Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera. Ce livre d’Alain Peyrefitte au titre ô combien prémonitoire date de 1973. Un peu plus de 40 ans, une paille à l’échelle de l’histoire de l’humanité, un fossé en ce qui concerne le développement technologique chinois.
Ainsi, dans les allées du salon de Genève, les visiteurs ont eu la surprise de découvrir un stand chinois présentant deux Hypercars. Encore à l’état de prototypes, ces derniers préfigurent non seulement les modèles définitifs mais aussi et surtout la volonté de la Chine de s’imposer comme une super puissance technologique.
D’ailleurs, quasi conjointement au salon de Genève, était officialisée la création d’une joint venture orchestrée par les marques Changan et Geely dans le but de créer une entité hybride afin de supplanter la concurrence, japonaise notamment.
Techrules Automobile R&D Co., Ltd est le nom, absolument pas sexy, de la société qui a conçu ces deux modèles. Techrules est une filiale récemment créée de la société Txr-S, spécialisée dans le domaine de l’Aérospatiale. Il y a fort à parier à ce propos que, connaissant le régime de Pékin, ces deux entités soient bénéficiaires des largesses financières de l’état dans le but d’asseoir et de prouver au reste du monde sa supériorité technologique par le biais de sa R&D.
Cette société dont la spécialité est le domaine de l’Aérospatiale pourrait, de prime abord, ne pas avoir de rapport direct avec le secteur de l’automobile. Et pourtant… C-X75. Ce nom de code ne vous dit peut-être rien mais il est pourtant à l’origine des deux modèles présentés. Présentée en 2000 à Paris, cette Jaguar avait la particularité d’être mue par 4 moteurs électriques mais aussi et surtout par une turbine. Récemment, elle est réapparue dans le dernier James Bond, Spectre (Vidéo : la Jaguar C-X75 de Spectre présentée par ses concepteurs…)
Les deux modèles de Techrules empruntent cette technologie. Le modèle AT96 étant « simplement » une Supercar électrique ou Hypercar mais pouvant utiliser, pour sa turbine, de l’essence, du diesel et du kérosène; le modèle GT96 (en photos à Genève ci-dessus et ci-dessous), plus simple, se contentant lui, d’être alimenté au gaz naturel.
La turbine, dont le régime peut monter jusqu’à 96 000 tr/min, utilise une technologie brevetée nommée TREV pour Technologie-Recharging Electric Vehicule; elle est en outre assistée de 6 moteurs électriques. Annoncée pour abattre le 0 à 100 km/h en 2,5 s, la GT96 se contenterait de 1 380 kilos pour une puissance de plus de 1 000 chevaux.
Testée d’ores et déjà sur le circuit de Silverstone, elle aurait une autonomie, avec un plein, de plus de 1 200 kilomètres. L’emploi du conditionnel est largement utilisé car, lorsqu’il s’agit de véhicules chinois, il convient de s’assurer que toutes les données sont réelles et que surtout, les tests de sécurité Euro NCAP soient validés. Ceci étant, la Chine a réussi à faire parler de ses projets concrets en s’offrant la plus belle vitrine médiatique possible.
Consciente que tous les Chinois ne pourront accéder à un niveau de vie équivalent à celui des pays développés, Pékin tente de s’affirmer sur le secteur de l’écologie. Par démagogie peut-être, par nécessité sûrement tant la situation devient critique sur place.
Avec ces deux modèles, la Chine veut se hisser au premier rang de l’innovation afin de ne plus être considérée que comme l’atelier du monde. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, pour preuve, ces « journalistes » vus en train de mesurer et de prendre en photo le moindre morceau de certains véhicules.
Texte : Charles Oulan
Photos : LesVoitures.com et Techrules