À peine installé à la tête du constructeur automobile Renault en tant que directeur général (CEO) par intérim, Duncan Minto a surpris les marchés en annonçant, le mardi 15 juillet, une révision à la baisse des perspectives de marge opérationnelle et de flux de trésorerie du groupe. Cette annonce intervient malgré des indicateurs de commandes jugés robustes sur le marché européen.
Succédant à Luca de Meo, démissionnaire depuis juin pour rejoindre le groupe Kering, en tant que CEO (Chief Executive Officer), Duncan Minto prend les rênes de Renault Group à un moment critique. Directeur financier depuis le 1er mars 2025, cet Écossais aux presque trois décennies de carrière dans le groupe incarne une continuité stratégique. Il sera épaulé par Jean-Dominique Senard, président du conseil d’administration, qui ne peut continuer à assurer la transition, suite au départ soudain de Luca de Meo, en raison d’une limite d’âge statutaire fixée à 65 ans, Senard étant âgé de 72 ans.
Entré dans le groupe en 1997 au Royaume-Uni, Duncan Minto a progressivement gravi les échelons, occupant des postes clés en France puis à l’international. Il a notamment dirigé les finances de marques stratégiques comme Dacia et Alpine, et opéré en Europe du Sud et dans la zone Asie-Pacifique. Cette expertise multisite lui confère une vision globale des enjeux industriels et financiers de Renault Group.
Sur le plan de ses objectifs financiers, contrairement à ses concurrents, Renault Group n’avait pas émis de signal d’alerte sur ses résultats en 2024, malgré une stagnation du marché automobile européen et la montée des tensions commerciales. Mais la conjoncture se dégrade désormais selon le groupe, qui évoque une intensification de la concurrence et une contraction persistante des ventes de voitures particulières.
Le groupe automobile français s’attend désormais à une marge opérationnelle avoisinant les 6,5 % pour l’exercice 2025 (contre un objectif initial de 7 % minimum) et anticipe un flux de trésorerie disponible compris entre 1 et 1,5 milliard d’euros, en nette baisse par rapport à la prévision initiale d’au moins 2 milliards d’euros. Pour faire face à ce contexte économique défavorable, Renault Group engage un vaste plan d’économie centré sur la diminution des frais généraux, des dépenses de R&D et des coûts de production. Les contours détaillés de cette stratégie seront dévoilés lors de la présentation des résultats semestriels prévue le 31 juillet.
Enfin, dans une publication anticipée, Renault Group a révélé des indicateurs semestriels en demi-teinte : un chiffre d’affaires en progression de 2,5 % atteignant 27,6 milliards d’euros, une marge opérationnelle représentant 6 % du chiffre d’affaires, mais un flux de trésorerie libre limité à 47 millions d’euros. Ce dernier chiffre intègre une variation négative du besoin en fonds de roulement estimée à près de 900 millions d’euros, hors impact fiscal.
La rédaction
Photos : Renault Group et LesVoitures.com
