Lorsqu’un rêve traverse la tête d’un passionné d’automobiles et qui plus est d’anciennes, il ressort comme une sélection de fantasmes par défaut qu’un grand nombre ont tendance à avoir. Dans cette liste, nous retrouvons pour les plus fous, les participations au Grand Prix de Formule 1 de Monaco ou encore aux 24 Heures du Mans.
Et dans une catégorie nécessitant légèrement moins d’expertise derrière un volant, nous retrouvons les pures folies regroupant les plus grands esthètes automobiles avec des épreuves comme le Tour Auto en régularité !
Vous l’aurez compris, après l’avoir suivi tout au long de sa semaine de course, Thomas de Chessé a opté pour la grande boucle française. C’est 11 Spéciales sur routes fermées, 4 épreuves sur circuit : Bugatti au Mans, Val de Vienne, Albi et Pau-Arnos et les moyennes à tenir sur les routes de liaisons pour totaliser plus de 2 500 km au départ de Paris, passant par Saint-Malo, Nantes, Limoges, Toulouse et enfin Biarritz pour l’arrivée.
Une expérience ultime qu’il faut partager avec une personne qui sera apte à assumer le travail colossal de copilote. Qui de mieux qu’une jeune femme passionnée d’anciennes, déjà propriétaire de deux vieilles Mini pour relever le défi ?
Doriane Raffin est donc entrée dans l’aventure. Un somptueux duo débutant prêt à en découdre au volant de la plus petite voiture du plateau, on ne la présente plus tellement sa popularité est montée en flèche, la Fiat 600D ! En route pour une aventure hors du commun.
Si pendant sa carrière la 600 a écumé les routes pour une population modeste et a transporté son image de voiture populaire à travers les décennies, une identité presque légendaire lui vaut aujourd’hui l’honneur de courir aux côtés des plus grands mythes de l’histoire de l’automobile. Et dans ce contexte, elle est loin de passer inaperçue. Un choix de véhicule que Thomas a soigné afin de s’engager pour son premier Tour Auto avec celle dont la première participation remonte aux années 60.
Une fois le décor planté, les derniers préparatifs accomplis et les ultimes détails réglés, il était temps de sauter le pas et d’entrer dans le vif du sujet. Voiture en parc fermé, road-book récupéré et esprit de découverte affûté au possible, Doriane et Thomas pouvaient laisser monter la pression tranquillement la veille du grand départ. Tout était nouveau pour ce jeune équipage, il fallait être prêt à en prendre plein les yeux tout en restant concentré sur le défi de taille qui les attendait, un Tour de France en rallye de régularité. Et c’est malgré cet esprit de compétition omniprésent, que le duo de Chessé/Raffin a su comprendre le véritable charme du Tour Auto vécu de l’intérieur à bord d’une sublime voiture populaire.
Les spectateurs au bord des routes plus expressifs que jamais en voyant débouler la petite italienne sur les épreuves spéciales, le public venu en masse sur les plus beaux circuits français pour voir évoluer les autos de ce musée roulant, la magie était en route. Cependant, comme nous l’avons vu, la compétition était bien présente, et même si Doriane et Thomas étaient là pour découvrir le rallye de régularité, les premiers résultats ont été plus qu’encourageants. Un constat qui a permis d’installer un climat de confiance pas forcément évident à obtenir pour deux débutants qui se découvraient. Et cela a donc donné une nouvelle tournure à cette semaine de course avec de nouveaux objectifs, finir dans le top 30 sur les 117 participants au départ.
Une nouvelle philosophie de course qui a dû s’adapter au divers caprices de la météo qui par exemple en Bretagne n’a pas hésité à envoyer la grêle à nos participants, puis la neige, la pluie et pour finir un soleil radieux qui a enfin offert un spectacle magistral sur la côte atlantique. Mais les surprises ne se sont pas limitées au tours joués par dame nature, ou presque.
Quand le ciel restait clément ce sont les chevreuils qui se sont permis de circuler en toute sérénité sur l’asphalte du Tour Auto alors que la 600 arrivait à vive allure. Quelques frayeurs qui n’ont finalement rien engendré de grave sur l’auto.
Très vite l’équipage de la petite italienne s’est senti de plus en plus à l’aise sur les épreuves sur circuits et également dans le suivi d’un road-book toujours plus délicat à ce niveau de compétition. Une qualité enviée par d’autres équipages qui en sont même venus à soupçonner la présence d’un GPS sous la jolie chevelure de Doriane. Un soupçon plus que flatteur pour une première participation.
Il faut l’avouer, au départ la probabilité de performer sur cette épreuve, et le pourcentage de chance de finir ce tour auto sans encombres mécaniques étaient faibles, mais le trio presque devenu fusionnel formé entre Doriane, Thomas et la 600D a réalisé l’impensable.
Une 27ème place au classement général, une seule petite erreur de road-book et une unique panne, qui n’était autre qu’une panne d’essence (un bidon de 20 litres et ça repart). Il faut dire que sur de nombreux secteurs où d’autres ont joué la carte de la prudence Thomas n’a pas hésité à faire parler la poudre en allant parfois chercher les limites les plus éloignées de sa petite italienne. Un bilan purement et simplement positif et bien au-delà des attentes avec une auto sauvée de la casse quelques mois avant le départ et un équipage qui a subi un baptême du feu tout au long de ce rallye, jour après jour, chrono après chrono, kilomètre après kilomètre, de la Nef du Grand Palais à la Cité de l’Océan à Biarritz, Doriane, Thomas et la 600D l’ont fait !
Texte : Guillaume Pons
Photos et vidéo : LesVoitures.com