Le groupe automobile Stellantis, quatrième acteur mondial du secteur, s’apprête à interrompre l’activité de son site de Poissy (Yvelines) pendant trois semaines, du 13 au 31 octobre 2025. Cette décision, officiellement motivée par un ralentissement du marché européen, révèle une situation bien plus préoccupante : celle d’un site industriel en sursis, menacé de disparition à moyen terme.
L’usine Stellantis de Poissy, dernière unité d’assemblage automobile en Île-de-France, emploie actuellement environ 2 600 salariés. Elle produit principalement deux modèles : la DS 3 et l’Opel Mokka, ce dernier étant au cœur des inquiétudes. En raison d’une chute significative des ventes du SUV compact Opel Mokka, dont la production est programmée pour s’arrêter en 2028, Stellantis a décidé de mettre à l’arrêt la chaîne de production pendant 15 jours ouvrés, entraînant le placement en chômage partiel et en congés forcés de l’ensemble du personnel. Ci-dessous en photo, Antonio Filosa, le nouveau CEO du groupe automobile multinational italo-franco-américain Stellantis.
Aucun nouveau modèle n’a été annoncé pour prendre le relais de l’Opel Mokka. L’absence d’investissement dans une nouvelle plateforme technique ou dans l’adaptation des lignes de production laisse présager une fermeture programmée. Contrairement aux autres usines françaises du groupe, qui bénéficient d’un plan de charge jusqu’en 2030 voire 2032, le site de production Stellantis de Poissy fait figure d’exception inquiétante.
Le site Stellantis de Poissy a produit 88 000 véhicules en 2024, mais les projections pour 2025 sont en forte baisse. Les syndicats dénoncent une stratégie de désengagement progressif, marquée par la réduction des effectifs en CDI et l’absence de projets industriels pérennes. En parallèle, Stellantis envisage de transformer l’usine en un « Green Campus », dédié à la recherche et au développement, hébergeant 8 200 cadres mais aucun ouvrier de production.
Cette annonce intervient dans un contexte local tendu. Le terrain de l’usine Stellantis de Poissy est l’un des deux sites envisagés pour accueillir le futur stade du Paris Saint-Germain, en concurrence avec Massy (Essonne). Le PSG cherche à quitter le Parc des Princes, que la mairie de Paris refuse de céder. Or, l’implantation du club à Poissy dépend d’un projet industriel fort, selon les autorités régionales. Sans activité manufacturière durable, le site ne pourrait pas répondre aux exigences d’un tel projet.
La situation de l’usine Stellantis de Poissy illustre une tendance plus large : celle d’un effondrement du marché automobile européen, exacerbé par la montée en puissance des constructeurs chinois, la transition vers l’électrique, et une guerre des prix féroce. Stellantis, loin d’être en difficulté financière, cherche à optimiser ses marges en réduisant ses capacités de production. Cette logique de rentabilité menace directement des milliers d’emplois dans les usines du groupe, mais aussi chez les sous-traitants comme Valeo, Novares, Derichebourg ou Trigo, qui dépendent de l’activité du site.
Enfin, l’arrêt temporaire de l’usine Stellantis de Poissy n’est pas un simple ajustement conjoncturel. Il s’inscrit dans une dynamique alarmante de désindustrialisation, qui pourrait conduire à la fermeture définitive du site dans les prochaines années. En l’absence de nouveaux modèles, d’investissements ou de garanties sociales solides, les salariés se retrouvent dans une incertitude totale, face à un avenir industriel de plus en plus compromis.
La rédaction
Photos : Stellantis
