Très attendu, le Renault Kadjar débarque enfin sur le marché très florissant des grands crossovers ou SUVs. Le Kadjar devra faire face à une concurrence déjà en place. Elle est principalement représentée chez nous par les Peugeot 3008 et Nissan Qashqai. Renault a donc eu le temps d’observer ses concurrents. Le temps a-t-il joué pour la marque au losange ? La réponse à travers notre essai du Kadjar…
Après le Captur et en attendant le nouveau Koleos, le Kadjar permet à Renault de proposer un grand véhicule familiale. Basé sur la plate-forme de l’Alliance Renault-Nissan utilisée pour le Qashqai, le Kadjar propose un gabarit plus imposant que son cousin (4 449 m), soit 7 cm supplémentaires et un poids de 1 320 kg. Ses lignes ont été dessinées par Laurens van den Acker, le père des Renault Clio IV et Captur.
Le directeur du style de chez Renault nous avait prévenu en déclarant il y a peu que les Renault devaient être fières de leur logo. Sur le Kadjar, il est intégré subtilement entre le capot et la calandre et sa taille est gigantesque ! Sans complexe, il symbolise à lui seul les ambitions fortes du SUV. Toute la face avant du Kadjar a été créée dans le même esprit de puissance. Les projecteurs, baptisés Full Led Pure Vision à la signature visuelle moderne et acérée, ne font qu’un avec les joncs chromés de la calandre. L’homogénéité qui en résulte, les galbes du capot et du bouclier forment un look séduisant et musclé. Sans oublier le côté baroudeur de l’auto représenté à l’avant par la protection au rendu métallique du pare-chocs. Renault a réussi le pari de proposer une gueule très attractive et dans un tout autre style que celle du Qashqai.
De coté, la silhouette du Kadkar est en revanche très proche du Nissan. Le dessin des vitres est identique. Conçu en 3 parties, il s’élance vers l’arrière pour offrir un maximum de dynamisme. Les vitres arrière surteintées et les barres de toit chromées de notre modèle d’essai (finition Intens) accentuent la fluidité du design du Kadjar. Et là où Nissan creuse et tend, Renault gonfle avec toujours des galbes qui musclent le look de l’auto. Les rondeurs des ailes arrière qui se prolongent jusqu’au milieu des portes et celles des ailes avant sont impressionnantes pour ce type de véhicule. Les jantes sculpturales de 19″ Egeus ajoutent une dose de finesse et de raffinement au Kadjar. Quant à la forme du bas de caisse, elle est reprise des Clio IV et Captur.
A l’arrière, on remarque immédiatement de superbes feux en relief qui ne sont pas sans rappeler ceux du Porsche Macan. Volumineux à souhait, le hayon est accompagné en bas par un bouclier simple qui est protégé, comme pour l’avant, par un élément gris. En haut, le petit becquet est le même que sur le Qashqai. La seule fausse note visuelle du Kadjar est sa longue antenne vintage pour ne pas dire d’un temps révolu.
Entre parenthèses, les nouveaux modèles présentés par les marques depuis quelques semaines ont un joli point commun : leur couleur rouge. Renault ne déroge pas à cette « mode printemps/été 2015 » en nous faisant profiter du sulfureux Rouge Flamme (option). Pour conclure sur le look du Kadjar, nous avons été complètement séduis par la force sensuel et la modernité qu’il dégage. Et la qualité des finitions du SUV est au rendez-vous. Bref, le look du Kadjar est une totale réussite, il va plaire, c’est une certitude.
L’habitacle du Kadjar fait dans la simplicité. Cela contraste fortement avec les efforts fournis par Renault pour l’extérieur de l’auto mais, de nouveau, l’assemblage et la qualité des matériaux sont parfaits malgré la présence de beaucoup trop de plastiques. Hormis la belle poignée de maintien, on aurait apprécié la présence de plus d’inserts au cachet haut de gamme tels des brillances laquées noires ou un supplément de chromes par exemple. Mais ne boudons pas notre plaisir, les sièges offrent un soutien sans défaut, la position de conduite est idéale, ainsi que l’ergonomie des commandes. Sur ce point, le R-Link 2 (de série en Intens ou 800 €) en est le dispositif principal. Il est au-dessus de la concurrence. Cette interface est très intuitive, simple d’utilisation et offre de multiples avantages dont la commande vocale, la cartographie TomTom, la caméra de recul, l’accès aux aides à la conduite et l’indispensable application Coyote ! Autre très bon point, l’affichage digital du compteur qui peut être changé sous 4 modes et 5 couleurs aux choix, un must ! Mais ce qui surprend le plus, c’est l’habitabilité offerte par le Kadjar, nous pouvons clairement la définir de grandiose, tant l’espace est important. L’esprit d’évasion présent à travers la campagne de communication de Renault est bien réel surtout quand on dispose du fantastique toit panoramique (option : 600 €).
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 910 mm en vertical et 1 455 mm largeur aux coudes, un record de la catégorie du segment C. De plus, l’espace intérieur a été optimisé à son maximum. Il propose pas moins de 30,0 l d’espaces de rangement dont 7,0 l pour la boîte à gants, les mères de famille c’est pour vous ! Et les 472 l de capacité de chargement que propose le coffre sont pour vous, les papas… Le Qasqhai est logiquement battu de 42 l. Surtout que le volume de chargement maximal peut atteindre 1 478 l, une fois les banquettes rabattues. La fonction « Easy Break », présente en Intens, permet d’en disposer en toute simplicité via des manettes positionnées dans le coffre (2/3 – 1/3). En ce qui concerne les finitions, le configurateur Renault en compte 4 : Life, Zen, Business, Edition One et Intens.
Place à notre essai sur les belles routes du Vexin au volant du Kadjar Intens Energy TCe 130 boîte manuelle (BVM6). Très confortablement installé à son volant, répétons-le, le Kadjar essence ne déçoit pas. Même s’il manque un peu de couple à bas régime (205 Nm à 2 000 tr/min), le bloc à injection directe de 1 197 cm3 est tonique et monte rapidement dans les tours. Ses reprises sont bonnes et donnent confiance tout en proposant un confort sonore optimal à vitesse constante. La commande de boîte est suffisamment précise et la direction fluide, facile à appréhender. En ville, il faudra cependant s’habituer à un rayon de braquage faible (10,72 m). Le volant devra être tourner assez longtemps pour braquer au maximum.
En revanche, l’amortissement est trop souple, surtout pour les larges courbes et les virages sinueux de notre balade. Mais le Kadjar sait absorber les moindres défauts du revêtement et, chose très positive pour un grand crossover, il ne souffre pas de roulis. Les ingénieurs de chez Renault ont habilement géré cet aspect. Sur le plan du freinage, RAS (Rien A Signaler), c’est même très sécurisant quand on attaque fort les freins.
Au niveau des consommations et émissions, le moteur Energy TCe 130, seul offre en essence du catalogue Kadjar à ce jour, est donné pour 7,0 l/100 km en ville, 5,8 l/100 km en cycle mixte et 5,1 l/100 km sur autoroute. Le Kadjar essence de 130 chevaux évite de très peu le premier niveau de malus écologique grâce à ses 130 g de CO2 émis par km. Tous les chiffres présentés étant ceux de notre modèle d’essai en monte de 19″. Du côté des performances, le Kadjar Energy TCe 130 réalise le 0 à 100 km/h en 10,1 s et peut atteindre 192 km/h.
Le Kadjar, c’est aussi 4 versions diesels : Energy dCi 110 boîte manuelle BVM6 ou automatique EDC, Energy dCI 130 BVM6 et Energy dCi 130 4WD. Alors que le premier modèle cité est considéré comme la version écologique (99 g/km de CO2 émis), le dernier peut se vanter d’être un vrai tout-chemin. Nous avons pu le constater lors d’une sortie sur un site d’essai 4×4 bordé par les Indiens.
Ce décor original colle à merveilles au Kadjar Energy dCi 130 4WD en finition Edition One. Déjà que le Kadjar dispose en série d’une garde au sol de 200 mm, d’un angle d’attaque de 18°, d’un angle de fuite de 28° et de soubassements protégés, sa version 4×4 apporte un réel avantage à ceux qui vivent en montagne ou à la campagne sachant que la transmission intégrale est intelligente.
On dispose de 3 choix : 2WD, 4WD Auto, 4WD Lock. En mode 4WD Auto, le Kadjar gère tout tout seul comme un grand qu’il est. En 2WD on passe en traction, vous l’aurez compris. Et en mode 4WD Lock, le différentiel est bloqué jusqu’à 40 km/h pour mieux franchir les petits obstacles. D’un poids de 1 536 kg, le Kadjar baroudeur diesel est ainsi plus raide mais le couple de 320 Nm (à 1 750 tr/min) est un argument à prendre à considération. Par rapport au modèle essence, cette fois il y a du couple !
Le Renault Kadjar a donc tout pour plaire à une large clientèle. Ses points forts sont son look athlétique, son confort et son habitabilité. Le prix du Nissan Qasqhai 1.2 DIG-T (115 ch) Tekna débute à 28 700 € (tarif mai 2015 – essai LesVoitures.com : Nissan Qashqai) et celui du Kadjar Intens Energy TCe 130 commence à 28 100 €, le match est lancé entre les cousins. Le 3008 Peugeot vieillissant ne joue plus dans la même cour. Le Kadjar est un outsider qui arrive au bon moment pour Renault surtout que dans quelques mois deux autres versions 1.6 l dCi biturbo de 160 chevaux et 1.6 l TCe de 163 ch enrichiront la gamme. Il paraît que la patience paie toujours… Renault l’a bien compris.
Texte, essai et photos : Frédéric Lagadec