En France, les refus d’obtempérer ne sont plus de simples incidents routiers : ils sont devenus un phénomène massif, violent, et désormais structurel. Les chiffres officiels du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure montrent que 24 900 refus d’obtempérer routiers ont été enregistrés en 2024, soit un volume toujours extrêmement élevé malgré une légère baisse de 2 % par rapport à 2023. Derrière ces statistiques se cachent des situations de plus en plus dangereuses pour les forces de l’ordre comme pour les usagers de la route.

L’année 2025 ne fait que confirmer cette tendance inquiétante. Dans la nuit du 27 au 28 décembre, un nouvel épisode dramatique s’est produit à Saint-Pol-de-Léon, dans le Finistère. Selon la Gendarmerie nationale, cinq gendarmes ont été blessés lors d’un refus d’obtempérer particulièrement violent impliquant un véhicule volé. Les militaires tentaient de contrôler un individu surpris en train d’uriner sur une voiture en stationnement. L’homme a immédiatement pris la fuite, phares éteints, à bord d’un véhicule volé quelques jours plus tôt. La course-poursuite s’est déroulée à contresens sur une voie rapide, mettant en danger les gendarmes et les automobilistes.

L’intervention s’est soldée par plusieurs blessés parmi les forces de l’ordre et des véhicules de gendarmerie lourdement endommagés. Le conducteur, multirécidiviste, a finalement été interpellé. Pour la gendarmerie, ce nouvel épisode illustre une réalité brutale : en dix ans, les refus d’obtempérer ont augmenté de 50 % en zone gendarmerie.

Gendarmerie

Ces situations ne sont plus marginales. Le ministère de l’Intérieur rappelle que près d’un refus d’obtempérer sur cinq est désormais considéré comme aggravé, c’est‑à‑dire qu’il met directement en danger d’autres usagers de la route ou les forces de sécurité. Dans neuf cas sur dix, ces refus aggravés impliquent une mise en danger d’autrui, souvent par des conduites à très haute vitesse, des contresens ou des tentatives de percuter les forces de l’ordre.

Le phénomène touche tout le territoire, mais certains départements sont particulièrement exposés. Entre 2020 et 2024, la Guadeloupe et la Martinique ont enregistré 7,7 refus d’obtempérer pour 10 000 habitants, contre 3,9 en moyenne nationale. Les profils des mis en cause sont également bien identifiés : 97 % sont des hommes, et 72 % ont moins de 30 ans selon les données consolidées du ministère de l’Intérieur.

Pour les forces de l’ordre, ces refus d’obtempérer sont devenus l’un des risques opérationnels les plus redoutés. Les gendarmes comme les policiers décrivent des comportements de fuite de plus en plus violents, souvent liés à des conduites sous stupéfiants, des véhicules volés ou des conducteurs sans permis. Les conséquences peuvent être dramatiques : blessés graves, décès, véhicules percutés, et interventions qui dégénèrent en violences.

Enfin, l’épisode du Finistère, survenu en cette toute fin d’année, rappelle que ce fléau ne faiblit pas. Il illustre aussi la pression croissante qui pèse sur les unités engagées quotidiennement sur les routes. Alors que 2026 va s’ouvrir, les autorités devront répondre à une question centrale : comment enrayer la dérive représentée par les refus d’obtempérer ? Ces derniers mettent en péril la sécurité publique et transforment chaque contrôle routier en potentiel drame.

La rédaction

Photos : Gendarmerie nationale et image d’illustration LesVoitures.com

Frédéric Martin

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