Juillet 2013 : le domaine de Lord March connu mondialement pour le “Goodwood Festival of Speed”, est le théâtre de la première apparition de la Peugeot RCZ R. La “Féline” évolue alors dans un décor aux couleurs champêtres. Janvier 2014 : c’est dans une ambiance brute, totalement opposée à celle de Goodwood, que nous vous proposons un essai exceptionnel de la RCZ R avec Grégory Guilvert, pilote officiel Peugeot Sport…
Comme le roi des animaux, emblème de la marque Peugeot, la RCZ R domine par sa puissance l’ensemble de la gamme des “félines à quatre roues”. L’entité Peugeot Sport s’est ainsi chargée du développement du coupé pour répondre au cahier des charges basé sur une ultra sportivité tout en permettant un usage confortable du petit bijou RCZ R au quotidien. Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est de bon ton de présenter notre pilote essayeur du jour.
Vice-champion 2008 et champion 2009 de la Peugeot THP Spider Cup, Grégory Guilvert est aussi connu pour avoir développé la Peugeot 208 T16 Pikes Peak et la Peugeot RCZ Racing Cup. A bord de cette version de la RCZ dédiée exclusivement à la compétition, Grégory a effectué pas moins de 10 000 km d’essais sur circuit en seulement un an, un chiffre qui mériterait d’être présent au livre Guinness des records. Greg, comme on l’appelle dans les paddocks, évolue également en courses au sein du championnat de France GT (GT Tour) et de la Blancpain Endurance Series.
Concernant la RCZ R, Grégory nous précise quel a été son travail : « A l’origine du projet RCZ R, nous avons exploité les données techniques issues de la RCZ Cup et je suis ensuite intervenu au stade final du développement de l’auto pour donner mon feeling et participer aux derniers réglages. L’essentiel du travail de développement a été réalisé par Philippe Bugalski ». Pilote de rallye émérite et de son surnom “Bug”, Philippe nous a hélas quitté en août 2012.
Extérieurement, la RCZ possède déjà un look sportif affirmé avec une superbe touche d’élégance grâce à son toit à double bossage façon Zagato et à sa grande ouverture vers le ciel matérialisée par la lunette arrière. C’est même à se demander si le Z qui suit le RC n’est pas un hommage à Ugo Zagato. Pour encore plus de style, notre modèle d’essai est équipé de l’option toit carbone. La RCZ R conserve donc une ligne fluide et ne tombe pas dans des excès visuels pour affirmer sa domination. Elle se distingue de ses sœurs avec discrétion grâce à de nouveaux éléments qui optimisent son rendu final tout en améliorant son efficacité sur la route, comme l’aileron fixe, particularité de la RCZ R. Parfaitement intégré, il offre un gain d’appui et surplombe un diffuseur exclusif d’où ressort une double sortie d’échappement chromée.
Les arches noires et les jantes bi-ton diamantée/noir mat de 19 pouces sont également spécifiques à la version R. A l’avant, le lettrage Peugeot de couleur rouge marque le tempérament volcanique de la RCZ, le tout est signé par un logo R. La colline rougeâtre, composée de sablon, offre un écrin original tout en nuance à notre rugissante RCZ R d’essai “Rouge Lrythrée métallisée”. Esthétiquement, la Peugeot RCZ R est proche de sa concurrence directe, l’Audi TT, ces deux coupés étant assemblés à Graz en Autriche par Magna Steyr, prestataire commun à Peugeot et Audi.
Sous sa robe, le châssis de la lionne et sa tenue au sol ont été retravaillés par Peugeot Sport. Son assiette est abaissée de 10 mm grâce aux ressorts durcis. Grégory nous explique que pour favoriser la motricité de la voiture, la barre antiroulis gagne en souplesse à l’avant et en fermeté à l’arrière mais ce n’est pas tout, Greg poursuit : « la RCZ R devait rester contrôlable malgré sa puissance importante. Nos équipes de développement ont donc porté un maximum d’attention à son train avant avec la mise en place d’un différentiel à glissement limité Torsen. Nos ingénieurs ont également longuement travaillé sur les paramètres électroniques de l’ESP pour qu’il se déclenche le plus tard possible mais sans mettre en danger le conducteur et ses passagers. » En effet, la RCZ R est une traction et sa fougue ne doit pas compromettre son pouvoir d’adhérence.
Ainsi, la monte pneumatique évolue logiquement avec les très efficaces Goodyear Eagle F1 Asymetric en 235/40 ZR 19. Les freins avant sont quant à eux surdimensionnés avec un système Alcon à 4 pistons composé de disques de 380 montés flottants sur un bol d’aluminium. Utilisée en compétition, cette technologie a pour avantage d’éviter une montée en température rapide des disques et leur voilage. Le freinage de la RCZ R est un nouvel exemple des optimisations apportées pas les ingénieurs de Peugeot Sport au coupé, comme l’évoque de nouveau Grégory : « Ces dernières semaines j’ai enchaîné les tours de piste pour tester l’endurance des pièces de la 208 R5. Comme pour cette voiture de rallye, la RCZ R a bénéficié de tests poussés sur le freinage pour qu’il soit efficace et endurant jusqu’à l’accroissement de la qualité des plaquettes de freins. En Sport Auto, on recherche l’efficacité pour un maximum de performances sans disposer d’une longue durée de vie des pièces. Pour la RCZ R, il fallait combiner habilement ces trois critères avec pour enjeux l’endurance du freinage et du bloc moteur. »
Et sous son capot, l’expertise Peugeot Sport est visuellement omniprésente, tel un brillant travail artisanal au sens propre et figuré, avec l’ajout d’un collecteur d’échappement et d’un turbo qui bénéficie des deux entrées. A cela s’ajoutent : des pistons en aluminium forgé fournis par Mahle (référence mondiale des équipementiers de moteurs), un embiellage spécial. Le moteur 1.6 THP, turbo à injection directe développe ainsi 270 chevaux pour 330 Nm de couple. Ces chiffres représentent une véritable prouesse technique. Le moteur d’origine de la RCZ, au nom de code EP6 CDT, se voit greffer un R pour devenir EP6 CDTR. Rappelons que le bloc de base EP est un 4 cylindres né de la collaboration entre le groupe PSA et BMW. Il équipe les MINI dont la John Cooper Works GPII qui ne développe que 218 chevaux…
La RCZ Racing Cup est aussi motorisée par ce même bloc 1.6 THP. Le pilote Peugeot Sport nous livre des données très intéressantes au sujet des motorisations : « Le moteur 1,6 l EP6 CDTm de la RCZ Cup développe 250 chevaux pour une durée de vie d’environ 3500 km, tandis que le cœur de la RCZ R propose 270 chevaux pour une longévité aux alentours de 300 000 km. Ce résultat a été obtenu grâce à l’investissement des ingénieurs motoristes de Peugeot Sport qui ont réalisé des merveilles de développement. » La RCZ R abat le 0 à 100 km/h en 5,9 s et peut atteindre 250 km/h de vitesse maximale (bridée électroniquement).
Les performances exceptionnelles de la nouvelle icone de Peugeot n’empiètent en aucun cas sur sa sobriété. Respectant la norme Euro 6, le cœur de la RCZ R ne “boit” que 6,3 litres d’essence au 100 km et n’émet que 145 grammes de CO2 (malus écologique : 500 €). Comparativement à ces données, la fiche technique de l’Audi TT S indique : 272 chevaux, 7,9 l/100 km et 184 g/km d’émissions de CO2 (malus : 3600 €). Au niveau des tarifs, celui de la RCZ R débute à 43 150,00 € contre 51 900,00 € pour l’allemande, soit 8 750 € d’écart sans prendre en compte les malus, le prix du quattro ? Commercialisée depuis janvier 2014, la RCZ R rencontre un énorme succès même en dehors de France. Outre-manche, les premières ventes dépassent les objectifs fixés avec 200 pré-commandes enregistrées en 2 semaines pour une allocation britannique comprise entre 300 et 350 véhicules. Les délais risquent donc d’être longs pour nos amis anglais. C’est l’occasion de les faire patienter avec ces quelques lignes dans la langue de Shakespeare :
Grégory Guilvert, the Peugeot Sport official pilot, is taking the lead on the new Peugeot RCZ R after having developed the Lion Coupe in its final phase. But this is not all, Gregory also worked on the entire conception of the race version of the lioness : the RCZ Racing Cup. Powerful, efficient, the french sport version is today the new reference versus the Audi TT S. Both Coupes having in common to be assembled by Magna Steyr. As we can see through the pictures, the 270 horsepowers of the sulphurous RCZ R and its sophisticated lines faces elements as strong as raw after the car was reveled in a splendid countryside, at the Goodwood Festival of Speed 2013.
Sur route, la RCZ R est joueuse sans jamais être dangereuse, le compromis entre plaisir de conduire et maîtrise est impressionnant. Vous l’aurez compris grâce aux informations techniques évoquées précédemment, la RCZ R est scotchée au sol, son freinage est surpuissant. Quant à son bruit produit en partie artificiellement par la récupération des sons d’admission grâce au “Sound System”, il manque légèrement de présence.
Grégory nous livre ses impressions sur le ressenti au volant du coupé : « Au volant la position de conduite est parfaite pour une sportive, la commande de boîte a été conçue pour être hyper précise avec une course courte du levier pour encore plus d’aisance et d’esprit sportif. Lors des journées de développement réalisées sur circuit, nous avons poussé la RCZ R dans ces extrêmes afin d’avoir le maximum de sensations à son volant sur la route. Et je peux dire que la mission est accomplie car nous retrouvons une voiture très efficace sur route sèche et aussi sécurisante sur route mouillée. » La tenue de route est bien le point fort de la RCZ R. Attention quand même à ne pas la surestimer dans des conditions très humides en virage. Une vitesse trop excessive peut alors engendrer une légère perte d’adhérence du train arrière, prudence est mère de sûreté.
A l’intérieur de la RCZ R, l’ambiance sportive est totale avec de sculpturaux sièges baquets “mi-cuir & Alcantara” du plus bel effet. La finition de l’habitacle atteint enfin un niveau comparable à celui des sportives d’outre-Rhin. Les surpiqûres rouges, les logos R et les éléments chromés assoient une atmosphère très racée. La seule fausse note est à mettre à l’actif du volant, un peu volumineux et grossier, auquel nous aurions préféré celui de la 208 GTi, plus petit et beaucoup plus typé “Performance”.
Notre essai touche à sa fin dans ce cadre fantastique, brut et déroutant, que représente le site de l’entreprise Sodextra. Son activité consiste, entre autres, à recycler les déblais issus des chantiers de démolition. Ce fabuleux cadre colle à merveille à la rugissante RCZ R. Entre ce lieu et le Sport Auto, il n’y a qu’un pas à franchir ou plutôt un rapport à monter, car Sodextra appartient à la famille Bottemanne. Christian Bottemanne a ainsi évolué en compétition en 206 RCC, THP Spider Cup et en 2012 en RCZ Cup ! Son fils Sacha officie en Porche Carrera Cup et en GT Tour comme Grégory Guilvert. Un grand merci à eux trois car ils nous ont permis de réaliser ce fantastique sujet. Le mot de la fin pour Grégory Guilvert : « En terme de voitures sportives françaises, l’autre bolide plébiscité par les spécialistes et les médias prend forme sous les traits de la Mégane R.S. 265. J’ai eu l’occasion de l’essayer sur le tracé sinueux de Dreux comme pour la RCZ R. Le résultat est sans appel, la différence entre mes deux meilleurs tours chronos à bord des deux voilures est de deux secondes en faveur de la lionne. » Le pilotage est un art comme pour Peugeot Sport qui maîtrise le sien, la preuve avec la fantastique féline RCZ R, R sonne aussi avec Réussite…
Texte : Frédéric Lagadec
Photos : Alexandre Besançon