« Dans la famille Taycan, je voudrais la version propulsion ». Et de quatre, après les Taycan 4S, Turbo et Turbo S équipées de deux moteurs électriques, la firme de Zuffenhausen lance sur le marché automobile la Taycan à savoir, une déclinaison dite d’entrée de gamme motorisée par un unique système « à piles » positionné sur l’essieu arrière. Alors, que vaut cette Taycan ou Taycan RWD ? La réponse en découvrant notre essai de la Porsche Taycan propulsion réalisé à Paris et dans la région de Reims.
Entre la Porsche Taycan et LesVoitures.com, c’est toujours une histoire de rencontres exceptionnelles. Ainsi, en septembre 2015, six avant avec cet essai de la Porsche Taycan, nous étions présents au salon de Francfort pour découvrir le concept-car Mission E soit, la première Porsche 100% électrique de l’histoire (photo ci-dessous).
Puis, bien avant le premier essai de la Taycan Turbo S réalisé en 2020, c’est en Suisse, lors d’un essai presse avec la marque à l’étoile, que nous sommes tombés nez à nez avec une « Mission E de série », cette autre Taycan Turbo S prenant la pose dans le cadre d’un shooting photo officiel Porsche.
Cette fois, c’est donc la Taycan « tout court » qui nous attendait avec sa batterie « Performance Plus » (option) à haute capacité (93,4 kWh), une batterie de 79,2 kWh représentant l’offre de série. Niveau puissance, cela donne 280 kW/380 ch et 350 kW/476 ch avec l’Overboost. Avec ce dernier et la batterie « Performance Plus » rappelons que les Taycan 4S, Turbo et Turbo S développent respectivement 420 kW/571 ch, 500 kW/680 ch et 560 kW/761 ch.
En termes de style, il est difficile, pour ne pas dire impossible, de différencier cette Taycan d’entrée de gamme des autres versions sachant qu’elle peut bénéficier, à l’identique du reste de la gamme, d’une multitude d’options dont le « Pack SportDesign Carbone » pour jouir d’un design plus agressif (les détails en cliquant ici).
Précisons que notre Taycan d’essai ne dispose pas de cette option. On notera néanmoins la présence des « Jantes Taycan Turbo Aero 20 pouces » et d’une nouvelle teinte « Beige Café métallisé ». Maintenant que les présentations sont faites, place à l’essai !
S’assoir derrière le volant d’un Taycan est toujours un moment fort. On retrouve le plus naturellement du monde une position de conduite idéale où tout tombe sous la main. Au-delà de cette parfaite ergonomie, de matériaux d’excellente qualité et d’assemblages sans aucun défaut, c’est un espace grandiose qui fait de nouveau son effet. Non sans humour, on se sentirait presque seul car, la Porsche 100% électrique dispose de places arrière généreuses grâce à son empattement de 2,90 m. Quant à son volume de chargement, il est tout aussi intéressant : 407 l pour le coffre et 84 l sous le capot avant. Prenons la route…
Au départ de Paris, la prise en main de cet Taycan propulsion est un réel jeu d’enfant. On profite alors des beautés de la capitale dans un silence de cathédrale comme celle de Reims ! Aucun bruit quel qu’il soit ne vient alors troubler notre apaisante balade dans la capitale.
Le mode « Normal » enclenché, la Taycan absorbe les moindres aspérités de la route, ralentisseurs et nids-de-poule. En mode « Sport » et, après avoir réglé au plus bas le châssis, tout en sélectionnant ce dernier en « Sport Plus », tout devient plus direct et d’une efficacité incroyable.
Pour mettre à l’épreuve la Taycan, Porsche France a eu l’excellente idée de mettre à notre disposition le circuit d’essais Bosch situé non loin de Reims, à Juvincourt. Lors d’un premier atelier, nous avons tenté de faire glisser l’auto sur une piste détrempée. Il n’était pas question de battre le record du monde de drift de Dennis Retera qui a effectué 42 km (210 tours) en glisse totale avec une Taycan propulsion !
PASM (Porsche Active Suspension Management) et ESP déconnectés, on essaye, non sans difficulté, de faire partir en travers les quelques 2 200 kilos à vide de la Taycan. A noter que sur cette Taycan d’entrée de gamme, les suspensions actives sont au programme des options.
Hyper saine et réactive, la Porsche 100% électrique fait alors ressentir à son conducteur un équilibre bluffant, le plus délicat étant, après avoir mis de l’angle au volant puis, un bon coup d’accélérateur, de conserver un bon dosage sur la pédale de droite pour gérer le couple instantané de 357 Nm tout en ressentant, à travers le volant, les moindres réactions de l’auto pour maintenir la glisse en effectuant d’infimes mais ultra-rapides corrections au volant ! Oui, la Porsche Taycan propulsion est fun !
D’autres exercices étaient au programme de notre essai comme un slalom ou la possibilité, à haute vitesse, de mettre en dérive l’auto. Avouons que sur ce coup, nos réflexes de conducteur de tous les jours ont, hélas, pris le dessus. En revanche, sur un tracé aux courbes serrées et en dévers, la Taycan défie clairement les lois de la physique et n’a rien à envier aux autres versions.
L’auto est collée au sol et l’on fait ce que l’on veut avec tant elle remonte des informations précises à tous les niveaux. Ce n’est pas un hasard si nous avons précédemment utilisé l’expression « jeu d’enfant ». La Taycan est un jouet pour adulte à vous faire adorer les voitures électriques. De plus, la configuration de notre Taycan d’essai ne fait pourtant pas apparaître l’option « Roues arrière directrices avec Servotronic Plus ». Bref, à nos yeux et à nos mains de journalistes automobiles, Porsche a inventé la voiture électrique la plus efficace au monde.
Certes, à l’accélération, on ressent moins une sensation de « décollage » mais, encore une fois, le châssis de la Taycan permet des transfert de charges optimaux. Une nouvelle fois, l’expression « les sorciers allemands » prend tout son sens pour évoquer l’expertise des ingénieurs de chez Porsche.
Tout l’intérêt de cette Porsche Taycan réside aussi dans son autonomie. Inutile d’être physicien pour comprendre qu’un seul moteur électrique demande moins d’énergie pour fonctionner. Ajoutez à cela la technologie à 800 V qui permet une récupération d’énergie sans concurrence et vous obtiendrez une autonomie de 484 km (WLTP) avec la batterie de 93,4 kWh. En pratique, lors de notre liaison sur l’autoroute entre Paris et Reims, à aucun moment nous avons ressenti le moindre stress. Lors de notre essai de la Porsche Taycan, nous sommes, à ce titre, arrivés à la Cathédrale de Reims avec suffisamment de « piles » pour pouvoir presque faire le trajet inverse vers Cathédrale Notre-Dame de Paris (consommation relevée : 23,1 kWh/100 km). Comparativement à la Taycan Turbo S, ce sont en WLTP, 68 km supplémentaires qu’offre la Taycan propulsion soit un aller-retour au bureau.
On en vient aux performances et aux autres chiffres de cet engin à hautes technologies. La Taycan réalise le 0 à 100 km/h en 5,4 s et peut atteindre 230 km/h. Quant à sa recharge, sur une borne Ionity, la Taycan accepte 270 kW soit de quoi « faire le plein » (de 5% à 80%) en un peu plus de 20 minutes.
En conclusion, osons écrire que Porsche a réinventé la voiture électrique. Certes, il faut débourser, au minimum et hors option, 86 254 € pour s’offrir cette fantastique Taycan mais le constructeur allemand a mis la barre très haut pour se positionner en leader d’un marché de niche. Alors, les « Porschistes » sont-ils déjà au rendez-vous de l’électricité ? La réponse est simple : Oui ! En 2020, 20 015 Taycan ont été livrées dans le monde. Ramenée à la France, cette donnée passe 527 exemplaires. Enfin, au sein du groupe Volkswagen, la « cousine » de la Taycan débarquera en concession dans quelques jours avec les Audi e-tron GT et RS e-tron GT. Puisque l’on conclut cet essai en évoquant la concurrence, Mercedes-Benz « abattra sa carte EQS 100% électrique « le 15 avril. 770 km d’autonomie étant annoncés sur l’EQS. Des chiffres, encore des chiffres… toujours des chiffres mais, en matière de sensations de conduite et de technologiques aux services du plaisir au volant, on voit mal qui peut aller chercher Porsche !
Texte et essai : Frédéric Lagadec
Photos : Porsche et LesVoitures.com