Ce n’est un secret pour personne, le SUV a le vent en poupe. Cette tendance que l’on annonçait comme temporaire (préoccupations écologistes, encombrement dans les centres-villes…) semble bien partie pour durer et gagne même les hautes sphères de l’automobile. Ce qui était impensable il y a quelques années seulement s’est bel et bien produit. Porsche a ouvert la voie avec son Cayenne puis, devant le succès rencontré malgré les critiques, a décliné le concept en taille réduite avec le Macan. Des constructeurs aussi inattendus que Maserati, Alfa Romeo ou même Bentley n’ont pas tardé à se lancer dans la bataille. Jaguar, marque autrefois très traditionnelle mais désormais en pleine renaissance, propose aujourd’hui sa définition du SUV de luxe, le F-Pace. Est-il à la hauteur du blason qu’il arbore fièrement sur sa calandre ?
Le F-Pace séduit au premier regard. Ian Callum, designer à l’origine du renouveau de la marque de Coventry, confirme avec ce nouveau modèle sa parfaite maîtrise des proportions. Le style est résolument dynamique, surtout dans notre version R-Sport, utilisant les nouveaux codes stylistiques de la marque sans les dénaturer.
Son profil est élégant et masque visuellement son gabarit très généreux, à mi-chemin entre un Macan et un Cayenne. Certaines des marques citées en préambule feraient bien de s’en inspirer… De plus, dans cette livrée rouge “Italian Racing Red”, il ne passe pas inaperçu et affirme son esprit sportif.
L’intérieur est au diapason et, bien que certains éléments de finition ne soient pas au niveau des références allemandes, la présentation est raffinée et l’équipement pléthorique. Le grand écran central, au graphisme moderne, est plutôt bien intégré à l’ensemble, tandis que le sélecteur de vitesse rotatif, qui sort de son logement lorsqu’on démarre, fait toujours son petit effet. Les plus tatillons regretteront peut-être un volant un peu chargé en commandes, bien que permettant un accès aisé à la plupart des fonctions. Les compteurs à affichage digital changent de physionomie et de couleur en fonction du mode de conduite adopté. L’éclairage d’ambiance des contre-portes est également personnalisable via l’écran central, aussi bien en intensité qu’en couleur.
S’il est sobre et de bon goût, l’intérieur du F-Pace est également spacieux et accueillant. En effet, l’espace n’y manque pas, aussi bien à l’avant qu’à l’arrière, tandis que le coffre de 650 l fait presque jeu égal avec le grand Cayenne (670 l). Les équipements de confort et de sécurité ne manquent pas, avec un régulateur de distance avec assistance aux embouteillages couplé à un système de freinage d’urgence autonome, un système d’aide au stationnement plutôt complet, une assistance au maintien dans la file ou un détecteur d’angle morts. Petite attention amusante, la “clé loisirs” (en option à 365 €), semblable en apparence à un bracelet connecté, consiste en une clé étanche et portable au poignet. Elle vous permet de vous adonner à vos activités favorites sans vous soucier du rangement de la clé.
Si le F-Pace s’apprécie pour sa vie à bord, il n’en garde pas moins l’ADN Jaguar. Après de nombreuses années de berlines et coupés placides, orientés principalement vers le confort, la marque britannique a récemment renoué avec son glorieux passé sportif, en proposant des véhicules confortables mais au comportement bien plus dynamique qu’auparavant. Le SUV de la marque ne déroge pas à la règle et propose un comportement très sain, prenant peu de roulis malgré une garde au sol élevée et ne donnant jamais l’impression de se désunir.
Cependant, sur mauvais revêtement, le compromis de suspensions amène quelques sautillements, sans grande conséquence. La boîte ZF à huit rapports sait se montrer douce en conduite coulée et réactive en conduite dynamique, permettant également de jouer avec les palettes situées derrière le volant. Les freins, quant à eux, semblent efficaces, mais leur attaque n’est guère rassurante, avec une course assez longue donnant l’impression d’un manque de mordant.
Si les performances sont loin d’être ridicules dans cette version 2.0D 180 ch et ce malgré un poids élevé de 1,8 tonne, avec notamment un 0 à 100 km/h effectué en moins de 9 secondes, la sonorité du moteur et son manque de douceur déçoivent quelque peu dans cette gamme et cet univers feutré. Pour cela, il vaudra mieux s’orienter vers les versions V6 3.0 diesel (300 ch) ou essence (340 et 380 ch et une mélodie sans pareille), plus onctueuses par nature. Le mode Sport permet d’affûter la réponse de l’accélérateur et la fermeté de la direction, sans transcender le F-Pace. Ce mode sera à réserver aux départementales sinueuses, car il tend à rendre la conduite en ville désagréable en voulant faire de chaque feu vert un départ de spéciale de rallye. Pour une conduite apaisée et fluide, on optera pour le mode Eco, dans lequel la boîte automatique révèle toute sa douceur.
Pour un premier essai, il s’agit d’un coup de maître. Jaguar frappe un grand coup dans la (désormais) grande famille des SUV de luxe, avec un style affirmé et dynamique, des équipements dignes des plus luxueuses berlines de la marque, sans toutefois sacrifier son ADN. Surtout que le F-Pace est proposé à des tarifs attactifs. Pour exemple, notre modéle d’essai s’offre à partir de 57 350 €. Les options font grimper la facture à 78 350 €. Ceux qui souhaitent se démarquer des classiques du segment sans pour autant devoir faire des concessions pourront se tourner vers ce nouveau-venu.
Texte, essai et photos : Alexandre Besançon
