Il y a quelques jours, nous évoquions déjà la taxe imaginée par le Royaume-Uni sur les voitures électriques. La décision britannique est désormais actée : à partir d’avril 2028, tous les conducteurs de voitures électriques devront s’acquitter d’un impôt proportionnel au kilométrage parcouru. Le tarif est fixé à 3 pence par mile, soit environ 2 centimes d’euro par kilomètre. Pour un automobiliste roulant 12 500 km par an, la facture atteindra près de 300 €.
Au Royaume-Uni, cette taxe au km (mile) pour les voitures électriques, qui s’ajoute à une contribution forfaitaire frappant les modèles électriques neufs de plus de 50 000 livres (57 000 €), illustre parfaitement le principe de donner d’un côté et de reprendre de l’autre. Londres subventionne l’achat de voitures électriques, mais compense en instaurant une taxe d’usage. Les Britanniques rejoignent ainsi les Islandais et les Néo-Zélandais, déjà pionniers dans ce domaine, tandis qu’en Europe continentale, les prélèvements au kilomètre restent pour l’instant réservés aux poids lourds. « Il est quand même vraisemblable qu’on crée une nouvelle contribution spécifique sur les voitures. » Cette phrase choc, prononcée par François Lenglet, n’a rien d’un effet d’annonce destiné à faire le buzz.
EDITO RTL – Bientôt une taxe au km pour les voitures électriques ?
L’édito de François Lenglet dans #RTLMatin pic.twitter.com/l0WnWiKPxR
— RTL France (@RTLFrance) December 1, 2025
L’éditorialiste économique, reconnu pour son expertise en finances publiques, met en lumière une réalité budgétaire : les caisses de l’État souffrent. Les droits d’accise sur les carburants représentent encore 30 milliards d’euros par an, dont plus de la moitié revient directement à l’État. Or, la consommation a reculé de 2,6 % en 2023 et de 0,4 % en 2024. Les voitures électriques devraient donc prochainement apporter leur contribution financière à l’État français, comme outre-Manche, via une taxe au km.
De l’autre côté de la Manche, le gouvernement britannique justifie cette décision par deux arguments : d’une part, l’entretien du réseau routier, utilisé par tous, y compris les véhicules dits « propres » ; d’autre part, la nécessité de compenser la baisse des recettes fiscales liée au recul de la consommation de carburant. Car moins de carburant vendu, ce sont moins de taxes encaissées. Et cette logique pourrait bien débarquer en France.
Dans le même temps, les pouvoirs publics multiplient les dispositifs incitatifs : coup de pouce électrique (primes CEE), leasing social. Autant de mesures qui coûtent cher et qui, mécaniquement, creusent le déficit. L’équation est simple : ce que l’État donne d’un côté, il doit le reprendre de l’autre. Et comme les taxes sur l’électricité représentent déjà un tiers de la facture des ménages, il est difficile d’imaginer que la fiscalité automobile échappe longtemps à un nouvel ajustement.
Enfin, l’histoire se répète. Dès 1928, la France instaurait une taxe sur le carburant, au moment où l’automobile commençait à se démocratiser. Presque un siècle plus tard, le scénario semble identique : une nouvelle activité, une nouvelle fiscalité. Le « marteau fiscal », comme le résume habilement François Lenglet, reste l’outil privilégié de l’État pour équilibrer ses comptes. Au tour des voitures électriques, en France, d’être probablement taxées.
La rédaction
Photo : LesVoitures.com

