Le groupe automobile Stellantis, né de la fusion entre PSA et FCA, et regroupant quinze marques emblématiques telles que Peugeot, Fiat, Chrysler ou Jeep, fait face à une dégradation marquée de ses performances financières au premier semestre 2025. Selon les données préliminaires publiées le 21 juillet, non encore auditées, le chiffre d’affaires s’établit à 74,3 milliards d’euros, en recul de 12,5 % par rapport à la même période de 2024. Ce repli s’inscrit dans une tendance déjà amorcée l’an dernier, où les revenus avaient chuté de 14 % par rapport à 2023.
Stellantis va t-il tout droit vers une crise financière majeure ? Cela semble être le cas si on prend en compte un autre indicateur préoccupant : la perte nette de 2,3 milliards d’euros enregistrée sur les six premiers mois de l’année, contrastant fortement avec le bénéfice de 5,6 milliards d’euros dégagé au premier semestre 2024. Cette chute brutale s’explique par plusieurs facteurs : la baisse des volumes de ventes, la hausse des coûts industriels, les effets des nouveaux droits de douane américains, ainsi que des charges exceptionnelles.
Le groupe automobile multinational franco-italo-américain précise avoir comptabilisé « environ 3,3 milliards d’euros de charges nettes avant impôts », liées notamment à des dépréciations d’actifs et à l’annulation de programmes stratégiques. Il reconnaît également que des « coûts de production industrielle plus élevés » ont pesé sur sa rentabilité et que les « mesures prises pour améliorer les performances et la rentabilité » n’ont pas encore produit leurs effets.
Les livraisons mondiales consolidées ont baissé de 6 % au deuxième trimestre, pour s’établir à 1,4 million d’unités. En Amérique du Nord, la situation est particulièrement critique : 322 000 véhicules ont été facturés, soit une chute de 25 % par rapport à l’année précédente, bien en deçà des 367 000 unités attendues. Cette contre-performance est attribuée aux « arrêts temporaires de production pratiqués au début du trimestre en réponse aux nouveaux tarifs douaniers en Amérique du Nord », ainsi qu’à une baisse des ventes dans le canal des flottes. De plus, Stellantis chiffre à 300 millions d’euros les « droits de douane net encourus » depuis l’entrée en vigueur, en avril, de la surtaxe de 25 % sur les véhicules importés aux États-Unis (15 % pour ceux en provenance du Mexique).
En Europe élargie, les livraisons ont reculé de 6 %, principalement en raison de la « transition de l’offre produit », avec plusieurs modèles en phase de montée en cadence ou en attente de lancement au second semestre. Les analystes d’Oddo BHF notent que ces niveaux « correspondent aux consensus », tandis que les marchés émergents, notamment en Amérique du Sud et au Moyen-Orient, affichent une croissance de 22 % des volumes.
La semaine dernière, Stellantis a annoncé l’arrêt de son programme dédié au développement de véhicules à hydrogène, estimant ne pas voir de « perspectives de rentabilité économique à moyen terme » sur ce segment. Ce retrait marque un tournant dans la stratégie technologique du groupe, qui mise désormais sur d’autres leviers pour redresser sa trajectoire.
Face à l’instabilité du contexte commercial du marché automobile, Stellantis avait suspendu ses prévisions financières dès le 30 avril 2025. Les résultats audités du premier semestre seront publiés le 29 juillet, comme prévu. Le groupe indique avoir diffusé ces données préliminaires afin de « corriger l’écart entre les prévisions du consensus des analystes et les performances de l’entreprise pour la période ».
Le climat de défiance est accentué par le changement de gouvernance : l’Italo-Brésilien Antonio Filosa a pris les rênes du groupe fin juin, succédant à Carlos Tavares, évincé après une série de contre-performances. Les analystes d’Oddo BHF estiment que des annonces négatives « étaient largement attendues », en raison de l’arrivée d’un « nouveau patron susceptible de faire un peu le ménage [amenant ainsi de nouvelles provisions, des restructurations] ».
En Bourse, l’action Stellantis a reculé de 2,30 % à 7,73 euros en matinée, dans un marché globalement en baisse de 0,26 %. Depuis le début de l’année, le titre a perdu plus de 38 % de sa valeur.
Enfin, sur le marché automobile français de la voiture neuve, Stellantis a perdu sa position dominante au profit de Renault, qui l’a devancé au premier semestre. Ce recul illustre les difficultés structurelles du groupe, confronté à une « normalisation » des prix après les hausses liées à la pandémie et aux pénuries de composants électroniques. Le 29 juillet prochain, les chiffres définitifs liés aux résultats financiers du premier semestre 2025 seront publiés par Stellantis.
La rédaction
Photos : Stellantis
