Cette formule, certes simpliste, est la plus adéquate pour exprimer cette sensation visuelle de sportivité qui ressort des profils de l’auto. La longue ligne de toit descendante vers l’arrière munie d’un becquet du CUV Porsche en est le parfait exemple tout comme les surfaces vitrées qui s’étirent avec finesse. L’inclinaison marquée du hayon participe aussi amplement au rendu très dynamique généré par la Taycan Cross Turismo. Bref, c’est homogène et, surtout, très fluide.

essai Porsche Taycan Cross Turismo

Avant d’attaquer notre essai proprement dit de la Porsche Taycan Cross Turismo, ouvrons ses portes. Sans surprise, on retrouve l’architecture intérieure et les équipements, ceci à l’identique des autres Taycan avec, toujours, une qualité de finition d’un niveau exceptionnel.

essai Porsche Taycan Cross Turismo

En tant que véhicule tout-chemin au châssis réglable, la Taycan Cross Turismo dispose d’affichages et de menus propres à son utilisation. Nous reviendrons plus tard sur ces points.

Lors de nos précédents essais des Taycan (propulsion) et Taycan Turbo S, il en était ressorti une sensation grandiose en termes d’habitabilité. C’est encore plus le cas sur la Taycan Cross Turismo qui bénéficie d’une hauteur sous pavillon plus importante grâce à un gain de 49 mm. Cette donnée ravira les grands gabarits qui seront plus qu’à leur aise une fois assis sur la banquette arrière de la Taycan Cross Turismo.

essai Porsche Taycan Cross Turismo

Fort logiquement, le volume de chargement du “break-SUV” allemand est plus important que celui de la berline Taycan : 446 l en configuration 5 places – 1 212 l banquette arrière rabattue. De surcroît, le grand et large hayon électrique a été pensé pour offrir un maximum d’accessibilité comme… pour un break. A l’avant, un autre espace de chargera (84 l) s’avérera pratique pour, par exemple, le sac de voyage de Madame. Place à l’essai “on-road” et “off-road” de la Taycan 4S Cross Turismo.

Prendre le volant d’une Porsche est toujours un moment à part et encore plus quand il s’agit d’une voiture électrique, notre modèle d’essai Porsche Taycan 4S Cross Turismo de 360 kW/490 ch (420 kW/571 ch avec “overboost”) pouvant être considéré comme le modèle de milieu de gamme. Au-dessus, on trouve les Taycan Turbo Cross Turismo (460 kW/625 ch – 500 kW/680 ch avec “overboost”) et Taycan Turbo S Cross Turismo également de 460 kW/625 ch mais, grâce au système “overboost”, cette Taycan Turbo S Cross Turismo peut atteindre 560 kW/761 ch. En bas de la gamme, la Taycan Cross Turismo propose 280 kW/380 ch et 350 kW/476 ch avec “overboost”. Précisons que, contrairement à la Taycan, la transmission intégrale est de série sur toutes les configurations de la Taycan Cross Turismo ainsi que la suspension adaptative, notre Taycan 4S Cross Turismo à la superbe teinte “Gris Glacé métallisé” disposant de l’option “Roues arrière directrices avec Servotronic Plus”.

essai Porsche Taycan Cross Turismo

Il ne faut que quelques kilomètres pour apprécier l’homogénéité du comportement routier de cette Taycan 4S Cross Turismo. Sur route, on a presque l’impression d’être à bord d’un SUV tant la position de conduite est, bien sûr, plus haute que sur la Taycan Berline. Le terme “presque” a toute son importance car, une fois le pied droit bien enfoncé sur la pédale de droite, la Taycan 4S Cross Turismo n’a rien, vraiment rien d’un SUV.

L’envie d’enclencher le mode “Sport Plus” ne tarde pas. Avec ce mode, la Taycan s’abaisse automatique de 22 mm ou de 32 mm si elle est dotée du “pack Offroad Design”. Collés au sol, on enchaîne avec sérénité les courbes, la Taycan ayant la capacité de vous mettre en confiance en moins de temps qu’il ne le faut pour l’écrire. Certes, c’est moins efficace qu’aux commandes de la Taycan Berline mais, l’équilibre et la réactivité de cette Taycan 4S Cross Turismo défient néanmoins les lois de la physique surtout lorsque l’on sait qu’elle pèse 2 245 kilos à vide (DIN).

essai Porsche Taycan Cross Turismo

Une autre option “Porsche Electric Sport Sound” est particulièrement fun car, elle offre une ambiance sonore plaisante voire grisante à l’accélération avec un “sifflement électrique” simulant le son d’un turbo. On se croirait alors presque à bord de la voiture de la série L’Age de Crystal (pour les initiés), on adore ! Ce qui est impressionnant en ressenti à l’accélération l’est aussi pour le freinage d’un mordant à faire rougir certaines sportives thermiques, ceci malgré le système de récupération au freinage et les plus de 2 tonnes de l’auto. Il faudra néanmoins ne pas se laisser griser à l’approche de virage serrés. La Taycan 4S Cross Turismo n’est pas une 911 ! L’anticipation reste de rigueur ! Ajoutez à cela une direction d’une précision exceptionnelle et vous obtiendrez une machine électrique sans aucun défaut. Le plus intéressant, ce sont les sensations de conduite très agréables que cette Taycan surélevée procure. Il en est de même en ville avec une visibilité accrue sur les dangers urbains, toujours comparativement aux autres Taycan “tout court”.

Au niveau des performances, cela donne pour la Taycan 4S Cross Turirmo, 650 Nm de couple, un 0 à 100 km/h réalisé en 4,1 s et 240 km/h de vitesse maximale pour la familiale électrique la plus “dingue” du marché automobile actuelle.

Avant de passer en mode “carrière”, pas celui d’un jeu vidéo comprendre, avant d’attaquer les sentiers rocailleux et les pistes de sable sinueuses d’une ancienne carrière devenue un fantastique parc naturel privé, faisons un point consommation. Non sans humour, comme le veut l’expression : faute avouée à moitié pardonnée ? Nous avons, en effet, roulé sur route à un rythme plutôt élevé lors de l’essai de la Porsche Taycan 4S Cross Turismo. Résultat : nous avons relevé une consommation de  26,2 kWh/100 km. Un point important est à préciser : toutes les Taycan Cross Turismo sont équipées de la  batterie d’une capacité de 93,4 kWh. Le calcul de l’autonomie réelle est alors simple à effectuer : (93,4 kWh / 26,2 kWh) x 100 = 356,48 km. En WLTP, l’autonomie maximale étant communiquée officiellement par Porsche pour 452 km pour la Taycan 4S Cross Turismo, notre chiffre réel représente tout le sérieux et l’expertise Porsche en matière de développement de voiture électrique.

De la route à la nature, il n’y qu’une barrière à franchir pour littéralement plonger dans un autre monde, celui de paysages aux reliefs verdoyants à perte de vue où les chemins qui mènent à la Manche ne sont presque pas visible à l’oeil nu. On utilise, cette fois, une autre fonction commune à toutes les Taycan Cross Turismo : le “Gravel Mode”. Ce système intelligent gère en temps réel la suspension adaptative, la répartition du couple sur les 4 roues, etc… Le “Gravel Mode”, c’est surtout la possibilité d’augmenter la garde au sol de la Taycan Cross Turismo pour atteindre jusqu’à 50 mm soit le plus haut niveau (“Lift”).

Humblement, le mode “Haut” seulement activé (garde au sol : 30 mm), on roule en pleine nature sans aucun bruit de moteur, une fois le “Porsche Electric Sport Sound” désactivé. La baie de Somme révèle alors tous ses sons soit une invitation à rouler à faible allure pour profiter de cette atmosphère apaisante. C’est assez déstabilisant mais non moins agréable… Pourquoi ? Car, en tant que journaliste automobile, lors des essais de pick-ups ou de 4×4, on a clairement envie de tout arracher sur son passage pour tester au maximum les capacités de franchissement d’un véhicule. Pas au volant de la Taycan Cross Turismo qui est une réelle invitation à une balade automobile bucolique.

Néanmoins, cela ne nous a pas empêchés de gravir des pentes abruptes et de rouler sur de gros cailloux, le “Gravel Mode” faisant des merveilles. Cela nous a offert une certaine insouciance au volant de la Taycan 4S Cross Turismo qui passe vraiment partout !

Concernant, la recharge, la technologie 800 V Porsche permet, en roulant lors des phases de décélération et de freinage, de récupérer un maximum d’énergie. Sur une borne Ionity, la Taycan 4S Cross Turismo accepte jusqu’à 270 kW. Dans le meilleur des mondes électriques, environ 22 minutes suffisent pour recharger la batterie de 5 à 80%.

En conclusion de notre essai, quelles sont les utilités promises par la Taycan 4S Cross Turismo dans la vraie vie d’un automobiliste ? Pour commencer, elle est un gage de voyage serein en famille sur route et autoroute, ceci lorsque le réseau français de stations de recharge sera entièrement fonctionnel et correctement entretenu mais, c’est un autre débat… En montagne, notamment aux sports d’hiver, elle sera un “compagnon de voyage” sécurisant. D’autres propriétaires fortunés d’espaces naturels, voire de terrains agricoles et de vignes pourraient trouver leur bonheur avec cette Taycan qui sait tout faire tel un couteau-suisse. L’autre question qui se pose est de savoir si les autres potentiels acheteurs d’une Taycan Cross Turismo prendront le risque de la rayer ou de l’abîmer en évoluant en-dehors de la route ? Notre Porsche Taycan 4S Cross Turismo s’offre à partir de de 114 814 € et atteint 158 928 € avec ses options. Quoi qu’il en soit Porsche, à sa façon invente, déjà, une mobilité électrique d’une nouvelle ère, celle de l’évasion à zéro émission et à hautes performances, bravo ! Retrouvez ci-dessous, au terme de cet article, d’autres photos de notre essai de la Porsche Taycan 4S Cross Turismo

Texte et essai : Frédéric Lagadec

Photos : Porsche (Tibo – The Good Click)

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