Le plaisir automobile, une notion que la France est en train de perdre, la faute à trop de restrictions et d’interdictions abusives. Mais il existe néanmoins de quoi se réjouir avec des voitures étudiées pour provoquer l’émotion lorsqu’elles apparaissent sous nos yeux. Et une fois à leur volant, les sensations ressenties doivent éveiller tous nos sens. C’est bien l’objectif de Fiat avec la 124 Spider. Découvrons ensemble si cette notion de plaisir automobile est bien au rendez-vous…
Présentée au grand public lors du salon de Genève 2016, la Fiat 124 a été développée sur la plate-forme de la référence mondiale du segment des roadsters, la Mazda MX-5. Cette dernière avait également était dévoilée en Suisse, un an auparavant. Et nous avions été complètement conquis par l’auto (essai à découvrir ici). Il est donc forcément naturel de comparer la japonaise à l’italo-américaine.
Esthétiquement, nous attendions beaucoup de notre essai pour « juger » la 124 Spider. Les premières photos dévoilées par FCA en novembre 2015, puis la découverte du roadster à Genève en mars dernier, nous laissaient présager le meilleur. Mais rien ne vaut de voir une voiture dans un environnement dynamique, sur routes, pour se faire un avis. Au final, ou au commencement de notre road trip aux alentours de Biarritz, nous avons été immédiatement charmés.
Avec ses 4,055 m de longueur, la Fiat 124 Spider est plus longue que la Mazda (3,91 m). Certes, ce ne sont que quelques millimètres de plus mais le rendu visuel de la Fiat est beaucoup plus imposant comparativement à la MX-5. Fiat avait pour but d’élaborer un design diffèrent, au charme italien et aux codes des voitures américaines. Sans oublier, bien sûr, l’esprit de la première version de 1966.
Ainsi, la « bouille » du roadster 124 affiche un large sourire qui se projette vers l’avant. Les optiques, à la signature visuelle, à la fois moderne et joliment simple, marquent le fort caractère de l’auto car elles ont été positionnées en retrait du bouclier avant. Au-dessus de ces phares, les galbes du long capot avant renforcent une impression de robustesse tout en respectant un charme à l’italienne. Alors que l’avant de la Mazda MX-5 plonge, celui de la 124 Spider continue sa course beaucoup plus loin et cela va nous surprendre très agréablement une fois à bord (teaser).
Les flancs, plus simples, sont très proches de la japonaise si on « découpe » les parties situées au-delà des roues. Les passages de roues sont les mêmes, le dessin des portes identique mais la 124 Spider cultive sa différence avec des bas de caisse aux jupes latérales plus agressives. La partie entièrement partagée par la 124 et la MX-5 est représentée par la ligne qui dessine le contour de l’habitable. Le système de capote rétractable manuellement n’a offert aucune autre possibilité aux stylistes de Fiat. Seul bémol au joli profil de l’auto, ses jantes en alliage 17″ qui auraient mérité plus de caractère, pour être en adéquation avec le reste de l’auto, et plus de relief à nos yeux.
Quant à l’arrière de la 124 Spider, il est clairement fabuleux. Que vous soyez un passionné des voitures américaines ou un amoureux des italiennes, vous trouverez votre bonheur. Le bouclier est imposant et remonte à 45° en suivant le diffuseur. Ce dernier accueillant deux grosses sorties d’échappement. Les grands feux en relief surplombent l’ensemble. On en oublierait presque que la 124 Spider est une petite voiture avec ces airs de Dodge Viper et sa finesse digne des Maserati !
Pour être tout à fait complet, la nouvelle 124 Spider est proposée au choix en 8 teintes : Blanc Gelato, Rouge Passione, Bleu Italia, Noir Vesuvio, Bronze Magnetico, Gris Argento, Gris Moda, et Blanc Ghiaccio tri-couche de notre modèle d’essai en finition Lusso Plus. En cette période d’EURO 2016, il ne manque qu’un beau vert italien pour peindre le drapeau de la Nazionale !
Avant de profiter, cheveux au vent, de la sublime 124 Spider, présentons son habitacle. Sans surprise, celui-ci est identique à celui de la Mazda, mise à part un élément principal, un volumineux insert laqué qui longe la planche de bord, de l’aérateur central à l’aérateur passager, bien joué Fiat, c’est beau !
Au niveau des équipements, on ne change pas « une équipe japonaise qui gagne » : écran 7″, système Bose (option), sièges à appui-tête intégré, volant cuir multifonctions. Du point de vue des finition, la Fiat 124 se décline en 124 Spider, la plus simple, en passant par la Lusso, et jusqu’à la très haut de gamme Lusso Plus.
Moteur ! Une fois le contact enclenché, le 1,4 l MultiAir turbocompressé de 140 ch, seul et unique motorisation du roadster, se fait entendre. Mais hélas, la joie est de courte durée, capote rabattue et à l’accélération, le bruit s’estompe, décevant. Mais les responsables de chez Fiat présents lors de notre essai nous ont redonné le sourire en une simple phrase : « Nous laissons tout à la future Abarth 124 Spider ! » Cette « bombinette sans toit » de 170 ch (en photo ci-dessous) était présente aux côtés de la classique et superbe 124 à Genève.
Fermons la parenthèse sur l’Abarth 124 Spider pour retrouver notre essai routier de sa sœur de 140 ch donc, disponible à 5 000 tr/min et 240 Nm de couple (à 2 250 tr/min). Si l’on oppose ce dernier chiffre à celui de la Mazda MX-5 2.0L SKYACTIV-G 160 ch ( 200 Nm à 4 600 tr/mn), il est supérieur et sur le papier plus efficace à bas régime. Mais le turbo se déclenche un peu tard, et c’est seulement à partir de 3 000 tr/min, que le bloc 4-cylindres Fiat commence à propulser suffisamment le roadster. Avec ses 1 050 kilos, la Fiat 124 Spider souffre légèrement, sans faire de jeu de mots, de son poids supérieur aux MX-5 (1.5 l 131 ch : 975 kilos – 2.0 l 160 ch : 1 015 kilos). Sur ce type de voiture au centre de gravité très bas, le moindre kilo peut tout changer. On ressent tout si près du bitume.
D’agréables sensations au volant se font alors ressentir surtout que la commande de la boîte manuelle à 6 rapports est exceptionnelle. Ferme, rapide et hyper précise, elle permet littéralement de jouer avec les rapports. La direction de l’auto est quant à elle souple, agréable et permet sans efforts de positionner l’auto, certes avec moins de précision qu’avec la Mazda. A cet instant, la différence de philosophie des deux cousines nous apparaît évidente. La MX-5 est un roadster incisif, sportif, surtout dans sa version de 131 ch, alors que la 124 Spider est parfaite pour des balades en bord de mer ou en montagne dans un confort optimal et une sensation de sécurité indéniable. En sortie de virage, la japonaise pourra se dérober plus que l’italienne, plus lourde. Mais attention, l’émotion est bien présente au volant de la 124 Spider. Les virages s’enchaînent facilement, et en jouant avec les freins, d’une efficacité redoutable, on arrive aisément à « cruiser » à vitesse soutenue. Une fois calé sur un rythme conséquent, mais non sportif, la 124 Spider évolue avec une grande facilité et dans un confort incomparable.
Ce qui nous a particulièrement plu, pour ne pas dire bluffé, c’est la sensation visuelle qu’offre ce long et interminable capot qui, naturellement, projette notre regard loin vers l’horizon de la route. Le volant de la 124 Spider en main, on se croirait dans un roadster de taille supérieure voire aux commandes d’un cabriolet grand luxe. A bord de la MX-5, le regard se « bloque » sur le pare-brise sans se projeter. On peut alors se sentir étriqué car la vue du capot est inexistante. En revanche, l’italienne nous ouvre à l’extérieur beaucoup plus et on jouit alors totalement de rouler sans toit.
Du point de vue des performances, la 124 Spider réalise l’exercice du 0 à 100 km/h en 7,5 s et sa vitesse de pointe est largement suffisante avec 217 km/h. Du point de vue des consommations, elles sont communiquées par Fiat pour 6,4 l/100 km (cycle mixte), 5,1 l/100 km (sur autoroute) et 8,5 l/100 km (cycle urbain). Bonne surprise lors de notre essai sur un parcours vallonné et pimenté (on ne passe pas par la ville d’Espelette par hasard), la Fiat a affiché 10,2 l/100 km en moyenne, un très beau score malgré notre rythme « dans le haut du compte-tours ». Cela compensera les 900 € de malus (148 g/km de CO2 émis).
Finalement, FCA a parfaitement positionné sa 124 Spider. Son design au charme indéniable ne souffre pas de son petit gabarit. Trop souvent, les petites voitures semblent fragiles. C’est l’opposé avec la 124 Spider au look robuste, racé et au charme fort. Son confort, son aisance et le ressenti de sécurité à son bord, accompagnent son design en ce qui concernent ses points forts. Ils séduiront sans nul doute une clientèle désireuse de style, et de lifestyle même, que ce soit en Europe ou aux USA ! En finition 124 Spider, le roadster s’affiche à 25 990 €, puis à 27 990 € en Lusso et à 29 990 € en Lusso Plus. Le segment des petits roadsters plaisirs a le vent en poupe, Fiat et Mazda devraient se partager le marché pendant de longues années…
Texte, essai et photos : Frédéric Lagadec