Au “royaume de Woking”, la 570S est la première Supercar de la lignée Sports Series. Dévoilée en mars 2015, elle a inauguré cette gamme qui inclut aujourd’hui les 540C et 570GT. L’objectif de McLaren est clair : aller jouer sur le terrain des super-sportives de moins de 200 000 €, des Porsche 911 et autres Audi R8. Mais attention, la 570S est bien une Supercar, comme vous allez pouvoir le constater à travers notre essai…
McLaren est une marque jeune, rappelons-le. Mise à part la rarissime McLaren F1 des années 90, ce n’est qu’en 2011 que le constructeur né dans le Sport Auto a pris une nouvelle orientation commerciale de petite série avec la MP4-12C. Le temps passe vite, cette première création est déjà loin à la vue de cette sulfureuse 570S.
McLaren nous avait ébloui avec la P1 lors du Mondial de l’Automobile de Paris 2012. Exit, la simplicité critiquable de la MP4-12C, et c’est ainsi que le constructeur britannique a trouvé son identité stylistique qui est depuis reprise sur tous ces modèles. Affranchi d’un aileron et d’autres éléments aérodynamiques, le dessin de la McLaren 570S dégage une puissante homogénéité. L’équilibre de son design est pourtant composé de lignes très travaillées, surtout à l’avant. Sans oublier que les dimensions de ce véhicule hors normes restent conséquentes : longueur : 4,530 m, largeur : 2,095 m et hauteur : 1,202 m.
Le bouclier avant en carbone en est le parfait exemple pour deux raisons. Moins ouvert que sur la 650S, il marque le caractère agressif de la Supercar et le fantastique développement réalisé par les ingénieurs sur les flux d’air. Il fallait bien compenser le manque d’appui dû à l’absence de technologies actives synonymes de coûts élevés.
Les flancs de la 570S n’ont également rien à envier à ceux des modèles Super Series (650S, 675LT). Ils apparaissent même beaucoup plus sophistiqués que la 650S. Encore une fois, les ingénieurs du McLaren Technology Centre ont cherché, à travers des lignes fuyantes et des creux prononcés, à utiliser de façon optimale les flux d’air. Ainsi les montants de custodes ouverts laissent filer l’air. Quant aux jantes creusées à 5 doubles branches, elles font ressortir les énormes disques de freins en carbone-céramique (394 mm à l’avant, 380 mm à l’arrière).
Que dire de l’arrière de cette machine ? Il est à couper le souffle et semble être sorti tout droit de l’univers Star Wars. Il contraste “violemment” avec la fluidité du capot avant. Le bouclier qui intègre des feux sombres à la courbe lumineuse chère à McLaren et le monstrueux diffuseur nous rappellent intelligemment que la 570S est une pure propulsion et que tout est envoyé de l’arrière.
Au final, le design au rendu compact de la 570S est un savant mélange de sensualité et de puissance visuelle exacerbée. Une fois les portes en élytre ouvertes, on réalise instantanément que cet objet roulant risque fort de nous ensorceler une fois à son volant…
McLaren a répondu aux appels des critiques et autres clients en concevant un intérieur à l’esprit sportif mais qui peut également rester un minium fonctionnel. On entend par cela les quelques rangements disponibles à savoir une boîte à gants et des espaces situés dans les portières. Ceux qui en souhaiteraient davantage pourront se diriger vers la 570GT (à retrouver très prochainement à l’essai). Et si on continue la comparaison avec la 650S, la console centrale en un bloc de cette dernière n’a pas été reprise sur la 570S.
Nous sommes en présence d’un écran tactile “flottant” et d’un tableau de commandes séparé. Cela engendre une sensation d’espace accrue dans une ambiance racée et feutrée. Les éléments en carbone et les sièges semi-baquets en croûte de cuir enveloppants sont au cœur de ce que l’on pourrait nommer une noblesse sportive “So British”. Le moment est enfin venu d’enclencher le bouton START ENGINE…
Dès les premiers kilomètres, le sentiment de faire corps avec la voiture est saisissant. Le temps d’adaptation à une conduite en position très basse passe instantanément. Une fois le magnifique site de l’Abbaye des Vaux-de-Cernay dans nos rétroviseurs, la route des 17 tournants nous fait vite comprendre que nous sommes à bord d’une Supercar à l’efficacité redoutable. On freine alors beaucoup trop tôt et on aborde des virages beaucoup trop lentement, la 570S peut en effet faire beaucoup plus, à vous en faire oublier votre conduite de tous les jours. Une fois l’engin appréhendé, on tape fort dans les freins et la Supercar répond parfaitement et surtout en remontant des informations extrêmement claires. Le plus impressionnant, c’est la précision folle du train avant. Bien aidé par une direction assez directe, on est rapidement en osmose totale avec le bolide, une sensation rare qui nous “oblige” immédiatement à jouer avec les boutons de la McLaren : Handling (H) et Powertrain (P). Le N correspondant au mode Normal, les S et T respectivement aux modes Sport et Track.
En Sport, conduire une telle voiture procure un plaisir rare et intense. Le châssis en carbone de la McLaren 570S révèle une agilité déconcertante. La Supercar au poids de 1 313 kilos défit dans les courbes les lois de la physique tout en procurant, insistons bien là-dessus, des sensations de contrôle exceptionnelles. Sur le plan des liaisons au sol, la fermeté des suspensions aide à inscrire au “millimètre près” la 570S dans les courbes. Au moment d’attaquer, d’engager cette diabolique mécanique en virage, tout semble se faire par instinct. Certes, il faut rester prudent car à 5 000 tr/min, les deux turbos envoient tout ce qu’ils peuvent. A cet instant, le terme propulsion prend tout son sens et plus encore à en oublier que le V8 3.8 l a été dégonflé de 80 chevaux (570 chevaux à 7 500 tr/mn)! Même histoire pour le couple phénoménal de 600 Nm (678 Nm pour la 650S dont l’essai de la version Spider est à retrouver ici). Quant à la boîte de vitesses double embrayage à 7 rapports, elle enchaîne avec une telle rapidité qu’il est impossible de lui trouver le moindre défaut. Surtout que l’électronique procure des aides parfaitement paramétrées à un rythme élevé. Accélérer trop tôt en sortie de virage serré devient presque un jeu d’enfant, de grand enfant. Hyper permissive, la McLaren vous fait ressentir qu’elle est un prolongement mécanique de votre corps avec un maximum de sensations procurées (insistons encore).
Malgré la présence de la suralimentation, la McLaren 570S n’a pas à rougir en matière de sonorité, les automobilistes du Duplex de l’A86, limité à 70 km/h, doivent encore s’en souvenir. Puisque l’on évoque une vitesse excessivement réduite pour la McLaren dans le tunnel, en chiffres, celle-ci abat le 0 à 100 km/h en 3,2 s. Sa vitesse maximale est de 328 km/h. De quoi vous envoyer dans un autre univers à l’image de l’atmosphère dégagée par le village fantôme du Vieux-Pays de Goussainville.
Petite McLaren ? La 570S est si proche d’une voiture de course et si facile à conduire qu’elle provoque des sensations rares loin d’une Audi R8 aseptisée. Esthétiquement originale et proche de l’Hypercar P1, ses portes à élytres représentent également une exclusivité. L’ADN sportif cher à Bruce est omniprésent à tous les niveaux, ce qui fait de cette Supercar à moins de 200 000 €, une offre à sensations très fortes face à la concurrence !
Grâce à elle et aux autres Sports Series, McLaren Automotive est en passe d’atteindre son objectif de ventes 2016 avec 3 000 voitures. A l’horizon 2022, ce sont 5 000 unités par an qui sont visées. Les plans de McLaren sont précisément définis, 15 nouveautés (restylage compris), sont attendues d’ici 5 ans. Concluons avec la McLaren 570S dans ses œuvres sur piste et en-dehors. D’autres photos de notre essai suivent au terme de cet article.
Texte et essai : Frédéric Lagadec
Photos : LesVoitures.com – Alexandre Besançon