Ils ont envahi notre paysage automobile depuis 10 ans… Les SUV sont partout dans nos villes mais ils sont également des véhicules de loisirs comme leur acronyme les définit : Sport Utility Vehicle. C’est loin, très loin de l’Europe que nous avons pris le volant des Nissan Qashqai, Peugeot 3008 et Seat Ateca pour un périple de 5 jours sur plus de 3 000 km en Afrique du Sud. Du Cap des Aiguilles en direction du Lesotho, nous vous proposons un comparatif exceptionnel entre « le pionnier », « le nouveau » et « le racé »…
Avant de débuter notre récit, il est primordial de présenter nos trois SUV. Celui que nous avons décidé de surnommer « le pionnier », c’est bien sûr le Nissan Qasqhai qui est né en 2007 sous les traits d’un crossover. Il y a quatre ans, le Qasqhai a fait peau neuve, inspirant immédiatement les autres constructeurs. En 2016, Seat a ainsi dévoilé le tout premier SUV de son histoire, l’Ateca, « le nouveau ». Puis, sentant le vent tourner, Peugeot a logiquement métamorphosé son monospace 3008 en un tout nouveau SUV « racé » l’année dernière.
Entre l’océan Indien et l’océan Atlantique, il n’y a qu’un phare ou presque. Le Cap des Aiguilles (Cape Agulhas) est bien le point le plus au sud d’Afrique du Sud. A quelques centaines de mètres du phare construit en 1848, une plaque symbolise l’endroit exact où les eaux chaudes de l’océan Indien rejoignent les eaux plus froides de l’océan Atlantique. Plus loin sur ce sentier méridional, l’épave du Meisho Maru N°38 gît sur les rochers. Ce chalutier, qui s’est échoué le 16 novembre 1982 vers 3h00 du matin sans faire de victimes, plante instantanément le décor. Il va falloir être prudent pour se sortir des pièges de l’Afrique du Sud.
Comme un symbole, il nous a paru évident d’immortaliser en photo ce qu’il reste du bateau aux cotés du SUV japonais Qasqhai. Ce décor « entre rêve et cauchemar » nous offre l’occasion de comparer les designs de nos trois aventuriers. Au premier coup d’œil, le Qasqhai est loin d’apparaître comme dépassé. Sa calandre à l’énorme « V » brillant est reconnaissable entre mille. Ses traits étirés et ses galbes forment un rendu toujours moderne et robuste. D’une longueur de 4,377 m, il se situe entre la Peugeot 3008 (4,447 m) et le compact Ateca (4,363 m). Ce dernier repose sur la plateforme MQB du groupe Volkswagen. L’Ateca joue sur des lignes droites encore plus étirées chères au bureau du style de la marque espagnole. Cette première dans le domaine des SUV pour Seat est clairement une réussite visuelle. A l’arrière, ces similitudes esthétiques avec la marque aux anneaux rassureront les potentiels acheteurs.
Quant à notre déjà « star nationale », la Peugeot 3008, son look est hyper-chargé mais cela fonctionne à merveille. Le « racé » a tout pour plaire. Peugeot casse les codes et les réinvente dans un seul but : aller chercher les SUV les plus premiums du marché…
Avant de quitter Cape Agulhas, présentons plus en détail les trois SUV du road trip. Le Qashqai dCi 130 (finition Tekna) est équipé de la technologie All-Mode 4×4-i. Sa puissance est donc de 130 ch (à 4000 tr/min) pour 320 Nm de couple (à 1 750 tr/min). « Le nouveau », l’Ateca (finition Xcellence), propose 150 ch (entre 3 500 et 4 000 tr/min) et 400 Nn de couple (entre 1 750 et 3 250 tr/min). Ceci grâce à son bloc 2.0 TDI. Comme « le pionnier », il dispose de la transmission intégrale. Quant à la Peugeot 3008 (finition Allure), elle est mue par le 2.0 BlueHDi de 150 ch (à 3 750 tr/min) pour 370 Nm de couple (à 2 000 tr/min). « Le racé » n’est pas doté de quatre roues motrices mais dispose du dispositif Advanced Grip Control, de jantes 18″ et de pneus M+S (Mud & Snow) alors que les deux autres SUV sont campés sur des jantes de 19″. Enfin, un point commun est partagé par nos trois SUV, ils disposent tous d’une boîte de vitesses manuelle.
Notre road trip débute le long de paysages de carte postale mais très vite, le bleu turquoise laisse place à une première piste. Tel un prologue, elle nous permet de nous familiariser avec un élément nouveau, à savoir la poussière. Mais cela n’est rien comparativement à ce qui nous attend. D’une eau à une autre, nous traversons la Breede River à hauteur de Malgas. Nous sommes bien loin du majestueux pont Alexandre III ! Par chance, le bac de franchissement peut accueillir nos trois SUV. A la force de trois hommes et, via un système de poulie horizontale, la traversée s’effectue sans encombres.
Puis nous passons par la réserve naturelle de De Hoop dont les pistes sont bordées de fymbos, plante qui caractérise l’Afrique du Sud. Après un léger passage sur les routes le long de l’océan Indien, nous quittons la côte à hauteur de Mossel Bay pour notre première halte très animalière, à la Botlierskop Private Game Reserve.
Place à la présentation des habitacles de nos trois voitures. Le Qashqai souffre du poids de son âge. Il est clairement dépassé par ses concurrents plus récents. En revanche, la finition Tekna est d’une générosité incomparable en termes d’équipements. L’éprouvé Nissan AVM – Vision 360° est toujours aussi efficace. Il affiche sur l’écran central, en « vue d’oiseau », le SUV et tout ce qu’il entoure.
L’Ateca révèle du sérieux à tous les niveaux avec cet aspect austère venu d’outre-Rhin. Tout est parfaitement bien positionné. Seul regret, l’ambiance trop classique alors que le potentiel est bien présent. On aurait apprécié que les textures ou les motifs des contre-portes et des sièges soient repris pour la console centrale pour lui donner plus de personnalité.
Nous pouvons être fiers du SUV français. L’intérieur de la 3008 est une révolution. Tel un cocon high-tech, il représente un bond en avant et positionne « le racé » bien au-dessus de ses camarades. La dernière évolution de l’ i-Cockpit est aussi spectaculaire que pratique. Trop, beaucoup trop souvent, certains constructeurs utilisent l’expression « expérience de conduite » pour vanter leurs modèles. Cette fois, c’est bien le cas.
De bon matin, pour débuter la 2ème journée du road trip, nos trois SUV plongent un peu plus dans l’univers africain en empruntant les pistes de la réserve privée de Nyaru. L’un d’entre-eux se sent un peu comme chez lui. Vous l’aurez deviné, on évoque bien sûr la « lionne » Peugeot. Hélas, le temps nous est compté, et nous profitons que trop peu d’un décor à la fois puissant et naturel. Les quelques petits obstacles du parcours sont avalés sans le moindre mal par nos trois machines. C’est une première bonne surprise, mais, encore une fois, nous n’en sommes qu’au début…
Autre ambiance, autre décor, en direction de Jeffreys Bay, l’un des plus beaux spots de surf au monde. Pour atteindre ce paradis des vagues il nous faut parcourir près de 350 km. Nous roulons sur une longue route sans fin. De nouveau, la splendeur des paysages est époustouflante : Garden Route National Park, Tsitsikamma National Park. Les équipages passent alors d’un SUV à un autre pour tester leur confort. Le Qasqhai souffre toujours de son ancienneté. Il est mal insonorisé et filtre trop peu les défauts de la route. Les Ateca et 3008 font presque jeu égal. L’Ateca est typé, comme toutes les Seat, sport. Ses suspensions sont donc plus fermes que celles de la 3008. « Le racé » est irréprochable sur ce type de route. Il ressort comme le meilleur des trois sur les plans du confort et de l’agrément de conduite sur autoroute, surtout que son « poste de pilotage », son intérieur, est une invitation à rouler. En-dehors de ces longues routes, la différence entre le « nouveau » et le racé » est plus marquée. La Peugeot 3008 est plus dynamique avec un moteur « plein », surtout en mode Sport. Au volant du très efficace Ateca, ce mode n’optimise qu’insuffisamment la cartographie moteur.
Honneur au « nouveau » ! Ainsi, l’Ateca s’est presque essayé au surf au départ de notre 3ème étape, à quelques centaines de mètres de là où le triple champion du monde de surf, Mick Fanning, s’est fait attaqué par un requin devant les caméras du monde entier. C’était en juillet 2015 lors du J-Bay Open, l’une des manches du championnat du monde.
En quittant Jeffreys Bay, nous voyageons sur des ponts, des routes de montagnes qui s’enchaînent et sur des petites portions de piste en terre ocre en direction de Cradock, puis en passant par l’ancienne route principale qui faisait la jonction entre Port Elisabeth et Cape Town. Les kilomètres défilent et aucun de nos trois SUV ne montre de signes de fatigue ou de défaillance. On en attendait pas moins bien évidemment.
La nuit à Cradock a été un véritable voyage dans le passé. Fondée en 1918, cette ville a longtemps vécu grâce à l’élevage de moutons. Les petites maisons colorées de cette route du Mohair n’ont pas pris une ride.
Notre première partie de ce road trip, assez routière voire touristique, va, maintenant, prendre une autre tournure en cette 4ème journée. Des pistes de plus en plus sauvages aux revêtements rocailleux nous accueillent pour rejoindre en deux jours Sani Pass, haut lieu au sens propre et figuré. La piste de Drakensberg en est un avant-goût facile. Notre objectif : rejoindre le somptueux Tenahead Lodge en passant par Rhodes.
Les choses deviennent alors plus délicates. Les longues pistes larges de la première journée laissent place à des chemins très poussiéreux jonchés de pierres. D’autant que nous nous sentons progressivement isolés de la civilisation et « écrasés » par la beauté des montagnes. Nos SUV apparaissent alors minuscules et vulnérables dans cette immensité. Mais les technologies modernes leur permettent d’évoluer avec sérénité. Un premier constat s’impose : le Qasqhai est très à l’aise malgré ses 20 ch de moins. On sent, à chaque obstacle, l’ADN 4×4 de la marque Nissan. Le Seat Ateca n’a peur de rien. Sa transmission intégrale fait parfaitement le boulot et, la Peugeot 3008, n’est pas en danger malgré ses simples deux roues motrices. Sur quelques portions boueuses, l’Advanced Grip Control a fait des merveilles. Souillés, nos SUV ont démontré, à ce stade, leur forte efficacité tout-chemin.
Notre courte pause à Rhodes, située à 1 800 m d’altitude a fortement contrasté avec notre nuit, dans la prospère ville de Cradock. Le village de Rhodes souffre de son isolement et, petit à petit, il se vide. Le tourisme y est tellement en baisse que son unique hôtel tombe en décrépitude. Il offre une ambiance Hitchcockienne à la Peugeot 3008. Est-ce un présage ?
Presque, car soyons francs, nous « hommes urbains » nous n’étions pas préparés à arpenter des pistes si étroites aux contours abrupts. Mais comme l’a dit un certain Etienne Bruet durant la montée de quelques 30 km (Naude’s Neck Pass) vers le Mont Fletcher : « Si on tombe, on ne tombe qu’une fois. » Rassurant pour nous et le 3ème conducteur de l’aventure, Maxime Fontanier ! Les images parlent d’elles mêmes. Jamais un SUV typé pour l’Europe ne s’était aventuré dans de si lointaines contrées. Au contact des nuages, et sous une courte averse, ils sont passés au-delà de leur propre définition : de voiture loisir à voiture d’expédition…
Après une nuit haut milieu de nulle part, face à une nature aussi verte que flamboyante, dans une atmosphère proche de celle de Skyfall, le soleil nous attendait le lendemain matin pour l’ultime journée du road trip. Elle a débuté par la redescente du mont avec la concentration qui va de pair. Puis, nous longeons, de loin et sur route, les montagnes du Lesotho, ce royaume enclavé en altitude. Avant d’attaquer une dernière piste des plus dangereuses et très rocailleuse, une « route de l’impossible » connue sur le nom de Sani Pass, nous quittons donc l’Afrique du Sud au niveau du poste frontière qui ouvre sur un no man’s land. Sani Pass, on y est ! Environ 8 km sur une piste qui n’en porte que le nom car les pierres qui forment par endroit le revêtement sont d’une taille conséquente. A cela s’ajoutent, des virages en épingles par dizaines et d’autres avec une visibilité nulle.
Une fois le Border Control d’Afrique du Sud derrière nous, Sani Pass s’aborde assez facilement pour nos trois SUV mais les dangers sont partout. Le moment n’est pas à la contemplation du magnifique décor qui nous entoure. C’est alors que l’équipe du road trip réalise que nous sommes considérablement en retard sur notre timing. Il va donc falloir franchir ce mur et atteindre le sommet rapidement et surtout avant que le poste frontière du Lesotho ne ferme ses portes.
Une certaine tension se fait donc ressentir. Elle est accentuée par le bruit de plus en plus fréquent des roues qui touchent les pierres et par les embrayages qui commencent à chauffer. A quelques 3 km du but, la pente s’accentue inexorablement et le terrain devient quasiment impraticable pour nos SUV.
Ce test extrême en off-road fait de nouveau ressortir l’impressionnante capacité du Qashqai. Connaissant son potentiel, nous avions décidé de le faire rouler devant l’Ateca. « Le nouveau » est équipé, comme le Qashqai, de jantes de 19″ et de pneus classiques.
Derrière et face à ce mur de pierres à grimper, la 3008, manque de motricité. C’est la première fois en 5 jours qu’elle se retrouve en difficulté alors qu’auparavant son système Advanced Grip Control, accompagné de gommes M+S ont bluffé tout le monde sur les pistes tortueuses d’Afrique du Sud.
Enfin, la ligne d’arrivée, pardon, la frontière est en vue à quelques 3 000 m d’altitude ! Le « pionnier », le « nouveau » et le « racé » ont réussi à vaincre Sani Pass. A noter que la redescente le lendemain a été toute aussi stressante…
Notre fabuleux road trip touche à sa fin. Mis à part, un pincement sur un pneu, un léger choc sur une pierre (Ateca) et une porte qui a un peu souffert des vibrations sur la 3008 (de pré-série, précision importante), le bilan est hyper positif pour nos trois SUV. En France, les potentiels acheteurs qui emprunteront de tels terrains seront très rares mais maintenant, vous savez que les 3 lettres SUV sont assumées ! Avant de conclure, un point tarif s’impose. Le Nissan Qashqai dCi 130 Tekna All-Mode 4×4-i de notre périple sud-africain s’affiche à partir de 35 850 €. Le tarif du Seat Ateca 2.0 TDI 150 ch Xcellence BVM6 4Drive débute (hors options) à 35 220 €. C’est clairement l’un des meilleurs rapport prestations/prix du marché des SUV. La Peugeot 3008 s’affiche à partir de 36 950 € (hors options), le prix du premium.
Le dimanche 26 février dans Turbo sur M6, un reportage d’une durée de 15 minutes sera dédié à ce road trip. Il promet des images spectaculaires… D’ici là, retrouvez ci-dessous, tel un album photo souvenir, d’autres fantastiques clichés de notre voyage.
Texte : Frédéric Lagadec
Photos : LesVoitures.com