Après avoir revu son trublion l’été dernier, Nissan propose en ce début d’année la nouvelle version du Juke NISMO RS. Plus de puissance, plus de technologies sont au programme du « bad boy » des crossovers urbains. Et cette fois, ce n’est pas en ville qu’il évolue mais sur une « wet track », celle du circuit de Dreux. A son volant, le vainqueur français de la Nissan GT Academy 2014, Gaëtan Paletou.
C’est donc par une météo capricieuse que nous avons eu la possibilité de confronter le Juke de l’extrême à un de ses petits frères plus sage, le 1.6 l de 94 chevaux. 2 juke = 2 pilotes avec la participation de notre pilote essayeur Laurent Pasquali.
Esthétiquement, les deux modèles sont assez proches. L’originalité et le caractère qui se dégagent naturellement du Juke suffisent à le positionner hors catégorie ! Pour son Juke NISMO RS, Nissan a donc intelligemment décidé de ne pas en faire beaucoup plus et évite ainsi de tomber dans une surenchère visuelle qui aurait pu dénaturer le crossover.
Tout le travail effectué sur la robe du Juke NISMO 2015 a pour but de le coller à l’asphalte grâce à un aérodynamisme optimisé : grille de calandre spécifique, boucliers avant et arrière rabaissés avec plus de mordant, jupes latérales et becquet. Campé sur ses grosses jantes alliage de 18″, le plus puissant des Juke se distingue également par la griffe rouge NISMO qui habille la voiture, sans oublier les coques de rétroviseurs extérieures exclusives. Pour info, le magnifique gris Perle KYO est de série.
Comparativement à la première version NISMO apparue en 2013, l’évolution technologique que renferme le Juke NISMO RS est beaucoup plus intéressante. Le bloc 1.6 DIG-T développe 218 chevaux sur notre version d’essai à traction, alors que la version à transmission intégrale atteint 214 chevaux. Cette dernière configuration étant équipée de la boîte automatique CVT à 8 rapports. Pourquoi une différence de 4 chevaux entre ces deux Juke ? Et bien c’est très simple, les 280 Nm de couple du 1.6 DIG-T (traction) sont impossible à absorber par la CVT. Le Juke 4×4 perd donc un peu de puissance au profit d’une fiabilité certaine.
Concentrons-nous maintenant avec Gaëtan sur notre modèle 1.6 DIG-T NISMO RS 2WD, équipé d’une boîte manuelle à 6 rapports. Dans son cru 2015, il dispose désormais d’un différentiel à glissement limité, d’une coque plus rigide et de suspensions renforcées. Tous ces éléments ont été développés par les ingénieurs de chez NISMO, comme la direction beaucoup plus directe et efficace qu’auparavant, Gaëtan ne nous contredira pas : « Cette seconde version progresse nettement avec une motricité impressionnante, surtout sur une piste aussi mouillée qu’aujourd’hui. Le Juke RS NISM0 2015 offre des sensations de vraies sportives et malgré sa hauteur élevée, sa nouvelle direction permet de s’amuser en totale maîtrise. Sa tenue de route est exceptionnelle sachant que c’est la première fois que je l’essaye dans des conditions de piste aussi glissantes. » Le comportement surprenant du Juke NISMO RS 2015 est en parfaite adéquation avec ses performances. Il abat le 0 à 100 km/h en 7,0 s pour une vitesse maximale de 220 km/h. Niveau consommation il affiche 7,2 l/100 km (cycle mixte) et il émet 165 g de CO2/km (malus : 2 200 €), Aïe !
A l’intérieur, ambiance NISMO avec une panoplie rouge : fond du compte-tours, logo NISMO, etc… Les superbes sièges Recaro trônent superbement dans l’habitacle. Même s’ils sont facturés en option (1 500 €), il ne faut pas hésiter ! Avant de parler du début de carrière de Gaëtan en Sport Auto, sachez que le tarif du Juke NISMO RS débute à 27 450 € et que Gaëtan a clairement été séduit par l’engin : « Look inimitable, sièges baquets Recaro aux maintiens parfaits, et le bruit identifiable du Juke NISMO RS me change de mon Juke de fonction (1.5 l dCi 110 ch). »
Originaire de Pau et âgé de 22 ans, Gaëtan s’apprête à participer à sa première saison et pas dans n’importe quel championnat, puisque qu’il sera engagé dans la Blancpain Endurance Series en catégorie Pro-Am sur la Nissan GT-T NISMO GT3 du team RJN. Après une superbe 2ème place lors des 24 Heures de Dubaï, ce sont cinq circuits mythiques qui attendent le lauréat de la Nissan GT Academy 2014. L’essai du Juke NISMO a été l’occasion pour lui de se prêter au jeu d’une interview.
– Etais-tu d’abord passionné de jeux vidéo ou de Sport Auto ?
« J’ai toujours aimé les deux univers. Je suis un fervent fan de Call of Duty par exemple. Mais enfant, j’ai été très marqué par David Coulthard et plus récemment par Kimi Raïkkönen. A la fin de carrière du pilote britannique, je suis devenu fan d’Ice Man. J’ai toujours adoré la Formule 1. Avant la GT Academy, je me suis pris de passion pour les championnats FIA GT3 et FIA GT1. Je suis également très proche de Mike Parisy. Je me souviens des Coupes de Pâque 2013 à Nogaro, j’ai pris la Nissan GT-R NISMO GT3 en photo en étant loin d’imaginer de passer un jour derrière son volant. Un an plus tard, j’ai mûri et après ma sélection via Gran Turismo, je me suis donné à fond, sans trop de pression, pour aller jusqu’au bout. »
– Quels sont tes objectifs pour 2015 en Blancpain Endurance Series, qui est rappelons-le, la référence des courses de GT en Europe ?
« Je prends Monza comme ça vient, et pour l’instant c’est assez flou. J’ai hâte de découvrir cette compétition. Après l’Italie, j’y verrai plus clair et je me fixerai un objectif. » A Monza, Gaëtan partagera le baquet de la GT-R NISMO GT3 #22 avec Ricardo Sanchez (lauréat pour le Mexique) et Florian Strauss, vainqueur des 12 Heures de Bathurst et gagnant de la Nissan GT Academy 2013 pour l’Allemagne. Notre « frenchie rookie » poursuit : « Nissan m’apporte tout son soutien en training, dans tous les domaines et me laisse grandir à mon rythme, du canapé au baquet. Ensuite, la vérité se fera sur la piste comme à Dubaï. »
– Quel tracé as-tu le plus hâte de découvrir ?
« Spa-Francorchamps sans hésiter, pour les 24 Heures de Spa (25-26 juillet). Je n’ai jamais été sur place. Ce sera donc ma première épreuve réelle d’endurance en Europe, et les 24 Heures de Spa regroupent le meilleur du monde des GT3, je suis impatient. Mais je pense aussi aux 1000 km du Paul Ricard fin juin, c’est sûrement mon côté chauvin qui ressort (rires). Je suis fier d’être français et le surnom de frenchie rookie que vous me proposez me plaît bien. »
– Peux-tu nous présenter les évolutions entre la GT-R GT3 NISMO version 2014 et la 2015 que tu piloteras ?
« Il y a de grosses différences, l’aéro est plus travaillé, le bouclier avant est plus facile à remplacer en cas de crash. Le châssis est identique à la GT-R NISMO GT3 2014 mais les amortisseurs sont nouveaux, les freins plus gros, et le tableau de bord plus bas. Du coup, le centre de gravité est amélioré. Sans oublier une cartographie de turbo optimisée. » Ci-dessous, la Nissan GT-R NISMO GT3 #22 (Specs-2014) pilotée par Gaëtan lors des essais d’avant-saison de la Blancpain Endurance Series au Paul Ricard et la version 2015 (#23). En effet, les différences entre les deux versions 2014 et 2015 sont importantes. Dès Monza, Gaëtan et ses coéquipiers bénéficieront des « évos 2015 ».
– Pas eu trop de mal à faire l’intérieur à notre pilote essayer Laurent Pasquali ?
« On verra ça plus tard ! (rires). C’est toujours agréable de rencontrer un pilote français surtout que Laurent est très expérimenté. Il a remporté de nombreuses courses dont le titre en France en 2011. Nous avons longuement échangé sur le Juke NISMO RS. Et comme moi, il a été très surpris par ses capacités. J’ai hâte de revoir Laurent qui évoluera en Pro-Am également. » Rappelons que Laurent Pasquali sera au volant d’une Audi R8 LMS ultra du l’équipe WRT, en compagnie de Sacha Bottemanne et Max Koebol.
Texte : Frédéric Lagadec
Essais : Gaëtan Paletou et Laurent Pasquali
Photos : Jean-Baptiste Debourle et Eric Fabre/V’IMAGES (Nissan GT-R NISMO GT3)