Ce lundi 1er septembre 2025 marque une étape douloureuse dans l’histoire industrielle bretonne : l’usine Michelin de Vannes cesse définitivement ses activités après plus de six décennies de production. Fondée en 1963, cette unité spécialisée dans la fabrication de structures métalliques pour pneumatiques met fin à son exploitation dans le cadre d’un vaste plan de sauvegarde de l’emploi annoncé par le groupe en novembre 2024. Ce plan, motivé par une perte de compétitivité sur le marché européen et une pression croissante de la concurrence asiatique, ne concerne pas uniquement le site vannetais : l’usine de Cholet, autre pilier de la production régionale, fermera à son tour ses portes en novembre prochain. Au total, plus de 1 200 salariés sont concernés par ces fermetures.

En Bretagne, 299 salariés sont directement touchés par la cessation d’activité, soit la fermeture de l’usine Michelin de Vannes. Tous n’ont pas encore signé leur lettre de licenciement, et les situations varient selon les profils. Près de 200 d’entre eux entrent dès ce jour en congé de reclassement. Pendant une durée de douze mois, 180 salariés bénéficieront d’un maintien de salaire à hauteur de 85 % du brut, encadrés par Michelin et le cabinet Randstad. L’objectif : faciliter leur reconversion professionnelle par le biais de formations ou d’un accompagnement personnalisé dans leur recherche d’emploi.

Frédéric Lescoublet, délégué syndical CFE-CGC, précise que les salariés de l’usine Michelin de Vannes seront aidés pour « peaufiner leur CV et préparer leurs entretiens d’embauche ». Une vingtaine a déjà retrouvé un contrat à durée indéterminée, principalement dans le secteur de la maintenance industrielle, qui souffre d’un déficit de main-d’œuvre qualifiée. D’autres ont été réintégrés dans des entreprises partenaires, toujours dans le domaine des structures métalliques pour pneumatiques.

En parallèle, une quarantaine de salariés de l’usine Michelin de Vannes ont opté pour un départ en pré-retraite. Selon les modalités négociées, certains pourront bénéficier d’un aménagement de leur temps de travail, notamment sous forme de tiers temps, jusqu’à leur départ définitif. Une vingtaine de collaborateurs ont été reclassés en interne, au sein d’autres sites du groupe Michelin, notamment à Clermont-Ferrand et au Puy-en-Velay. Une dizaine de personnes restent encore sur le site vannetais, chargées des opérations de démontage des équipements, de la dépollution des installations et de la prospection auprès d’éventuels repreneurs. À ce jour, l’avenir du terrain industriel reste incertain : aucune entreprise n’a encore officialisé son intérêt pour une reprise ou une location des locaux.

La fermeture d’usine Michelin de Vannes n’est qu’un volet d’un plan plus large. L’usine Michelin de Cholet, située dans le Maine-et-Loire, est également concernée par cette restructuration. Le groupe a confirmé que ce site, actif depuis plusieurs décennies, cessera ses activités, plus tôt que prévu, à savoir fin novembre 2025. Les modalités de cette fermeture devraient suivre un schéma similaire à celui de Vannes, avec des dispositifs d’accompagnement pour les salariés, incluant des congés de reclassement, des pré-retraites et des mobilités internes.

Enfin, ces fermetures de l’usine Michelin de Vannes et de celle de Cholet s’inscrivent dans une stratégie globale de rationalisation des sites européens du groupe Michelin, confronté à une transformation profonde du marché du pneumatique. La montée en puissance des concurrents asiatiques, la pression sur les coûts de production et les mutations technologiques imposent des choix difficiles. Pour les salariés, c’est une rupture brutale avec un outil de travail qui a souvent représenté bien plus qu’un simple emploi : une fierté locale, un savoir-faire reconnu, et une communauté soudée.

La rédaction

Photos : Michelin