Depuis le 15 octobre, le site industriel de Stellantis à Sochaux (Doubs), l’un des plus emblématiques du groupe, est totalement à l’arrêt. La cause est désormais bien identifiée : une pénurie persistante de boîtes de vitesses, un composant mécanique essentiel sans lequel l’assemblage des véhicules est impossible. Le SUV Peugeot 3008 étant concerné.
La direction de Stellantis a confirmé que la reprise de la production sur le site de Sochaux ne pourrait intervenir au plus tôt le lundi 27 octobre, soit près de deux semaines d’interruption complète. Initialement, le constructeur espérait un redémarrage rapide, mais la situation logistique s’avère plus complexe que prévu.
Les conséquences sociales pour Stellantis sont immédiates : les 2 400 employés du site de Sochaux ont été placés en activité partielle de longue durée. Cette mesure vise à amortir l’impact économique pour les salariés, mais elle illustre la gravité de la crise d’approvisionnement.
Depuis la rentrée, le mois d’octobre s’annonce particulièrement difficile pour l’usine : 11 séances de production ont déjà été annulées, dont plusieurs vendredis consécutifs et deux équipes de nuit. Au total, ce sont plus de 7 500 véhicules qui n’ont pas pu être produits. À titre de comparaison, la cadence habituelle de Sochaux atteint environ 1 044 unités par jour.
La crise ne se limite pas au site du Doubs. Fin septembre, la direction de Stellantis avait déjà averti que l’usine de Mulhouse (Haut-Rhin) serait elle aussi contrainte de stopper ses chaînes. Cette suspension, prévue du 27 octobre au 2 novembre, concerne notamment l’assemblage de modèles stratégiques comme la Peugeot 308, la Peugeot 408 et le DS7.
Les raisons avancées ne se limitent pas aux difficultés logistiques : le groupe évoque également un ralentissement du marché européen et une concurrence tarifaire accrue, qui pèsent sur les marges et obligent à ajuster les cadences.
La situation est tout aussi tendue à Poissy (Yvelines). L’usine, qui emploie environ 2 000 salariés et produit en moyenne 420 véhicules par jour, a connu trois semaines d’arrêt au cours du mois d’octobre. Là encore, les équipes ont été placées en chômage partiel, et une partie du personnel exprime un pessimisme croissant quant à l’avenir à court et moyen terme du site.
Ces arrêts successifs dans plusieurs usines françaises soulignent la fragilité de la chaîne d’approvisionnement et la dépendance du groupe à certains composants stratégiques comme les boîtes de vitesses. Ils mettent également en lumière la difficulté de maintenir un rythme de production soutenu dans un contexte de marché automobile européen en repli et de pression concurrentielle mondiale. Des sénateurs ont à ce titre publié un rapport choc sur le possible effondrement de l’industrie automobile française, tout en proposant 18 mesures pour contrer une crise de plus en plus profonde.
Enfin, pour Stellantis, qui mise sur des modèles phares tels que la Peugeot 308, la Peugeot 408 et le DS7, ces interruptions représentent un coup d’arrêt industriel et commercial dont l’impact pourrait se faire sentir sur les résultats du dernier trimestre.
La rédaction
Photos : Peugeot et Stellantis
