Troisième étape du plan de conquête de la jeune marque américaine Tesla, la Model 3 a littéralement conquis l’Europe, devenant le modèle le plus vendu du continent, toutes motorisations confondues ! Nous avons voulu en savoir plus sur les raisons de cet engouement. Installons-nous au volant de la version Grande Autonomie, probablement la plus équilibrée de la gamme.
Avant de débuter, proprement dit et « proprement roulant», l’essai de la Tesla Model 3, regardons dans le rétroviseur, précisément dans celui qui est aux commandes du constructeur automobile spécialisé dans la voiture électrique.
Elon Musk, le visionnaire fondateur de la marque Tesla (entre autres), semble avoir pleinement atteint ses objectifs : démocratiser l’automobile électrique et la rendre sexy. Après un premier modèle, le Roadster – basé sur un châssis Lotus, relativement confidentiel mais déjà convaincant – et la Model S (et son « dérivé SUV » le Model X) – véritable succès, tant sur l’aspect commercial que pour l’image et la crédibilité de la marque, la Model 3 venant compléter la gamme en rendant le full électrique accessible au plus grand nombre. Avec l’ajout du Model Y ces derniers mois, la gamme offerte par Tesla s’étoffe et devient une alternative plus que sérieuse aux grands constructeurs. L’image du véhicule propre, à la pointe de la technologie et branché (jeu de mots facile lorsqu’on évoque un véhicule électrique…) séduit, mais est-ce le seul argument ?
Côté design, la Model 3 joue la carte de la sobriété, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Exit les artifices futuristes voire baroques de certains véhicules électriques qui rivalisent d’originalité pour sortir du lot, la berline Tesla ne brise pas les codes et c’est tant mieux ! Bien dynamisé par ses jantes de 19 pouces (en option à 1 190 €), le style de la Model 3 est dynamique, tout en préservant de grandes surfaces vitrées et une excellente habitabilité pour ses passagers.
Puisqu’on évoque l’intérieur, prenons place à bord. Après avoir soulevé la poignée affleurante à la carrosserie (élégante, mais peu ergonomique), on pénètre dans un habitacle d’une grande clarté, bien aidé par le toit entièrement vitré (un régal) et la sellerie en « cuir vegan » (constituée à partir de déchets de pommes, oui oui !) entièrement blanche. La planche de bord évoque l’univers du mobilier, du fait de son dépouillement extrême. En effet, pas de combiné d’instrumentation ou de rangées de boutons, tout se commande via l’immense écran central et par les quelques boutons du volant. S’il demande un temps d’adaptation pour en appréhender toutes les fonctionnalités, on finit toujours par s’y retrouver, quitte à passer par l’excellente commande vocale. L’habitabilité aux places arrière est également très bonne pour la catégorie. Le plancher entièrement plat dû à la conception de la batterie permet même d’accueillir sans peine un passager sur la place centrale.
Le niveau technologique et la réactivité de l’écran central sont proches d’une véritable tablette, intégrant même des jeux vidéo (dont certains peuvent être joués à l’aide des pédales et du volant !) ou encore du divertissement tel que YouTube, Netflix ou Spotify, permettant de s’occuper pendant les recharges. La navigation GPS avec vue satellite est fluide et efficace et vous indique le niveau de charge estimé à l’arrivée de votre trajet. Le cas échéant, le GPS vous proposera même de faire un (dé)tour par le superchargeur Tesla afin d’optimiser votre déplacement et éviter la « panne sèche ».
Nul besoin de tourner une quelconque clé au volant d’une Tesla Model 3, le simple fait de déverrouiller le véhicule (à l’aide de la carte fournie ou avec votre téléphone et l’application Tesla) rend cette voiture électrique automatiquement apte à démarrer. Petite pichenette sur le levier de sélection au volant, position « Drive » enclenchée, la Model 3 décolle, dans un silence assourdissant. Et c’est peu de dire qu’elle décolle ! Avec un 0 à 100 km/h annoncé en 4,4 secondes, soit le temps annoncé par une Porsche Cayman GT4 (excusez du peu !), et l’absence de bruit, les sensations sont étonnantes, voire perturbantes. Lors de notre essai de la Tesla Model 3, nous avons ressenti une accélération sans fin, d’autant qu’aucune rupture ne se fait sentir, puisque la Model 3 ne dispose pas de boîte de vitesses. De quoi laisser bon nombre de sportives à la traîne, notamment en reprises, puisque le moteur électrique offre toute sa puissance de façon instantanée, sans avoir besoin de rétrograder. Et tout cela sans évoquer la version Performance dont l’accélération (0 à 100 km/h en 3,3 secondes) vient titiller des supercars à plusieurs centaines de milliers d’euros : Pagani Huayra, Porsche 911 GT3 ou encore Lamborghini Murcielago. Un véritable avion de chasse !
Côté tenue de route, la Model 3 sort également le grand jeu. Avec son centre de gravité extrêmement bas, grâce aux batteries dans le plancher, et ses quatre roues motrices, elle semble quasiment impossible à prendre en défaut, malgré sa puissance importante. C’est à la fois rassurant et plutôt amusant à emmener, faisant totalement oublier le poids conséquent (environ 1 850 kg).
En contrepartie, l’amortissement est assez ferme et mériterait, peut-être, une suspension pilotée afin de pouvoir l’assouplir en roulage normal. Rien de rédhibitoire toutefois. Notre voiture électrique d’essai étant équipée de la totalité des aides à la conduite proposées par Tesla, nous avons pu tester la conduite semi-autonome sur voie rapide, permettant même de prendre les sorties d’autoroute automatiquement, en fonction de la destination renseignée. Si quelques détails semblent encore à perfectionner, l’efficacité globale est bluffante et rend réaliste une conduite entièrement autonome dans quelques années.
Sur le plan de l’autonomie et comme le nom de cette version l’indique, pas de soucis à se faire au volant de la voiture électrique américaine. Si les 614 km annoncés par le cycle WLTP semblent difficile à atteindre (notamment à cause du côté grisant de cette accélération instantanée), les 500 km sont crédibles grâce à la batterie de 75 kWh, ce qui permet d’envisager toute sorte de trajet quotidien et bien plus encore, s’affranchissant ainsi de l’une des plus fortes barrières psychologiques à l’achat d’un véhicule électrique. La consommation de la Model 3 est parfaitement maîtrisée, avec des moyennes autour de 15 kWh aux 100 km, une référence dans le domaine de la motorisation électrique. Le maillage des superchargeurs Tesla permet également de couvrir la plupart des longs trajets (vacances, par exemple), d’autant que la Model 3 permet une recharge ultra rapide, jusqu’à 250 kW, permettant théoriquement de récupérer la totalité de la batterie en une heure environ. Dans la pratique, quelques dizaines de minutes suffisent dans la plupart des cas pour récupérer suffisamment d’autonomie pour rallier son point d’arrivée (idéalement son domicile, équipé pour la recharge d’un véhicule électrique).
Enfin, côté tarifs, c’est plutôt la bonne surprise pour cette fabuleuse voiture électrique. Affichée à 53 990 € (bonus de 2 000 € compris) dans cette version Grande Autonomie, la Tesla Model 3 se permet même d’être moins chère que la plupart des berlines allemandes du même segment, à équipement similaire. Si l’on ajoute les performances dans l’équation et le coût d’utilisation (surtout dans le cas d’une recharge à domicile), la Model 3 devient quasiment imbattable. Les équivalents thermiques en performances étant lourdement « malussés » et obligeant à des passages à la pompe fréquents et coûteux. Seule une poignée d’options est disponible : jantes de 19 pouces, coloris extérieur et intérieur, mais aussi et surtout les différents packs d’assistance à la conduite, amenant peut-être un jour à une conduite entièrement autonome. Toutefois, les développements étant encore en cours, nous vous conseillerions de vous « contenter » du pack à 3 800 € nommé « Autopilot amélioré » (voire même du régulateur adaptatif « de base », déjà fort efficace) plutôt que le pack à 7 500 €, encore très onéreux pour des ajouts encore quelque peu « gadgets ». La version « de base » de la Model 3 (offrant déjà 491 km d’autonomie WLTP) tombe même à 37 800 € grâce au bonus de 6 000 € réservé aux électriques de moins de 45 000 € ! A ce tarif, la Model 3 est tout simplement imbattable, toutes motorisations confondues !
Pour conclure, cet essai de la Tesla Model 3, il nous aura permis de comprendre concrètement l’engouement autour de cette voiture électrique. Ses qualités intrinsèques sont réelles : performances, habitabilité, coût d’utilisation faible, équipement technologique, le tout pour un tarif très compétitif. Outre ces aspects cartésiens, les sensations offertes au volant et le silence à bord laissent entrevoir un avenir radieux pour les véhicules électriques, à l’opposé de l’image quelque peu rébarbative véhiculée par les « puristes ». L’électrique est là et bien là ! Retrouvez, ci-dessous, au terme de cet article, d’autres photos de notre essai de la Tesla Model 3.
Texte, photos et essai : Alexandre Besançon