Après deux journées difficiles, la Moretti remonte la pente et termine sa première journée sans panne ni problème moteur. Cette étape sans encombre fait office d’exploit pour la petite italienne capricieuse qui réussit à prendre le départ des trois spéciales du jour.
Sur les plus de 300 kilomètres qui séparent Limoges de Toulouse, pas de circuit mais de sublimes routes vallonnées et des tracés de spéciale dignes des plus grandes épreuves de rallye WRC attendaient les 200 concurrents. Dès le petit matin, le fabuleux château de Pompadour accueillait les anciennes pour une première spéciale. Les bolides les plus puissants du monde ont pu rouler le long des célèbres haras de Pompadour. Les grands étalons ont côtoyé les petites cylindrées.
Pour cette journée encore, Nicolas Granovsky est resté copilote de la Moretti suite à une annulation de dernière minute. Quelle aubaine pour ce passionné qui a pu mettre tout son optimisme et sa motivation au service de la course ! Bien déterminé à rattraper leur désastreuse journée du mercredi, Nicolas et Thomas ont fait preuve d’une grande rigueur sur cette première épreuve.
Grâce à leurs efforts, la Fiat 850 Moretti de la Scuderia Classic termine à la 32ème place (sur 90 concurrents)! Un score encouragent qui redonne de l’énergie à l’équipage. À peine le temps de souffler, une seconde spéciale avait lieu seulement quelques kilomètres plus loin. Malheureusement, le transpondeur qui permet à l’organisation de tracer et enregistrer les temps des concurrents s’est décroché de la voiture et a été perdu sur la route du tour. Ainsi la Moretti a couru cette épreuve chronométrée telle une voiture fantôme. Aucun classement donc pour la Fiat 850 numéro 86 qui s’est empressée de retrouver une nouvelle balise solidement attachée pour continuer l’aventure.
Après une longue matinée, le château d’Aynac a été le décor d’un déjeuner fastueux. Cette pause bien méritée a permis aux pilotes de reprendre leur souffle avant d’affronter la dernière épreuve de l’après-midi.
Les concurrents ont ensuite sillonné les sublimes routes des gorges de l’Aveyron au sud du massif central. Ils ont contourné la ville de Najac avec son château grandiose qui surplombe la vallée et ont arpenté les ruelles étroites et charmantes de Villefranche-de-Rouergue. Ces paysages incroyables ont mi à rude épreuve la petite Fiat qui préfère les plaines de la Beauce aux routes vallonnées de l’Aveyron. Tel le roseau, la Moretti plie mais ne rompt pas, elle grogne mais ne lâche rien.
Après plus de 145 kilomètres de routes montagneuses, elle rallie la dernière spéciale sans aucune pénalité de retard. A cette dernière épreuve chronométrée de la journée, c’est la doyenne de l’épreuve qui l’emporte en compétition. En effet, grâce à l’indice de performance, la Pichon Parat Dolomites de 1955 triomphe à la spéciale EC numéro 8 « les Côtes du Tarn ». Cette voiture très vieille bénéficie d’un coefficient d’indice de performance extrêmement avantageux qui lui permet de passer devant les plus redoutables Ferrari 308 groupe B Michelotto qui pourtant roulent beaucoup plus vite.
Pour en revenir aux coureurs en régularité et à la Fiat 850., les équipages ont pris le départ de la spéciale avant de voir leur épreuve annulée à cause du retard accumulé dans la journée.
Sur les quelques kilomètres qui restaient pour rejoindre Toulouse, la Moretti a tenu à rappeler à son pilote qu’elle était une italienne capricieuse et imprévisible. Elle était décidée à montrer qu’une journée sans problème n’était en réalité pas possible. Ainsi, au beau milieu des vignes du Tarn, le moteur a sorti quelques fausses notes. Son pilote, avertit par le bruit, s’est rapidement arrêté pour changer de bobine d’allumage. Il a préféré par prudence changer le condensateur et c’est là que Nicolas le copilote et consultant chez TopGear France n’a pas hésité à mettre les mains dans le moteur brûlant pour remplacer la pièce à toute vitesse.
Après cette réparation éclaire, la Moretti a pu reprendre la route. Telle une princesse qui aime se faire désirer, la Fiat est arrivée de nuit et à la toute fin du cortège à Toulouse. Cette journée chargée laisse son pilote inquiet sur l’état de la voiture. Lors du dîner, Thomas de Chessé en a profité pour échanger avec des passionnés et des mécaniciens qui partagent leur avis sur l’état de la voiture.
Guillaume de Gaillard
Photos : Marie de Chessé et Laurent Picard